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FARCE2, subst. fém.
A.− LITT. (THÉÂTRE)
1. HIST. LITTÉR. [Moy. Âge] Petit intermède comique joué sur le parvis des églises au cours de la représentation d'un mystère. Le peuple pieux du Moyen Âge, sur le parvis même de l'église, jouait les farces et les soties (Proust, Prisonn.,1922, p. 127):
1. ... les jours de spectacle, on avançait dans les églises l'heure des vêpres pour permettre aux fidèles, et sans doute aussi au clergé, de se rendre à temps au théâtre. (...). Les confrères, pour accroître encore la vogue dont ils jouissaient, ne tardèrent pas à joindre aux tragédies d'église quelques farces plus capables d'égayer l'assemblée. Sainte-Beuve, Tabl. poésie fr.,1828, p. 176.
2. Pièce de théâtre d'inspiration bouffonne mettant en scène des personnages souvent grotesques et présentant généralement un comique de mots, de gestes ou de situation(s). Jouer une farce; farce italienne. Un théâtre où l'on jouait des parodies, des farces classiques et des comédies de Gozzi (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 198):
2. Le Bourgeois Gentilhomme est une des seules grosses farces de Molière qui se hausse jusqu'au type, où la victime, à distance, échappe au rire cruel de la cour et nous montre un brave homme, soucieux de quitter l'ombre dédaignée par le soleil de Versailles. Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 181.
En partic., MUS. Opéra bouffe en un acte qui connut une certaine vogue en Italie (cf. Rougnon 1935).
P. méton. [Avec l'art. déf.] Genre théâtral dont relève une pièce de ce type. Je veux ne rien omettre de la résurrection annuelle de Paris par le drame, la comédie, la farce et la féerie (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 752).
3. Loc. fig.
a) Tirez le rideau, la farce est jouée. C'est une affaire réglée, il est inutile de s'y attarder. Nous allons fermer l'appartement, la farce est jouée, et vous remettrez la clef à M. le maire (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 268).
b) Être le dindon de la farce (fam.). Cf. dindon I B 1 a.Tu n'entends pas être le dindon de la farce, peut-être? Reste donc chez toi, grande bête (Zola, Ventre Paris,1873, p. 759).
c) En voir la farce (pop. et rare). Être satisfait, comblé par un vœu, par un désir qui se réalise. Vous ne savez pas ce que c'est que le grand jeu? dit solennellement MmeFontaine. − Non, je ne suis pas n'assez riche pour n'en avoir jamais vu la farce (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 126).
Rem. Encore ds Rob. Suppl. 1970 avec un ex. de M. Pagnol.
B.− P. ext., lang. cour.
1. Plaisanterie bouffonne, voire grossière, que l'on dit ou fait pour divertir les autres mais, plus souvent, pour s'amuser à leurs dépens.
a) [L'accent est spéc. mis sur les paroles] Dire, conter, débiter des farces. Synon. blagues.Maître Nicole (...) était un excellent homme, qui débitait d'assez bonnes farces au dessert (Flaub., 1erÉduc. sent.,1845, p. 176).
b) [L'accent est spéc. mis sur un acte] Bonne (souvent par antiphrase), mauvaise farce; faire, jouer une (des) farce(s); une farce d'écolier, d'étudiant. Synon. bon (mauvais) tour, niche (fam.), canular (fam.).Gustave évoquait des farces d'écolier, des tours joués au père Gros (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 117).Le cancre végétatif (...) machinateur de chahuts et de farces (Arnoux, Solde,1958, p. 64):
3. On ne fait plus chez nous la vraie farce, la bonne farce, la farce joyeuse, saine et simple de nos pères. Et, pourtant, quoi de plus amusant et de plus drôle que la farce? Quoi de plus amusant que de mystifier des âmes crédules, que de bafouer des niais, de duper les plus malins, de faire tomber les plus retors en des pièges inoffensifs et comiques? Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Farce, 1883, p. 1278.
En partic.
Goût, disposition naturelle à plaisanter, à jouer des tours. Le goût du merveilleux n'a d'égal que le goût de la farce (Barrès, Colline insp.,1913, p. 143).[Avec ell. de l'art.] Un certain esprit de farce et de taquinerie (Claudel, Pain dur,1918, I, 1, p. 419).
