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FOR, subst. masc.
Tribunal; p. ext. compétence juridictionnelle (cf. Cap. 1936).
A.− DR. CANON.
1. For extérieur ou for ecclésiastique. Juridiction temporelle de l'Église. Les causes qui dépendent du for ecclésiastique (Lamennais, Religion,1826, p. 142).
2. For intérieur. Pouvoir, autorité que l'Église exerce sur les choses spirituelles.
Rem. On emploie aussi for externe et for interne. L'abbé Sancerre vit retiré chez un curé de campagne dont il est devenu l'ami à Chaux et qui estime qu'en somme « cette affaire n'est que du for interne, non du for externe, puisqu'il n'y a pas de témoignage » (Billy, Introïbo, 1939, p. 223).
B.− Au fig. For intérieur (ou for de la conscience). Tribunal intime; jugement de la conscience. La société, représentée par ses tribunaux, et l'individu, au for de sa conscience, ont imaginé des distinctions et des nuances (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 167).Pitt lui-même était résolu, tout au moins en son for intérieur, à y restaurer la monarchie (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 307):
Nous acceptons de croire que telle grille − comme la psychanalyse − posée sur cette immense masse mouvante qu'on nomme notre « for intérieur », où l'on peut trouver tout ce qu'on veut, la recouvre tout entière et rend compte de tous ses mouvements; et avec quelle satisfaction, quel sentiment de délivrance nous nous sommes laissés convaincre, et sommes restés, pour la plupart d'entre nous, convaincus, que ce « for intérieur », tout récemment encore si fertile en découvertes, n'existait pas, n'était rien : du vide, du vent. Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 137.
Prononc. et Orth. : [fɔ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. fors. fort et formes de forer. Étymol. et Hist. A. 1. 1611 for « cour de justice » (Cotgr.); 2. 1635 for de consciance, for interieur, for exterieur (Monet). B. 1640 (P. de Marca, Histoire de Bearn, Paris, p. aiiij : en teste de la Compilation des Fors ou Coustumes escrites à la main). A empr. au lat. class. forum « place publique, marché » (v. forum) d'où « tribunal, centre d'assises, juridiction » et au fig. « jugement de la conscience » en lat. chrét. (cordis forum), de là « for intérieur ». B empr. à l'a. gascon for « loi, coutume, privilège » (1235, Ste Croix de Bordeaux, ds A. Luchaire, Rec. de textes de l'a. dial. gascon, p. 120; 1290 Oloron, ibid., p. 54), de même orig.; cf. aux xie-xiies. le lat. médiév. forum « privilège » dans le domaine hispanique ds Du Cange, s.v. forus 2; v. aussi fur. Fréq. abs. littér. : 315. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 219, b) 317; xxes. : a) 183, b) 872.