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FAIT, FAITE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de faire*. Cf. notamment faire1III D.
II.− Emploi adj.
A.− [Correspond à faire1I et II]
1. Fabriqué, confectionné, construit, réalisé.
a) Expr. Ce n'est ni fait ni à faire. C'est du travail bâclé (cf. Martin du G., Gonfle, 1928, II, 5, p. 1203). Tout compte* fait. C'est un grand pas de fait. Un grand progrès est accompli. Marché fait (vx). Marché conclu. Marché fait qu'à votre retour nous ne parlerons point politique! (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, p. 237).
b) [Avec un adv. ou une loc. adv. de manière, ou un compl. de comparaison] Du travail bien fait, une besogne mal faite.
Vite fait, bien fait (pour indiquer une exécution rapide).
(Aus)sitôt dit, (aus)sitôt fait. L'exécution suit immédiatement le projet, la parole, la promesse, l'ordre exprimé.
C'est très bien fait à vous de + inf. (vx). C'est très-bien fait à vous de faire des excursions sur des terres étrangères (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 21).
Fait à plaisir. Inventé de toutes pièces. Conte fait à plaisir.
c) Loc. adj. Tout fait
α) Tout prêt, préparé d'avance. Travail tout fait. La métaphysique ou la critique que le philosophe se réserve de faire, il va les recevoir toutes faites de la science positive, déjà contenues dans les descriptions et les analyses dont il a abandonné au savant tout le souci (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 196):
1. Ses enfants, bien entendu, il vaut mieux se les faire soi-même; mais quand on attrape la cinquantaine, qu'on n'est pas bien sûr de réussir, et qu'on en trouve un tout fait, eh bien, on se le prend sans avertir les populations. Pagnol, Fanny,1932, II, 6, p. 138.
Spéc., domaine de l'habillement.Costume tout fait. Anton. sur mesure(s); synon. prêt à porter.En veston et en pantalon de fantaisie, achetés tout faits chez Lambourdieur (Zola, Terre,1887, p. 299).Enfin, Joseph consentit à essayer un costume tout fait, pourvu qu'il fût noir (Green, Moïra,1950, p. 71).
β) Au fig. Adopté sans examen; banal, sans originalité. Idée toute faite. Idée reçue, lieu commun. Elle laisse ses amis penser pour elle; elle reçoit leurs idées toutes faites (France, Vie littér.,1888, p. 342).Expression, locution, formule toute faite. Expression figée de la langue, consacrée par l'usage et devenue banale. Phrase toute faite. Formule de politesse conventionnelle et froide. Synon. cliché.N'en pas parler du tout plutôt que d'en parler avec des phrases toutes faites (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1119).
2. [En parlant d'une pers.; gén. modifié par un adv. de manière ou un compl. de comparaison]
a) [En parlant du physique] Conformé, constitué.
Bien fait. Beau, de bel aspect. Bien fait de sa personne; femme bien faite. Jeune homme on ne peut pas mieux fait et on ne peut pas plus agréable (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 50).Je n'étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit (Camus, Chute,1956, p. 1487).Fait au moule, à ravir. C'est un joli garçon, bien tourné, fait à peindre, bel homme en uniforme (Courier, Pamphlets pol.,Lettres partic. 2, 1820, p. 69).Des Cupidons, fraîche couvée, Me montraient son pied fait au tour (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 109).Jambe bien faite; taille bien faite. Belle bouche, un nez très bien fait (Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 69).
Homme mal fait. Mal bâti, disgracieux.
b) Vx. [En parlant de l'allure, de l'habillement] Habillé, accoutré, arrangé (d'une manière étrange). Dans des expr. : comme le voilà fait! Il est fait d'étrange manière. Madame Lerat (...) l'aperçut [Nana] à cette heure, faite comme une souillon (Zola, Nana,1880, p. 1321).
c) Au fig. [En parlant du jugement, du caractère] Avoir l'esprit bien fait. Avoir l'esprit juste, qui raisonne bien. [P. allus. littér. à Montaigne, Essais I 25] Tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine. Mieux vaut un esprit juste qu'un esprit pédant, bourré de connaissances livresques non assimilées. Être ainsi fait. Avoir tel caractère, tel comportement. Synon. mod. être ainsi, être comme cela (sans y pouvoir changer).Et le monde est ainsi fait que l'on oubliera Falleix (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 337).Mon esprit fut toujours ainsi fait que je ne mettais pas ma perspective devant moi, mais derrière (Barrès, Cahiers,t. 2, 1899-1901, p. 217):
2. Ce Demangeat ne me plaisait guère. Je lui trouvais la voix pâteuse et le débit monotone; j'avais raison, mais, avec un esprit mieux fait, j'aurais compris que les étudiants appréciaient justement l'ordre et la clarté de ses exposés. France, Vie fleur,1922, p. 433.
