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FICELLE, subst. fém.
A.− Corde mince faite de fils de fibre(s) végétale(s) ou synthétique(s) apprêtés et retordus dont on se sert pour lier, pour attacher. Un bout de ficelle; un morceau, une pelote de ficelle. Cette bizarre toile cirée tenant à lui par des bouts de ficelle (Montherl., Songe,1922, p. 105).Son falzar, il ne tenait plus qu'avec des ficelles et des épingles de nourrice (Céline, Mort à crédit,1936, p. 163):
1. Il ouvrit un placard, puis un second, puis un troisième. Ils étaient tous trois remplis de linge neuf : draps, taies d'oreillers, peignoirs en tissu éponge, torchons, tabliers d'office; les douzaines étaient encore nouées par les ficelles rouges du fournisseur. Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 786.
Expr. Déménager à la ficelle. Déménager (...) clandestinement, en descendant les effets par la fenêtre à l'aide d'une corde (d'apr. Larchey, Excentr. lang., 1862, p. 147). Tenir la ficelle. On faisait queue aux portes des marchands (...). Faire queue, cela s'appelait « tenir la ficelle », à cause d'une longue corde que prenaient dans leur main (...) ceux qui étaient à la file (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 119).
ART CULIN. Bœuf à la ficelle. Morceaux de bœuf que l'on lie avec une ficelle dont le bout, terminé par un anneau, est accroché à un morceau de bois tenu transversalement sur la marmite de bouillon dans lequel cuit cette viande. (d'apr. La Reynière, Cent merveilles de la cuis. fr., 1971, [p. 269]).
B.− Au fig. [P. allus. aux ficelles des marionnettes et à celui qui les tient]
1. Artifice dans un art ou un métier; procédé de comédien pour obtenir un effet; pratique astucieuse mais trop connue, trop usée. Ma comparaison du reste, est une ficelle, elle me sert de transition et par là rentre donc dans le plan (Flaub., Corresp.,1853, p. 233):
2. ... et comme les ficelles du théâtre sont attaquées par tout le monde dans la conversation, il s'écrie avec un emportement grotesque qu'il n'y a pas de dénouement plus heureux qu'un acteur serré dans un collant, sautant dans une barque... Goncourt, Journal,1853, p. 119.
Tirer les ficelles. Manœuvrer autrui en restant soi-même dans la coulisse. Il saluait, souriait, se fâchait, disait noir, disait blanc, selon la ficelle qu'elle avait tirée (Zola, Rougon,1876, p. 318).
2. Plus gén. Ruse, habileté. En fait de ruses et de ficelles, nous en savons beaucoup plus qu'on n'en a peut-être jamais su (Flaub., Corresp.,1850, p. 202):
3. Ce sont les petits motifs et les petits cerveaux qui décident de tout et qui conduisent tout. Tout devient question d'amour-propre, d'opportunités, d'adresse. Ficelle, truc, manigance, tour de main, on ne sort pas de là. Amiel, Journal,1866, p. 276.
Emploi adj. Habile, retors. Je n'étais point « ficelle », fin, méfiant, sachant me tirer avec un excès d'adresse et de méfiance d'un marché de douze sous, comme la plupart de mes camarades (Stendhal, Brulard,t. 2, 1836, p. 403):
4. D'ailleurs, dans la maison, il y avait un pullulement extraordinaire de mioches (...). Et, dans ce grouillement de vermines aux museaux roses, débarbouillés chaque fois qu'il pleuvait, on en voyait de grands, l'air ficelle, de gros ventrus déjà comme des hommes, de petits, petits, échappés du berceau, mal d'aplomb encore, tout bêtes, marchant à quatre pattes quand ils voulaient courir. Zola, Assommoir,1877, p. 519.
C.− Spéc. [P. réf. à la minceur ou à la raideur de la ficelle]
1. Pain de fantaisie très mince. Il est, cependant, bon de noter que l'emploi des plaques peut assurer une bonne cuisson des petits pains et des ficelles (R. Clavel, Le Pain et la panification,Paris, P.U.F., 1964, p. 84).
2. Galon d'officier. [M. Rezeau à Jean] Fred va sortir de la marine sans la moindre ficelle, sans la moindre situation (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 195):
5. Le Philosophe − ... Cependant, je lutte de mon mieux pour conserver l'esprit libre, et les hommes habillés de couleurs vives, portant sur les bras des ficelles d'or qui leur tiennent lieu de force dialectique, m'inspirent une grande inquiétude. Maurois, Dialog. commandement,1924, p. 53.
3. Cravate. Il [M. de Goyénèche] ne se fût jamais produit sans une jaquette et sans une de ces étroites cravates noires dites « ficelles ». Lui-même aidait à dresser le couvert (Jammes, Mém.,1921, p. 89).
Prononc. et Orth. : [fisεl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1524 fisselle (Arch. Municipales de Bayonne, Registres gascons, 2, 413 ds R. Ling. rom. t. 20, p. 81); 2. 1808 « homme rusé; escroc » (Hautel); 3. 1833 « artifice dans un art, dans un métier » (Gautier, Jeunes-Fr., p. 89). Très prob. d'un lat. *filicella, dér. de filum (fil*); on ne peut guère tirer objection du fait que la ficelle est plus épaisse que le fil et réfuter ainsi une formation diminutive (v. pour les valeurs du suff. Nyrop t. 3, pp. 196-197 et Meyer-Lübke t. 2, p. 155). À un étymon *funicella (FEW t. 3, p. 878b) s'opposent des raisons phonét. et le fait que dès le xiies. on trouve aficelés (R. d'Alexandre, éd. ds Elliott Monographs, III, 5033); on pourrait expliquer les formes avec nasale, localisées dans le Nord-Est dès l'époque ancienne afincelés (xiiies. [version picardisante du R. d'Alex.] ds Gdf.), deffinceler (Froissart, Joli Buisson, éd. A. Fourrier, 3524), afinceler (1507, Amiens ds Gdf.), comme issues de *filicella par dissimilation du type de celle de quenouille* (cf. Romania t. 48, pp. 178-179). Fréq. abs. littér. : 720. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 289, b) 1 397; xxes. : a) 1 547, b) 1 131. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 154. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 71, 143, 245.