| FIGURÉ, ÉE, adj. A.− [Correspond à figure I] 1. [Correspond à figure I A] Qui présente naturellement une certaine figure. Les corps qui tombent sous nos sens nous donnent l'idée d'une portion d'étendue continue, figurée et limitée (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 180).Les animaux paraissent exiger une nourriture sous forme de particules figurées, vivantes ou mortes (Pérès, Vie océan,1966, p. 35): 1. Les opinions [au sujet de l'âme] s'opposaient les unes aux autres.
origène. − L'âme est matérielle et figurée.
saint-augustin. − L'âme est incorporelle et immortelle.
hegel. − L'âme est un phénomène contingent.
schopenhauer. − L'âme est une manifestation temporaire de la volonté.
France, Jard. Épicure,1895, p. 230. − Spécialement a) ANAT. Qui a une forme délimitée. Anton. amorphe.L'évidente parenté des virus avec les éléments figurés cellulaires (Morand, Confins vie,1955, p. 109). b) BIOCHIM. Ferment* figuré. c) PHYS., vx. L'hypothèse des atomes figurés et étendus (Cournot, Fond. connaiss.,1851p. 226). d) MENUIS. Cf. figure I A 2 a β.Les panneaux d'ébénisterie sont recouverts de placages de bois précieux, acajous, palissandres, bois rubannés ou figurés, etc. (Campredon, Bois,1948, p. 75). 2. [Correspond à figure I B] .
a) MUS. Cf. figure I B 2. ♦ Musique figurée. ,,Celle dont les différentes phrases sont assez nettes et assez reconnaissables à l'oreille, pour qu'on les ait assimilées à des figures`` (Rougnon, 1935, p. 80). Synon. usuel musique polyphonique.C'est en effet à cette époque [à la fin du XIesiècle], qu'à côté du plain-chant, la musique figurée se fait une place (F. Clément, Hist. gén. mus. relig.,1860, p. 59). ♦ Harmonie figurée. Lorsque les notes d'un accord se produisent les unes après les autres en accords brisés ou arpégés, l'harmonie devient figurée (Rougnon, 1935, p. 139).Des instruments de quatre ou cinq cordes (...) sont ainsi soumis à un pincement ou à une percussion qui, loin de créer une ligne mélodique, produit une harmonie figurée, d'effet presque hypnotique (Schaeffner, Orig. instrum. mus.,1936, p. 340). b) RHÉT. Cf. figure I B 3 spéc. b. − [En parlant du lang., du style] Qui se caractérise par un recours systématique aux figures de rhétorique, particulièrement celles qui sont fondées sur un changement de sens (spécialement la métaphore). Le style du Misanthrope a vieilli parce qu'il était trop figuré. Ce sont tous les endroits figurés qui sont vieillis (Stendhal, Journal,t. 1, 1804, p. 151).La signification pratique de ce langage figuré (Proust, Fugit.,1922, p. 654): 2. En effet, qu'appelle-t-on le langage figuré? Ce n'est pas uniquement, comme les rhéteurs ont pu le croire, un moyen de frapper la sensibilité, d'émouvoir les passions par des images; car, s'il en était ainsi, quand on s'adresse à la froide raison, quand on parle à l'entendement de choses purement intelligibles, toutes figures devraient disparaître.
