| FORBAN, subst. masc. A.− Vieilli. Marin qui exerçait la piraterie pour son propre compte et non pour celui d'un souverain ou d'un gouvernement. Les forbans sont traités comme voleurs (Ac.1798-1878).Synon. corsaire, écumeur de mer, pirate.J'ai traversé la Sicile et la Calabre, j'ai navigué deux mois dans l'archipel, et je n'ai jamais vu l'ombre d'un bandit ni d'un forban (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 383).Au moyen âge, on appelait surtout forban le corsaire qui ne déposait pas les armes à la fin des hostilités (Bouillet1859). B.− P. ext. Homme sans scrupule, qui ne respecte aucun droit. Synon. bandit, brigand, pirate, voleur.Et c'était vraiment, pour ce forban du pavé de Paris, brûlé et tanné dans tous les guet-apens financiers, une chance imméritée (Zola, Argent,1891, p. 174).L'habile forban qui a volé le panneau était un instrument de la justice inconnue qu'il convient de ne pas contrarier (Camus, Chute,1956, p. 1540): La plupart traînaient après eux des ballots énormes où l'on apercevait des postes de TSF, des appareils photographiques, des bronzes, de l'argenterie, tout ce qu'ils avaient pu voler dans l'affolement et l'impunité (...) Nous n'étions pas fiers de penser que ce ramassis de forbans fût composé de nos compatriotes.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 375. ♦ [Employé comme injure] − Un vrai cosaque, un forban, un papavoine, un goujat! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 43). − En partic. 1. Forban de presse. Journaliste sans scrupule qui se vend au plus offrant. Il y aura toujours des forbans de presse, pour mettre le papier imprimé à la disposition de l'ennemi, de l'étranger, de la finance, de ministres véreux (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 144).S'il a l'étoffe d'un forban de presse, il créera une feuille à lui; peu importent le format, la périodicité, le tirage : la mise de fonds la plus infime suffit (Civilis. écr.,1939, p. 42-05). 2. Forban littéraire. Homme de lettres sans scrupule, en partic. plagiaire. J'ai dans ce voyage surtout vécu de la vie de poète, de rêveur, bu du soleil et recouvré quelque jeunesse qui ne m'est pas encore passée. C'est elle qui m'a fait donner ce coup d'épée en revenant à Paris contre nos forbans littéraires (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 3, 1839, p. 139). Rem. Certains dict. enregistrent un emploi anc. de forban en dr. féod. Synon. de bannissement. Droit de forban (DG, Lar. Lang. fr.). REM. 1. Forbannir, verbe trans.dr. féod. Synon. de bannir.P. ext. éloigner quelqu'un. Si le général avait eu le malheur de se montrer généreux sans discussion, comme il arrive quelquefois à certaines âmes candides, il eût été forbanni pour toujours (Balzac, Langeais,1834, p. 262). 2. Forbannerie, subst. fém.Acte de forban. Aristobule régna ainsi quelque temps (...) faisant sur terre et sur mer des expéditions que l'on qualifiait de forbanneries, et qui peut-être y ressemblaient beaucoup (Renan, Hist. peuple Isr.,t. 5, 1892, p. 145). Prononc. : [fɔ
ʀbɑ
̃]. Étymol. et Hist. 1. 1247 « bannissement » (Cout. d'Anjou et du Maine, I, 82 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 706); 2. ca 1273 forsban « corsaire, pirate » (Etablissements de Saint Louis, éd. P. Viollet, t. 2, p. 388), attest. isolée; de nouv. 1505 fourban (Relation authentique du voyage du capitaine de Gonneville, éd. M. d'Avezac, p. 108); 3. 1831 forban « individu sans scrupules capable de tous les méfaits » (Sue, Atar Gull, p. 10). Déverbal d'un anc. forbannir « bannir » (ca 1260 ds Gdf.), prob. de l'a. b. frq. *firbannjan « bannir » (cf. m. néerl. verbannen, Verdam; all. verbannen) qui a subi une altération du préf. germ. fir- (all. ver-) par la prép. fors* (du lat. foris); cf. FEW t. 15, 1, 65b et 66a. Le terme est également attesté en b. lat., où l'on a forbannire « bannir, interdire; requérir le témoignage de quelqu'un » dep. le vies. (Nierm.). Fréq. abs. littér. : 64. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 107, 413. |