| FARFELU, UE, adj. A.− [Appliqué à une pers.] Dont le comportement ou la conduite surprend par le côté bizarre, inattendu, saugrenu. Synon. fantasque, hurluberlu, loufoque (fam.).Une sorte de savant farfelu et irresponsable (Nouvel Observateur, 24 janv. 68 ds Gilb.1971, p. 201). − Emploi subst. Personne très originale, fantaisiste. Le commissaire dit que ce farfelu passait le plus clair de son temps au fond de la brousse (Gary, Les Racines du ciel,1956,ds Gilb. 1971 p. 202). B.− [Appliqué à une action, une idée, une réalisation de l'homme] Qui est dicté par un goût de la bizarrerie, de l'irrationnel. Synon. saugrenu, étrange.L'échec d'un projet farfelu (Arnoux, Double chance,1958, p. 214). − Péj. Absurde, stupide. Ses jugements sont d'un arbitraire farfelu; il condamne l'Énéide, mais accepte les Géorgiques (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p. 138). Prononc. : [farfəly]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1460 fafelu « dodu » (Farce du Pasté et de la Tarte, Anc. théâtre fr., t. 2, p. 73); 1545 farfelu (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 28, p. 199); 2. 1921 farfelu « fantaisiste » (A. Malraux, Lunes en papier, d'apr. A. Vandegans, La jeunesse littéraire d'A. Malraux, p. 100 : Royaume-Farfelu [devenu titre d'un autre roman d'A. Malraux publié en 1928; cf. aussi 1929, A. Malraux, Port-Égaré par P. Véry ds N.R.F., déc., p. 839 : cucurbitacées aux formes farfelues, cité ds A. Vandegans, op. cit., p. 306)]. Prob. issu du croisement de fanfelue (fanfreluche*) avec le rad. faf- (à l'orig. de mots désignant des choses vaines ou gonflées; fafiot*; v. FEW t. 3, pp. 366b-367a), la forme étant devenue farf- chez Rabelais par attraction d'autres mots rabelaisiens (farfadet*, farfouiller*, faribole*) et peut-être aussi ital. (farfalla « papillon »; farfarello « démon », v. farfadet; farfaro, nom de plante; farfogliare « bredouiller »; v. J. Pohl ds Fr. mod. t. 31, pp. 302-303). Le sens nouv. donné par A. Malraux au mot qu'il a prob. pris chez Rabelais s'explique par le fait que l'univers de fantaisie évoqué dans les Lunes en papier se compose de choses vaines, gonflées d'air et de formes arrondies (ballons, sphères creuses de verre, meubles en forme d'édredons, grosses pommes, etc; v. A. Vandegans, op. cit., pp. 118-119). Bbg. Burguière (P.). Andouilles farfelues. Vie Lang. 1955, pp. 360-365. − Dontenville (H.). Le Mot farfelu de Rabelais à A. Malraux. B. de l'Assoc. des Amis de Rabelais et de la Devinière. 1964, t. 2, pp. 83-86. − Dub. Dér. 1962, p. 55. − Grevisse (M.). Probl. de lang. 3es. Paris, passim. − Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, pp. 302-303. |