| * Dans l'article "FEUILLETON,, subst. masc." FEUILLETON, subst. masc. A.− IMPR. [Dans le format in-douze] Petit cahier de huit pages composé du tiers de la feuille imprimée. On donne (...) le nom de gros cahier à la partie la plus considérable de la feuille pour les in-12 (...). La plus petite partie s'appelle petit cahier ou feuilleton (Maire, Manuel biblioth.,1896, p. 298): 1. On fait couramment deux espèces d'in-12 : dans l'in-12 dit à la française, le tiers inférieur de la feuille, coupé après l'impression et plié, forme un carton ou feuilleton qu'on encarte au milieu du cahier principal; dans l'in-12 dit à la hollandaise le feuilleton se place après le cahier.
R. Laufer, Introd. à la textologie,Paris, Larousse, 1972, p. 111. Rem. Certains dict. mentionnent un emploi de feuilleton dans le domaine de la papeterie et du cartonnage au sens de « carte lisse composée d'une mince feuille de carton ordinaire recouverte sur chaque face d'une feuille de papier ». On fait du feuilleton blanc ou en couleur (Cham. 1969). B.− P. anal. 1. [Dans un journal] Espace typographique réservé pour une rubrique régulière au bas d'une page, sur toute la largeur. J'ai de prêt les Paysans, qui serviront près d'un mois le feuilleton de la Presse (Balzac, Corresp.,1840, p. 121).François le Champi a paru pour la première fois dans le feuilleton du Journal des Débats (Sand, F. le Champi,1850, p. I). − P. méton. Article, généralement de critique, de littérature, de philosophie ou de sciences, paraissant régulièrement dans un journal, autrefois en bas de page. Feuilleton dramatique; le feuilleton des théâtres. Ils virent au bas d'un journal, un feuilleton intitulé : « De l'enseignement de la géologie ». Cet article (...) exposait la question comme elle était comprise à l'époque (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 93).Les théâtres fermés, le critique sans proie avait pris pour sujet de son feuilleton du jour la tragédienne Rachel (Valéry, Variété V,1944, p. 122): 2. C'est seulement quelques mois après la parution, que Paul Souday, l'arbitre officiel des lettres, (...) s'est occupé de moi. Son article était d'ailleurs tout farci de reproches : il me chicanait longuement sur mes imparfaits du subjonctif... Cependant, il me consacrait cinq colonnes de son feuilleton hebdomadaire.
Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. LIX. 2. Dans le domaine de la production littér. a) Passage, fragment d'un roman paraissant régulièrement dans un journal. Publication [d'un roman] en feuilleton. Les Travailleurs de la mer ne peuvent être morcelés en feuilletons (Hugo, Corresp.,1866, p. 531).Le sourire rétrospectivement captivé d'un abonné qui a lu le dernier roman d'une revue, par tranches, en feuilleton (Proust, J. filles en fleurs,1920, p. 454).V. aussi cape ex. 11 : 3. ... on est journaliste; on l'est, fût-on romancier, car c'est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l'on s'en aperçoit; ils se ressentent des coupures, des attentes et des suspensions d'intérêt du feuilleton; ils en portent la marque et le pli.
Sainte-Beuve, Prem. lundis,t. 3, 1869, p. 68. b) P. ext. Genre littéraire; tout récit d'aventures à rebondissements imprévus, récit sentimental, conventionnel et mièvre, de caractère populaire et souvent sans grande valeur. Lire un feuilleton; un héros de feuilleton. Melle Le Mire (...) surveillait son commerce (...) du fond de cette pièce où elle passait sa vie à lire des feuilletons (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 39).V. aussi cape ex. 2 : 4. ... une aventure larmoyante comme on en voit au ciné ou dans les feuilletons lorsque des gars dépérissent pour l'amour d'une inaccessible, qu'à la fin on veut faire croire qu'ils épousent.
Queneau, Pierrot,1942, p. 103. − En appos. et en compos. Roman-feuilleton. Le drame et le roman-feuilleton saisissent le public et lui enseignent les rudiments plus ou moins authentiques de l'argot des voleurs et des forçats (Valéry, Variété IV,1938, p. 169): 5. ... les livres prohibés m'effrayaient moins qu'autrefois; souvent je laissais traîner mon regard sur les morceaux de journaux suspendus dans les W.-C. C'est ainsi que je lus un fragment de roman-feuilleton où le héros posait sur les seins blancs de l'héroïne des lèvres ardentes.
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 102. Rem. La docum. atteste la forme feuilleton-roman. Il était défendu aux journaux d'insérer ce que l'assemblée s'est plu à appeler le feuilleton-roman (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 506). − P. anal., dans le domaine de la radio-télév.Histoire, émission dramatique, généralement de caractère populaire, fragmentée en de nombreux épisodes. La télévision française, qui s'était longtemps contentée de présenter des feuilletons américains doublés (...) réalisa son premier feuilleton en 1957 (Bailly-Roche1967). − [P. réf. au caractère mièvre, conventionnel ou imprévu du feuilleton, supra C 2] Tout ça, c'est classique, (...) tout ça, c'est du feuilleton, du fait divers ou quelque chose d'aussi bête (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 34).Je m'efforce seulement d'y voir clair... et de ne pas tomber dans le roman feuilleton (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 77): 6. L'entrefilet de France-Soir rapportait que le docteur Baumal, suspect d'avoir travaillé avec la Gestapo et qui venait de bénéficier d'un non-lieu, avait été trouvé à l'aube assassiné dans sa maison d'Attichy (...). Ça sentait le roman-feuilleton, cette histoire...
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 149. REM. 1. Feuilletonesque, adj.Qui a rapport au roman-feuilleton. Sa crainte un brin feuilletonesque de tout à l'heure (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 305). 2. Feuilleton(n)iser,(Feuilletoniser, Feuilletonniser) verbe.a) Emploi trans. Découper en séquences comme un feuilleton (avec l'idée de rebondissement dramatique imprévu, la séquence d'un feuilleton s'achevant généralement sur un moment de suspens). Il [le rideau] en rompt la durée [du drame], en fragmente le temps (...). L'emprise cesse, et généralement aux moments où elle est la plus forte. Toutes proportions gardées, le rideau feuilletonnise le drame (Serrière, T.N.P.,1959, p. 92).b) Emploi intrans. Faire le feuilleton (cf. supra B p. méton.) dans un journal (attesté par Littré, Guérin 1892, Lar. 20e). Prononc. et Orth. : [fœjtɔ
̃]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1790 « petit cahier de feuillets du format in-12 » (Encyclop. méthod. Manufactures, arts et métiers, Paris, 1784-1828, t. 3, p. 225); 2. 1811 « article de journal occupant la partie inférieure d'une page » (Jouy, Hermite, t. 1, p. 63). Dimin. de feuillet*; suff. -on*. Fréq. abs. littér. : 576. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 961, b) 1 825; xxes. : a) 713, b) 221. Bbg. Inform. (L.). par P. Albert ... Paris, 1977, p. 42. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 103, 106. − Mattauch (H.). Ein früher Beleg für nfrz. feuilleton. Arch. St. n. Sp. 1963, t. 200, pp. 59-60. − Quem. DDL t. 3, 14 (s.v. feuilleton(n)esque). |