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 322. − [En parlant d'un emploi, d'un terme] Qui réalise, en discours, une figure de rhétorique impliquant un changement de sens, le plus souvent une métaphore. Acception, terme figuré(e). Ah! ça se dérobe dans le lointain, l'expression figurée de celui-ci, le mot argotique de celui-là (Goncourt, Journal,1895, p. 777). ♦ Sens figuré. Signification seconde prise sous l'effet d'une figure de signification (particulièrement la métaphore). Anton. sens propre.Je lui pardonnais difficilement aussi qu'il employât certains termes de son métier, et qui eussent, à cause de cela, été parfaitement convenables au propre, seulement dans le sens figuré, ce qui leur donnait une intention spirituelle assez bébête (Proust, Sodome,1922, p. 791). ♦ Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Sens figuré. À séparer le propre et le figuré, la vérité et l'apparence (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 179).(Au propre et/ou) au figuré. S'exprimer au figuré, prendre qqc. au figuré. Le premier fossé sauté (je dis fossé au figuré) n'a rien d'intéressant (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Verrou, 1882, p. 815).Eh! ma chère, un amant se vide promptement au propre et au figuré (Péladan, Vice supr.,1884, p. 72).Ils [des malades] se font petits, au propre et au figuré, dans les lieux publics et dans leurs actes sociaux (Mounier, Traité caract.,1946, p. 305). B.− [Correspond à figurer I et à figure II] 1. Qui implique la représentation d'un élément par des moyens plastiques. a) [Représentation au naturel, ou fidèle quant aux traits fondamentaux] − Qui constitue une représentation au naturel. Manifestation, représentation figurée. Le poisson est une des formes figurées du Christ (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 75).S'il y a un thème pathétique dont on puisse suivre l'élaboration et l'évolution de façon excellente à travers les documents figurés de la fin du moyen âge, c'est bien ce thème de la souffrance de Marie (Febvre, Combats pour hist.,1941, p. 233): 3. Nous voici parvenus à un point critique de l'histoire où il nous devient impossible de penser en profondeur − et de créer, j'imagine − si nous nous isolons dans l'aventure de notre race et refusons de demander aux expressions verbales ou figurées que les autres races ont données d'elles, une confirmation de nos propres pressentiments.
Faure, Espr. formes,1927, p. 12. ♦ Copie figurée. Copie qui reproduit fidèlement un original. Ce procédé de copie des actes entraîne même plus volontiers la confiance, sur le plan psychologique, qu'une copie manuscrite ou dactylographiée, et il est même seul à permettre l'obtention de véritables copies figurées (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 792). − Qui comporte des représentations au naturel. Trône épiscopal, d'une assez belle boiserie en style Louis XIV avec baldaquin figuré (Hugo, Rhin,1842, p. 19).Les couffins du fellah égyptien, les jarres du pays castillan restent fidèles à des types depuis longtemps fixés et désormais invariables que représentent les monuments figurés (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 203).Vieilli. [En parlant d'un tissu ou d'un vêtement] Une belle robe d'or figurée à la façon des turcs (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 478). ♦ Qui comporte la reproduction de figures servant à illustrer un texte. La proscription des images était surtout fâcheuse dans les classes d'histoire (...). L'histoire figurée exerce sur l'imagination un charme puissant (France, Vie littér.,1890, p. 282). − Mythologie figurée. Science qui étudie les représentations figurées des mythes. Un plus savant que moi en mythologie figurée aurait pu objecter à ma chère maman que Psyché ne portait pas ses ailes des deux côtés de la tête, à la place d'oreilles (France, Pt Pierre,1918, p. 257). b) [Représentation souvent schématique, à valeur conventionnelle] Plan figuré, prononciation figurée. Cette deuxième note ne doit pas avoir toute sa valeur figurée; mais celle d'une croche pointée seulement (Mathis Lussy, Rythme mus.,1911, p. 57). ♦ Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Représentation de quelque chose par des moyens graphiques conventionnels. Une partie des accidents orographiques et stratigraphiques dont la direction, très-oblique à celle de la chaîne des Alpes, est indiquée sur la carte géologique de la France par le figuré orographique et par les contours des différents terrains (Élie de Beaumont, Stratigraphie,1869, p. 319).En C, le figuré perspectif de ces supports (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 71). 2. Qui est représenté par un élément matériel à valeur conventionnelle. − ART MILIT. Ennemi figuré. Adversaire représenté, dans des manœuvres, par des éléments réduits qui correspondent conventionnellement à des unités (d'apr. Rob., Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Quillet 1965). Étymol. et Hist. V. figurer. Fréq. abs. littér. : 567. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 151, b) 650; xxes. : a) 551, b) 748. DÉR. Figurément, adv.D'une manière figurée, qui implique le recours à une figure de rhétorique, généralement une figure de signification (particulièrement la métaphore). Mot pris figurément, se dire figurément. Pour employer figurément le langage des astronomes (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 547).Il suit donc, à parler figurément, qu'à chacun de ces obstacles correspond une section spéciale et déterminée pratiquée sur chacun de ces rayons que nous dardons par tous nos sens (Claudel, Art poét.,1907, p. 172).− [figyʀemɑ
̃]. − 1reattest. 1erquart xives. (J. Le Court, Restor du paon, éd. R. J. Carey, 2063); de figuré (v. figurer étymol. A 2), suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 3. |