| * Dans l'article "FESTONNER,, verbe." FESTONNER, verbe. A.− Emploi trans. 1. [Le suj. désigne l'agent] a) [Avec un compl. introduit par de indiquant ce qui décore] Décorer un ouvrage par quelque chose en forme de feston(s). [L'architecture] (...) festonne ses églises de pinacles, de trèfles, de meneaux entrelacés et contournés (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 5).La main lente et appliquée de laboureur festonnait d'une grosse encre, au travers des pages, le sillon quotidien (Gracq, Syrtes,1951, p. 46). b) [Sans compl. introduit par de] − Spéc., COUT. Dessiner, découper ou broder (quelque chose) en forme de feston(s). Festonner une collerette, festonner les bords d'une draperie (Ac.) : 1. Les couturières veillaient jusqu'à minuit pour échancrer des corsages, bouillonner des tulles et festonner des volants.
Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 73. ♦ Emploi abs. Elles [les deux sœurs] étaient aussi habiles à faire des reprises qu'à festonner (Balzac, Mais. chat,1830, p. 17). 2. [Le suj. désigne le moyen] Décorer (quelque chose) comme le ferait un feston. Un lierre festonnait la façade. À certains endroits au bord des groupements, la suite ininterrompue des petits points clairs festonne l'obscurité comme une banderole illuminée de rue en fête (Barbusse, Feu,1916, p. 104).Le char était sorti (...) aucune mécanique ne le faisait avancer; on distinguait difficilement, sous le haut bandeau de velours qui festonnait cet échafaud mobile, des pieds espadrillés qui progressaient à très petits pas glissés (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 11): 2. Le conte nervalien quitte les noires profondeurs (...) pour dériver (...) vers le petit lac entouré de glaïeuls et d'iris, vers les chaumières dont la vigne et les roses grimpantes festonnent les murs.
Durry, Nerval,1956, p. 132. − [Avec un compl. en de indiquant l'aspect que prend le référent du suj.] Et devant chaque maison, (...) les domestiques ou même les maîtres, assis et regardant, festonnaient le seuil d'un liséré capricieux et sombre comme celui des algues et des coquilles dont une forte marée laisse le crêpe et la broderie au rivage, après qu'elle s'est éloignée (Proust, Swann,1913, p. 90). B.− Emploi intrans. 1. [Le suj. désigne une chose] Former un feston, être disposé en feston. Des dentelures festonnent autour de la statue. Des deux côtés de la route, des vignes courant d'arbre en arbre (...) se développaient en guirlandes à travers les champs, (...) festonnant d'un tronc à l'autre et tachées de grappes de raisin noir (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Colp., 1893, p. 1166).Sa grande robe de chambre de velours ouatiné festonnait sur le sol autour de sa chaise (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 38): 3. Et il n'y eut plus, devant la maison endormie, que des souffles tièdes qui faisaient tournoyer des brins de paille et qui agitaient le feuillage de la treille festonnant au-dessus de la porte.
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 104. ♦ P. métaph. À force d'avoir voulu croire, tu as fini par enfanter et par t'implanter, en la déguisant sous le nom de grâce, une idée fixe autour de laquelle maintenant tout festonne (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 178). − Emploi pronom. passif. Prendre la forme de festons. Des embryons qui ont d'abord une forme lenticulaire, mais dont les bords ne tardent pas à se festonner (E. Perrier, Zool.,t. 1, 1893, p. 617). 2. [Le suj. désigne une pers.] Fam., vieilli. Avoir une démarche titubante. À un nouveau faux pas du Maître d'école [aveugle] il s'écria : Ouvre donc l'œil (...) Tu vas de travers, tu festonnes (Sue, Myst. Paris,t. 3, 1842, p. 35).Nous eûmes la chance, en chemin, de ne faire d'autre fâcheuse rencontre que d'une soûlarde, qui festonnait et manqua de heurter notre bric-à-brac (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 207). REM. Festonnage, subst. masc.Décoration en forme de feston(s). Spéc., cout. Broderie ou découpure en forme de feston(s). Elle [Manette] monta sur la table à modèle avec sa chemise remontée contre sa poitrine, et dont elle tenait entre ses dents le festonnage d'un haut, dans le mouvement ramassé, pudique, d'une femme honnête qui change de linge (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 181).P. anal., rare. Tracé formé d'une suite de courbes en forme de feston(s). Les variations des composantes (...) produiront une oscillation de P autour de la position moyenne de P, avec une période égale à 18, 7 ans : ces deux mouvements provoqueront un festonnage que l'on appelle nutation (Kourganoff, Astron. fondam.,1961, p. 50). Prononc. et Orth. : [fεstɔne], [fe-], (il) festonne [fεstɔn]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1533 « orner de festons », ici un écu (Chron. d'Est. de Medicis, I, 348 ds Gdf. Compl.). Dér. de feston*; dés. -er. Fréq. abs. littér. Festonner : 26. Festonnant : 2. Bbg. Quem. DDL t. 6. |