| FAUTE, subst. fém. I.− A. Vieilli. Fait de manquer; absence, manque de quelqu'un ou de quelque chose. B.− Locutions 1. Loc. verb. vieillies − Avoir faute. On craignait d'avoir faute de soldats, de matelots; on eut faute de blé (Ac.) : 1. Pour vous écrire, depuis six mois que je roule ce projet dans ma tête, je n'ai pas faute de matière, mais de temps et de repos.
Courier, Lettres Fr. et It.,1806, p. 702. − Faire faute. Manquer, faire défaut. Il lui arrivait souvent de me faire faute au sujet des sorties que nous arrangions ensemble (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 82).Il semble que les exilés d'Edimbourg soient les plus petits compagnons du monde, et qu'ils ne fassent faute nulle part (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 16).Pour l'épouser est-ce l'amour ou l'intelligence qui me faisait faute? (Claudel, Soulier,1929, 2ejournée, 3, p. 722). − Ne pas se faire faute de. Ne pas se priver de. ♦ Ne pas se faire faute de + subst.Mange donc, mange, mignon, et ne te fais pas faute de ce brouet au miel avec une pointe d'anis vert (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 36).Madame Daniel ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d'œillades pour me désoler de son mieux (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 246). ♦ Ne pas se faire faute de + inf.Elle se fit la charmante joie d'apporter à Bouchard des cigarettes, des friandises, puis peu à peu tout ce qu'il demanda. Il ne se fit pas faute de demander (Montherl., Songe,1922, p. 71). 2. Loc. prép. Faute de. Par manque de. − Faute de + subst.Dauphin, six semaines après, fut acquitté faute de preuves (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 182).On avait dû, faute d'argent, congédier la femme de chambre, puis, le mois précédent, la cuisinière (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 782).S'il y a si peu de pièces de théâtre valables, ce n'est pas faute de talent ou d'auteurs (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 138). ♦ Proverbe. Faute de grives, on mange des merles. Il faut se contenter de ce que l'on a. ♦ Faute de mieux. La jeune-première à l'envers Récite quelquefois mes vers. Faute de mieux je m'extasie (Cros, Coffret Santal,1873, p. 101). − Faute de + inf.C'est une triste chose d'être réduit à étouffer ses facultés l'une par l'autre, faute de pouvoir les développer toutes (Renan, Lettres,1842-45, p. 13).Un jour, faute d'avoir su déchiffrer la mention « très urgent », elle néglige une lettre adressée au monsieur vérificateur (Frapié, Maternelle,1904, p. 83).Faute de m'être heurté à ses angles, je ne connus d'abord la réalité que par sa rieuse inconsistance (Sartre, Mots,1964, p. 17). 3. Loc. conj. Faute de quoi. J'ai besoin de temps en temps de converser le soir avec des gens d'esprit, faute de quoi je me sens comme asphyxié (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 22): 2. ... il faudrait auparavant avoir écrit celle [l'étude] que je projette depuis des années sur Gautier, faute de quoi j'ai peur de dire au sujet de Jean-Louis certaines des choses qui reviennent de droit à Gautier.
Du Bos, Journal,1922, p. 45. 4. Loc. adv. Sans faute. À coup sûr, sans y manquer. J'irai chercher Pauline sans faute avant le carême, de peur qu'elle n'embarrasse. Dites-le bien à la cousine (Pourrat, Gaspard,1922, p. 20).Qu'il m'envoie sans faute un pneu qui arrivera ce soir même (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 21). II.− A. Le fait de manquer à quelque chose. 1. a) Manquement à une règle morale, à une règle de conduite; action considérée comme mauvaise. Je ferai pour expier mes fautes envers vous tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner (Balzac, Gobseck,1830, p. 433).D'après Confucius et Meng-Tseu, l'impiété est une plus grande faute que l'assassinat (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 60).L'humanité n'a pas attendu le christianisme pour décréter fautes des actes qui ne sont des fautes ni selon la nature ni selon la raison (Montherl., Pasiphaé,1936, p. 106): 3. Je rejette les mots de rachat ou de rédemption, car (...) je n'ai commis ni crime réel, ni faute assez grave pour légitimer l'usage de ces termes un peu romantiques et gâtés par les cagots...
Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 11. SYNT. Faute légère, pardonnable, excusable; faute grave, lourde, impardonnable, irréparable. Commettre une faute (envers qqn), se rendre coupable d'une faute, avoir une faute à se reprocher; avouer, reconnaître une faute; rougir, se repentir d'une faute; porter sa faute, payer une faute, répondre de ses fautes; racheter, réparer une une faute; cacher une faute; excuser, pardonner une faute; passer sur une faute, fermer les yeux sur une faute, couvrir la faute de qqn, laver qqn d'une faute; sanctionner une faute, punir qqn d'une faute, reprocher une faute à qqn. Acte qui constitue une faute; faute qui consiste en... ♦ Expr. Faute avouée est à moitié, à demi pardonnée. ♦ En faute. Prendre qqn en faute; être, se sentir en faute. Christophe, se croyant en faute, porta ses mains à ses oreilles pour les préserver des redoutables claques (Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 59).Le rire penaud de l'écolière prise en faute me désarmait en un clin d'œil (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 118). ♦ Faute + compl. prép. précisant la nature de la fauteFaute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par de.Il existe donc des gens ainsi constitués qu'ils s'imaginent la vie faite pour s'embêter. Tout ce qui paraît être amusement devient aussitôt une faute de savoir-vivre ou de morale (Maupass., Contes et nouv., t. 1, 25 jours, 1885, p. 712).Le père traitait en peccadilles les fautes de luxure, ne montrait de fureur qu'aux minutes où l'on avouait soit un mensonge, soit de la paresse (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 290).Faute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par contre.Faute contre la morale, la justice, la pureté, l'obéissance, les mœurs. M. Joseph Reinach sera révoqué de son grade de capitaine de cavalerie de réserve, comme ayant commis « une faute grave contre la discipline » (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 419).J'ai trompé mon père. Ma tromperie fut consciente, renouvelée, ce fut la faute la plus grave et la plus endurcie contre le devoir d'obéissance (Jouve, Paulina,1925, p. 111). − En partic. Relations charnelles hors du mariage. Faire une faute. Lady Wilmor. − (...) j'ai un secret, un secret humiliant à vous révéler (...). J'ai un fils (...). Oui, l'enfant d'une faute (Dumas père, Darlington,1832, III, tabl. 6, 4, p. 107).Ce monde illogique où nous vivons, qui n'aime pas l'adultère de la femme et qui raffole de toutes les fautes galantes d'un homme comme il faut (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 167). b) Spécialement
α) RELIG. Manquement aux préceptes d'une religion. Confession, absolution des fautes; confesser ses fautes; absoudre les fautes de qqn; pêcheur chargé de fautes; faute vénielle, mortelle; faute charnelle. Synon. péché.Le long des couloirs (...) on ne voyait qu'une double rangée de confessionnaux (...) il y avait des prêtres parlant toutes les langues, pour remettre leurs fautes aux pêcheurs (Zola, Lourdes,1894, p. 127).De quelle faute l'évêque s'était-il accusé à l'abbé Sancerre? De quelle faute celui-ci avait-il refusé de l'absoudre? (Billy, Introïbo,1939, p. 231). ♦ La faute (originelle). Le péché originel. Le baptême qui efface la faute originelle (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 156).On n'ose plus s'élever à sa [d'Augustin] splendide vision de l'univers, tel qu'il était avant la faute et tel qu'il sera de nouveau dans l'état de gloire (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 127). ♦ [P. réf. à la Bible, Exode 20, 5] Il est écrit dans le Livre saint, répondit Monte-Cristo : « Les fautes des pères retomberont sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération » (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 429).
β) DROIT − DR. CIVIL. Acte ou omission constituant un manquement, intentionnel ou non, à une obligation contractuelle, à une prescription légale ou au devoir de ne causer aucun dommage à autrui (d'apr. Cap. 1936). Le mandataire répond non-seulement du dol, mais encore des fautes qu'il commet dans sa gestion (Code civil,1804, art. 1992, p. 358). SYNT. Faute civile, commune, contractuelle, dolosive, objective, subjective; faute inexcusable. − DR. ADMIN. ♦ Faute de service. Faute non détachable de la fonction et impliquant la responsabilité pécuniaire de l'Administration devant les tribunaux administratifs (d'apr. Cap. 1936). ♦ Faute personnelle. Faute de l'agent administratif dans l'exercice de ses fonctions, considérée comme détachable du service et susceptible de fonder sa responsabilité pécuniaire devant les tribunaux judiciaires (d'apr. Cap. 1936). − DR. PÉNAL. Faute (pénale). Manquement au devoir; imprudence, négligence sanctionnée par une peine (d'apr. Cap. 1936). 2. a) Manquement aux règles (d'une discipline, d'un art, d'une technique, etc.). Synon. erreur.
α) Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute ♦ Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute introd. par de.Vous avez découvert dans un des personnages de ce tableau une faute grossière de dessin, un membre cassé ou un muscle hors nature (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 50).Un remaniement des équipes les rassembla dans la même partie [de tennis] (...). Jacques s'occupait beaucoup de Jenny, mais toujours d'une façon tracassière, voire blessante, raillant ses fautes de jeu (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 925): 4. ... Mlle Louvetain (...), d'un doigt attentif, soulignant une faute de graphie ou de ponctuation, un minuscule défaut d'écriture, disait de sa voix la plus douce : « Mais vous avez oublié l'accent circonflexe de plutôt! (...) »
Daniel-Rops, Mort,1934, p. 112. SYNT. Faute de calcul, d'addition; faute d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, de langue, de français; faute de versification; faute d'impression, de frappe, de typographie; faute typographique. ♦ Faute + compl. prép. ou adj. indiquant la nature de la faute introd. par contre.[J'ai] corrigé quelques fautes contre l'histoire et la géographie (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 104).L'évêque Berthramn (...) composait des épigrammes latines qu'il offrait avec assurance à l'admiration des connaisseurs, quoiqu'elles fussent pleines (...) de fautes contre la mesure (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 141).
β) Faute de + compl. prép. (introd. par de) indiquant la cause.Faute d'inattention. Fautes d'ignorance, de négligence, d'étourderie (Gide, Journal,1927, p. 855).J'ai relevé une faute d'étourderie assez inexplicable chez quelqu'un d'aussi scrupuleux (Green, Journal,1941, p. 144).
γ) Faute + inf.Un traducteur grec a commis la faute d'employer le mot jeune fille pour traduire un mot hébreu qui signifie jeune femme!... (Martin du G., J. Barois,1913, p. 236).
δ) Absolument ♦ Faire une faute; texte criblé, émaillé, plein de fautes. Hippolyte dut jouer sans faire une seule faute le menuet de Fischer sur le flageolet (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 397).[Bastien] entassait faute sur faute, se fendait faux, écartait le bras, se découvrait... L'épée de sir Williams parait et n'attaquait pas (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 370).Je lis dans Proust (...) : « ... ce n'était qu'hors de sa présence » − que je considère comme une faute déplorable (Gide, Journal,1927, p. 843): 5. Ils ont fourré des participes, tendu des embûches de pluriels équivoques, dans cette dictée (...). Je crois bien ne pas avoir de fautes; je n'ai qu'à veiller aux accents, car ils vous comptent des demi-fautes, des quarts de fautes, pour des velléités d'accents qui traînent mal à propos au-dessus des mots.
Colette, Cl. école,1900, p. 196. ♦ Prendre qqn en faute. M. Manuel me crut prendre en faute dans ma citation (...); il se trompa : c'était moi qui avais raison (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 185). b) Imperfection, point défectueux dans quelque chose. Synon. défaut.J'ai trouvé des commandes. On nous paye tant bien que mal et la situation financière est cependant déplorable. C'est qu'il doit y avoir une faute cachée dans l'organisation de notre affaire (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 230).C'est une boule de cristal Ming. Si parfaite et sans l'ombre d'une faute qu'un domestique la laissa tomber du cinquième étage, et elle rebondissait comme une balle de tennis sur le macadam de la cour (Cocteau, Fin Potomak,1940, p. 105). 3. Manquement au savoir-faire, action maladroite ou regrettable. Faute diplomatique, politique, tactique. Synon. bêtise, bévue, erreur, maladresse.Je l'ai connue petite ouvrière, je l'ai aimée, et lui ai donné chevaux, voiture, − une faute impardonnable quand on veut être aimé (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859p. 472).Louis-Napoléon n'eut qu'à profiter des fautes d'une assemblée royaliste qui ne sut pas accomplir une restauration (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 195).J'ai tout à fait oublié de lui demander à quoi il travaillait, et quels étaient ses projets, − c'est-à-dire que j'ai commis la faute de le laisser m'en parler le premier (Larbaud, Journal,1935, p. 350): 6. ... je serais très surpris s'il s'était mis dans un mauvais cas. Il est incapable d'une faute, surtout d'une faute bête, comme celle de toucher de l'argent, en en laissant traîner le reçu.
Zola, Paris,t. 1, 1897, p. 62. 7. ... nous n'avons sans aucun doute, sans aucune exagération, plus une seule faute à commettre! Même la plus minime imprudence! ... si nous ne voulons point finir notre existence ta mère et moi, dans le plus complet dénûment!
Céline, Mort à crédit,1936, p. 319. − En partic. [En matière d'usages, de convenances, etc.] [Elle] ne lui laissa passer aucune faute d'usage, de goût ou de langage (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 185).On nous l'avait remise, à Milan, dans un état de quasi rusticité quant aux manières, à la tenue à table, etc. (...). J'avais cru devoir réformer ces fautes de civilité par la raillerie (Larbaud, Journal,1934, p. 308): 8. ... c'est ennuyeux de construire une épopée sur des termes qui sont pis qu'une faute de grammaire ou une faute de goût, qui sont cette chose contradictoire et atroce, une affectation, une prétention vulgaires...
