| FOLLET, ETTE, adj. et subst. A.− Vieilli 1. [Qualifiant un subst. désignant (le comportement, un trait psychol.) d'une pers.] Qui est fantasque, étourdi, d'une gaieté un peu folle. Esprit follet. Elle s'enfuit, enfantine et follette comme un caprice (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 142).Ce fut bien pis quand l'évêque de Lavaur, Abra Raconis, s'en mêla, personnage un peu follet, mystifié autrefois et mitré par Richelieu (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 185). − Emploi subst. Une follette apparaît, mutine, avec un type d'Holbein, une vraie vierge folle, jouant avec des fruits sur une assiette, grignotant et riant comme on rit en rêve (Goncourt, Journal,1860, p. 798).Madame de Loudan : Taisez-vous! Vous êtes un vilain! Je ne veux pas frapper mon Dieu! ce serait un sacrilège; mais je vous boude. La duchesse, à part : Petite follette! (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie,1869, I, 14, p. 59). − P. anal. Avec ce cheval follet, dès qu'il sent une femme près de lui il fait l'andouille (Giono, Regain,1930, p. 174).Le foin tourbillonnait, voltigeait aux cris de la vieille. Il couvrait de nouveau toute l'aire lorsque ce vent follet retomba (Pourrat, Gaspard,1931, p. 123). 2. Spéc. Esprit follet, ou p. ell. follet. Lutin familier et malicieux. Pauvres jeunes gens qu'un follet emmène, comme Faust au Broken, à travers champs (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 599).Enfin, tout un moyen âge a vu, dans l'ombre, (...) des elfes, des follets, des gnomes, des fantômes (France, Vie littér.,t. 1890, p. 259). B.− 1. Cheveu follet (ou un terme appartenant au même paradigme). Qui à quelque chose de capricieux, d'irrégulier dans sa position ou son allure. Un léger duvet, follet et presque blanc, s'apercevait quand elle était dans le jour, au-dessus de sa lèvre (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 120): 1. Le rasoir au fourreau, mon père s'aspergeait d'eau froide, pour « tonifier l'épiderme », puis il passait des crayons, des cristaux d'alun, des pâtes adoucissantes, s'armait d'une pince, faisait la chasse aux poils follets, aux points noirs, aux menus boutons, aux peaux mortes, aux dartres errantes.
Duhamel, Terre promise,1934, p. 115. 2. Feu follet. Petite flamme fugitive produite par la combustion spontanée de certains gaz qui se dégagent de la décomposition de matières organiques. C'est un entraînement fatal où l'inconnu vous attire comme le feu follet fuyant sur les joncs d'une eau morte (Nerval, Filles feu,1854, p. 597): 2. Je retournai sur mes pas et j'abandonnais le soupirail, lorsqu'au fond du cachot, à travers le large trou de la serrure, je crus apercevoir, j'aperçus en effet, un faible rayon de lumière, quelque chose de phosphorique, un feu follet le soir aux yeux du voyageur égaré, le faible éclair d'un ver luisant caché sous une feuille de rose.
Janin, Âne mort,1829, p. 164. ♦ Rare, p. ell. de feu. Les petites flammes des cierges mettent, dans l'étranglement noir des maisons, des follets dansants (Zola, Nouv. Contes Ninon,1874, p. 142). − [Feu follet peut désigner un esprit malfaisant] Lavoisy. (...) irez-vous croire que ceux qui sortent morts de la Seine y descendent volontairement vivants?... Pierre-fonds. À moins qu'ils n'y soient menés par des démons et des feux follets (Dumas père, Tour Nesle,1832, II, 2, p. 29).On y entend ce refrain strident et sautant qu'on dirait éclairé d'une lueur phosphorescente et qui semble jeté dans la forêt par un feu follet jouant du fifre (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 205). − P. métaph., emploi qualificatif a) Personne très vive, insaisissable. Feu follet du presbytère, cette enfant allait chez son grand-oncle le curé comme chez elle, elle y faisait la pluie et le beau temps (Balzac, Paysans,1844, p. 248).L'enfant feu follet [Gavroche] (Hugo, Misér.,t. 2, 1862p. 461). ♦ Emploi qualificatif antéposé. Hélas n'étais-je pas un feu follet de femme destiné à s'éteindre après avoir brillé? (Balzac, Mém. jeunes mar.,1842, p. 383). b) Chose fugitive. Chez elle la passion est un feu follet qui s'éteint subitement après avoir allumé un incendie (Mérimée, Ét. litt. russe,t. 2, 1870, pp. 252-253). Prononc. et Orth. : [fɔlε], fém. [-εt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1165 subst. « lutin » (B. de Ste-Maure, Troie, 6751 ds T.-L.); ca 1175 adj. « un peu fou » (Id., Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 11355); 1690 feu follet (Fur.). Dimin. de fol, fou1*; suff. -et*. Fréq. abs. littér. : 178. Bbg. Lew. 1960, p. 298, 314, 331. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 265-266. |