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FEINTE, subst. fém.
A.− Rare. Action de faire semblant (de faire, d'éprouver, d'avoir quelque chose). Toute sa dévotion n'est que feinte (Ac.). Synon. dissimulation, affectation.Jamais elle ne laissait sa physionomie tranquille, baissant la tête d'une façon languissante, la relevant au ciel avec des feintes subites de passion et de poésie (Zola, M. Férat,1868, p. 116).J'avais feint de désirer la quitter, feinte qui ne m'était pas seulement dictée (...) par les enseignements que j'avais cru recueillir de mes amours précédentes (Proust, Prisonn.,1922, p. 345):
1. ... il tient à sa réputation d'amateur d'art, feint de se ruiner en collections (...). Il s'est d'ailleurs pris à sa feinte, car son mépris des hommes, de leurs vices, de leurs malheurs, s'envenime avec l'âge et les forfanteries de carabin qui l'ont aidé si longtemps ne suffisent plus à le rassurer. Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 934.
B.− Action destinée à masquer (quelque chose). Ses feintes n'ont pas réussi; parlez sans feinte. Synon. artifice, dissimulation, ruse, tromperie.Cloche ne pouvait plus remuer, il essaya bien de se hisser sur ses pieux, il n'y parvint point. On crut à une feinte, à une ruse, à un mauvais vouloir de malfaiteur (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Gueux, 1884, p. 443).Vainement l'éditeur (...) lui demandait-il si, oui ou non, il était l'auteur du roman. Jean-Jacques s'en tirait une fois de plus par cette feinte : « C'est encore rendre hommage à la vérité que de déclarer qu'on veut la taire » (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 67):
2. ... je refusai la prudente réflexion, la fausse solitude et ses consolations sordides. Et j'ai compris que ce refus était encore une feinte : en vérité je ne disposais pas de mon cœur; j'étais impuissante contre cette angoisse qui s'emparait de moi chaque fois que je décachetais une lettre de Lewis... Beauvoir, Mandarins,1954, p. 501.
C.− Spécialement
1. SP. Mouvement simulé dans le but de déjouer (quelque chose), de tromper l'adversaire. Faire une feinte de corps. Je m'instruisis beaucoup à observer leurs feintes et leurs passades propres à fatiguer et éberluer le taureau (Gide, Thésée,1946, p. 1432).Malgré ses bonds, ses feintes et la rapidité de sa course, toujours ils l'atteignaient (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 15).L'expression épanouie avec laquelle des hommes grossiers (...) s'écrient devant une passe de football, une feinte de boxe, ou un corps d'athlète : « Joli! » (Montherl., Olympiques,1924, p. 228).
2. ART MILIT. Manœuvre destinée à tromper l'ennemi. Une habile feinte tactique chez Hannibal pendant la bataille de Cannes (Proust, Guermantes 2,1921, p. 417).
3. ESCR. Coup dirigé sur un côté pour que l'adversaire découvre l'autre. Il fit une feinte en tierce et porta sa botte en quarte (Ac.1835, 1878).J'ai employé contre lui toutes les ressources de l'escrime : feintes, surprises, dégagements, retraites, coups inusités (Gautier, Fracasse,1863, p. 350).Il combinait ses coups, il préparait ses ripostes, et ne dédaignait ni la feinte ni l'embûche (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 195).En flèche, à l'épée et au sabre, le bras armé est lancé en avant jusqu'à rupture d'équilibre. Précédée d'une ou de plusieurs feintes, l'attaque est dite « composée » (Jeux et sp.,1967, p. 1434).
4. ÉQUIT. Légère claudication d'un cheval. (Dict. xixeet xxes.).
5. MUS., vx. Synon. de altération accidentelle (v. altération1A 1).
P. méton. Touche (actuellement noire) du clavier, correspondant à la note altérée. La note placée entre l'ut et le ré pouvait donner l'ut # ou le rédistincts l'un de l'autre; et de cette disposition, on avait appelé feintes les touches qui étaient ainsi séparées (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. Manuel organiste,1905, p. 71).Autrefois les f[eintes] étaient blanches et les touches correspondant aux notes naturelles noires (Mus.1976).
6. TYPOGR. Défaut d'encrage dans une forme entraînant un blanc sur la page imprimée. (Dict. xixeet xxes.).
7. TISS. Endroit où la trame manque dans une pièce d'étoffe (Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Quillet 1965).
Prononc. et Orth. : [fε ̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 « fiction, invention poétique » fables et faintes (G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. F. König, II Pr. 1, 147), ,,rare`` ds DG; 2. [av. 1544 « fait de feindre, de donner une apparence contraire à la réalité » (Marot, I, 359 ds Littré)]; en partic. 1680 escr. (Rich.); 3. 1865 art vétér. (Littré). Part. passé fém. subst. de feindre*. Fréq. abs. littér. : 469. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 484; xxes. : a) 515, b) 1 046. Bbg. Portier (E.). Essai de sém. : feindre, figurer, feinte, figure, fiction. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 183-201. − Quem. DDL t. 6.