Proust, Temps retr.,1922, p. 752. B.− P. ext. (surtout dans certaines loc.). Responsabilité que quelqu'un ou quelque chose a dans une action coupable, regrettable. Faire retomber sur les autres la faute de ce qu'on ne fera pas. C'est là la grande lâcheté (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1910, p. 188): 9. ... [le curé] accusa la phrénologie de pousser au matérialisme et au fatalisme. Le voleur, l'assassin, l'adultère, n'ont plus qu'à rejeter leurs crimes sur la faute de leurs bosses.
Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 156. ♦ Par la faute de... Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton égoïsme maternel (Maupass., Une Vie,1883, p. 209).Je ne sais, mon cher Patrice, si c'est par ma faute que tu es comme moi incarcéré... Si je suis coupable, je t'en demande pardon de tout mon cœur (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 251).Il venait de perdre vingt-deux mille francs au jeu (...) par la faute d'ailleurs de son demi-frère (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 73).[P. réf. au Confiteor] J'ai profané la crosse et j'ai souillé l'anneau; Saint Père! J'ai péché par ma très grande faute (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 307).Saint Christophe, pleurait la mère, saint Christophe nous a abandonnés, par ma faute, par ma très grande faute (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 455). − La faute en est à. La responsabilité en revient à. Je m'étonne beaucoup de n'avoir aucune nouvelle de vous. La faute en est à la poste, sans doute (Flaub., Corresp.,1871, p. 247).Il ne connaissait personne. La faute n'en était pas uniquement à lui, qui depuis son deuil se terrait dans son coin. On le tenait à l'écart (Rolland, J.-Ch., Buisson ard., 1911, p. 1349). − Pop. C'est la faute à, c'est de la faute à. [Même sens] − Ah! voilà le déserteur!... (...). − Mon capitaine... C'est de la faute à la mairerie. Moi, j'leur disais pour la permission; eux ils m'ont dit qu'ça f'sait rien (Benjamin, Gaspard,1915, p. 127): 10. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 460. − C'est ma (ta, sa, etc.) faute. C'est moi (toi, lui, etc.) le responsable ou le coupable. Oui, c'est vrai! Jean est mort et Marc va mourir! Et c'est ta faute (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 259).Ce n'est pas ma faute que vous ne soyez pas un homme et que je vous prenne votre bien! (Claudel, Annonce,1948, II, 2, p. 166): 11. J'aime un garçon qui réfléchit en surmontant, et qui, au tournant mal pris, dit d'abord : « C'est ma faute », et cherche sa propre faute et se bourre cordialement les côtes.
Alain, Propos,1922, p. 444. ♦ Fam. C'est de ma (ta, sa, etc.) faute. Même sens. C'était de sa faute à lui, si tout ratait (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 51).On le sait assez qu'il est dans une situation délicate. Est-ce que c'est de notre faute s'il a un nom étranger et du sang juif... (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 106).Si tu dis un mot de plus, je descends téléphoner au journal que je ne fais pas l'article. Et ça sera de ta faute (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 68).P. antiphrase. Elle se moque bien de ma santé. Ce n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle établit dans les wagons des courants d'air mortels (Mauriac, Génitrix,1923, p. 362). − Il y a de ma (ta, sa, etc.) faute. C'est moi (toi, lui, etc.) à qui revient une part de responsabilité. Sans que lui, Jean Valjean, eût rien fait pour cela, sans qu'il y eût de sa faute, « cet homme » allait mourir (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 398).M. Grépinet (...) faisait très bien sa classe. Il n'y a point de sa faute si je profitai mal de ses leçons (France, Pt Pierre,1918, p. 248). Prononc. : [fo:t]. Enq. : /fot, D/. Étymol. et Hist. 1174-78 « action de faillir, manquement » (E. de Fougères, Manières, éd. J. Kremer, 711); 1275-80 « manque, privation » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9638); 1306 sans faute « à coup sûr » (Joinville, Histoire de St Louis, éd. N. de Wailly, 520, p. 284). D'un lat. pop. *fallita, « manque, action de faillir » fém. subst. de *fallitus, class. falsus, part. passé de fallere « tromper », a évincé le plus anc. faille*. Fréq. abs. littér. : 9 399. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 986, b) 12 487; xxes. : a) 12 354, b) 14 771. Bbg. Quem. DDL t. 6. − Stöcklin (J.). Probl. de prép. Vox. rom. 1971, t. 30, pp. 92-93. |