| FARFADET, subst. masc. A.− Petit personnage imaginaire des contes populaires doué de pouvoirs fantastiques, d'une grâce légère et vive, plus taquin et malicieux que méchant. (Quasi-) synon. djinn, elfe, gnome.Des follets brillent dans l'ombre, Et la voix que j'entendais Se mêle aux cris d'un grand nombre De lutins, de farfadets. Au bruit d'une aigre trompette Le sabbat a commencé (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 247).Nous ne savons pas ce qu'il y a dans les choses, mais nous avons découvert que les diables, lutins et farfadets n'y sont pas (Alain, Propos,1932, p. 1104): Pendant que Jeannie (...) racontait à son mari les séductions du follet malicieux, qu'on se représente la colère de Trilby, et son inquiétude, et ses terreurs! Les tisons lançaient des flammes blanches qui dansaient sur eux sans les toucher; les charbons étincelaient de petites aigrettes pétillantes, le farfadet se roulait dans une cendre enflammée et la faisait voler autour de lui en tourbillons ardents. − Voilà qui est bien, dit le pêcheur. J'ai passé ce soir le vieux Ronald (...). Il n'y a que lui qui puisse nous débarrasser de cet ensorcelé de Trilby, et le reléguer jusque dans les rochers d'Inisfaïl, d'où nous viennent ces méchants esprits.
Nodier, Trilby,1822, p. 121. B.− Au fig., fam. Personne vive dans ses mouvements ou frivole dans ses pensées, ses goûts, ses discours. Voltaire connut la clarté, et se joua dans la lumière, mais pour l'éparpiller et en briser tous les rayons, comme un méchant. C'est un farfadet, que ses évolutions font quelquefois paraître un génie grave (Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 188).Farfadet et galopin, il [le petit Gavroche] faisait un pot-pourri des voix de la nature et des voix de Paris. Il combinait le répertoire des oiseaux avec le répertoire des ateliers (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 296). Rem. On rencontre ds la docum. farfadette, subst. fém., rare. Si vous saviez comme elle est drôle, ma petite sœur! (...) la cadette, gamine de cinq ou six ans, gambadait, espiègle (...). − Mais, demanda Anthime, comme elle revenait, toute piaffante, les galoches trempées, qu'est-ce que tu t'es mis sur les joues, farfadette? (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 188). Prononc. et Orth. : [faʀfadε]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1542 (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. VII, p. 39, var. : L'Histoire des Farfadetz). Empr. au prov. farfadet « lutin » (Languedoc et Quercy d'apr. Mistral), issu du croisement de fadet (v. ce mot) avec un autre mot qui pourrait être : − soit l'ital. farfarello « id. », d'abord nom d'un démon dans l'Enfer de Dante (XXI-123 ds Batt.), ce mot étant peut-être à rapprocher de l'ar. farfār « bavard, frivole » (v. Bl. _ -W.5et DEI), − soit une particule d'orig. inc. exprimant le renforcement (cf. farfouiller; v. Guir. Étymol., p. 16). Fréq. abs. littér. : 22. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 278. − Giraud (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1971, p. 256. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 271. |