Souvent au plur. Petit objet truqué que l'on offre à quelqu'un pour le duper et s'amuser de sa méprise. Boutiques de farces et attrapes. Synon. attrape (cf. ce mot ex. 3).Boîte contenant 15 farces amusantes (Catal. jouets [Louvre], 1936) :
4. Lorsqu'on avait eu un enfant ensemble, inutile, n'est-ce pas? d'y mettre des façons, pour se fourrer sous la couverture. C'était comme les farces, le poil à gratter, le lit déboulonné, les joujoux qui aboient quand on les presse, tout ça, avec eux, n'aurait guère été que de la moutarde après dîner. Zola, Terre,1887, p. 194.
c) Loc. (vieilli). Faire ses farces. S'amuser, mener une vie libre et dissolue. Ah! Ah! petit... tu fais déjà tes farces, libertin! (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 332):
5. − Oui, la maman s'est saignée, dit Vautrin. Vous pourrez maintenant faire vos farces, aller dans le monde, y pêcher des dots, et danser avec des comtesses qui ont des fleurs de pêcher sur la tête. Balzac, Goriot,1835, p. 113.
P. euphém. Faire des infidélités à son conjoint. Cela veut dire que votre femme fait ses farces tout comme les autres (Kock, Cocu,1831, p. 214).
2. Emploi adj., fam. vieilli
a) Emploi apposé. Qui a le goût de la farce; qui exprime ou contient de la drôlerie, du comique. Synon. drôle, cocasse, farceur.Ouvrage profondément farce (Flaub., Corresp.,1853, p. 259).Mère Plutarque! (...) autre nom farce (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 115).Auteur farce et rigolo de syntaxe et de dictionnaire (L. Daudet, Temps Judas,1920, p. 150).
Rem. Peut parfois rester inv. après un nom au plur., lorsque le subst. empl. adj. est encore senti comme expr. ell. Confusément disait l'Elster, l'Estramadoure, (...) Devant quatre ou cinq gars attentifs et narquois S'exclamant et riant très fort aux endroits farce (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 339).
b) Emploi attribut. Letondu apparaissait prodigieusement farce et cocasse (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 3etabl., II, p. 106):
6. C'était un grand gaillard, à cou énorme. Il riait, il jouissait des morceaux de peau que les deux femmes montraient. La petite blonde était grasse comme une caille. Ça serait farce, si sa chemise se fendait. Zola, Assommoir,1877, p. 399.
C'est rien farce. Je t'avoue que si je ne t'avais pas connu je serais peut-être encore en train de traîner sur les routes, « marcher la route » comme ils disent, nos gens, non, c'est rien farce, tu me vois, caporal, marchant derrière une roulotte, avec les femmes, les mômes, les chevaux maquignonnés (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 367).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un emploi adj. substantivé. − Hein! les sacrés pochards! ils sont d'un farce! (Id., ibid., p. 506). 2. Rheims 1969 atteste avec un ex. de Renée Massip l'adj. farcesque. Qui tient de la farce : Le rire prohibé que suscitait l'esprit farcesque (La Main paternelle, Paris, Gallimard, 1961, p. 84). Flaubert (Corresp., 1878, p. 112) reprend à son compte la célèbre phrase de Montaigne : Nos vacations sont farcesques.
Prononc. et Orth. Cf. farce1. Étymol. et Hist. 1. [xiiies. lat. médiév. farsa « paraphrase, commentaire ou représentation en langue vulgaire illustrant les écritures au cours des cérémonies religieuses » (Reg. visitat. Ordon. archiep. Rotomag. ab. ann. 1248 ad 1269 ex Cod. reg. 1245 fol. 216 vods Du Cange, s.v.)]; ca 1370 « conte plaisant, petite histoire illustrant un propos » (J. Lefèvre, Lamentations Matheolus, éd. Van Hamel, II, 574); 1448 « petite pièce de théâtre comique » (Archives du Nord, B 19445, fol. 80 ds IGLF); 2. 1330 « mauvais tour, plaisanterie » (St Alexis, ms. B. N. fr. 244, éd. Ch. E. Stebbins, vers 634); 3. 1801 adj. (A. Prévost, Cadet Roussel d'apr. Dagneaud ds Quem. DDL t. 3). Emploi partic. de farce1pour désigner les intermèdes introduits dans la liturgie comme de la farce dans un mets, dans une viande, et qui, émancipés de la liturgie, seront à l'origine du théâtre médiéval; puis le terme aurait désigné un intermède comique dans un spectacle, notamment au cours des mystères (Dauzat 1973; Bl.-W.5; FEW t. 3, p. 415b; cf. aussi farcir étymol. 2). Pour le sens 2, cf. aussi l'a. fr. farser « plaisanter, se moquer (de) » attesté dès le xiiies. (Chevalier aux deux épées, 11190 ds T.-L.).
STAT. − Farce1 et 2. Fréq. abs. littér. : 995. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 777, b) 2 302; xxes. : a) 2 339, b) 927.
BBG. − Cannings (B.). Towards a definition of farce as a literary « genre ». Mod. Lang. R. 1961, t. 56, pp. 558-560. − Quem. DDL t. 3, 5.