3. Fait pour + subst. déterminé ou inf.; fait pour que + subordonnée au subj.
a) [En parlant d'une pers.] Particulièrement apte à, prédisposé à. L'homme n'est pas fait pour vivre seul. Il faut du merveilleux, un avenir, des espérances à l'homme, parce qu'il se sent fait pour vivre au-delà de notre univers (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 170).Mal fait pour l'action, plus à l'aise dans l'éternité que dans le temps, son bonheur était de se perdre à loisir dans ses rêves (Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950p. 22).
b) [En parlant d'une chose] Destiné à, qui convient à. Non, non, Victor, cesse de t'abuser; ce bonheur n'est pas fait pour toi (Guilbert de Pixér., Victor,1798, I, 1, p. 4).Le rêve conté hier est bien fait pour tuer à jamais le sommeil (Michelet, Journal,1848, p. 617).Un piano est fait pour qu'on y joue de la musique (Alain, Propos,1913, p. 171):
3. ... la poursuite inlassable dont il n'avait cessé de fatiguer MlleStangerson, (...) la vie désordonnée qu'il menait sous prétexte de « noyer ses chagrins », tout cela n'était point fait pour rendre Arthur Rance sympathique à Rouletabille, et ainsi s'explique la froideur avec laquelle il l'accueillit dans la salle des témoins. G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 154.
P. iron. (pour recommander l'usage d'une chose). Le savon est fait pour qu'on s'en serve. Je passais mon chemin, un chemin est fait pour qu'on y passe (Stendhal, Lamiel,1842, p. 48).
Fam. Cela n'est pas fait pour les chiens*.
Très fam., p. ell. C'est fait pour! C'est destiné à, prévu pour un usage précis.
B.− [Correspond à faire1III A] Domaine des soins de beauté.Yeux faits. Yeux maquillés, fardés. Ongles faits. Ongles limés (et vernis).
C.− [Correspond à se faire2III A]
1. Qui a atteint son complet développement, qui est parvenu à maturité.
a) [En parlant d'une pers., de son corps, de son esprit] Arrivé à l'état pleinement adulte, qui a atteint la maturité d'âge, d'esprit ou de corps.
Homme fait. Homme pleinement adulte, d'âge mûr. C'est vrai, disait un jeune à un homme fait. Tu es père de famille (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 427).Je vis que le burnous n'était plus un burnous d'enfant, mais un ample et solide vêtement d'homme fait (Duhamel, Suzanne,1941, p. 177):
4. Mais maintenant, il lui fallait s'avouer qu'il était un homme fait : les jeunes gens le traitaient en aîné, les adultes comme un des leurs, et certains lui témoignaient même de la considération. Fait, limité, fini, lui et pas un autre. Beauvoir, Mandarins,1954, p. 137.
Femme faite. Femme pleinement formée, développée. Ces deux bambines qui avaient des gaietés et des regards étranges de femmes faites (Zola, Contes Ninon,1874, p. 95).
b) Parvenu à un certain degré de maturation. Vin fait. Viande faite. Viande mûrie. Fromage fait. Fromage (à pâte molle) qui a atteint un degré de maturation où le cœur est amolli. Fromage pas trop fait, fait à cœur. Pour finir la fête, une armée entière De fruits, de parfaits, de fromages faits (Monselet, Poés.,1880, p. 225).Fromage trop fait. Qui n'est plus propre à la consommation. Un autobus (...) où grouillaient les clients comme asticots dans un fromage trop fait (Queneau, Exerc. style,1947, p. 172).
2. Fait à + subst. déterminé ou inf.Accoutumé, entraîné, exercé à. Fait au climat, aux habitudes, à un genre de vie. Son grand esprit positif et rigoureux, si peu fait à se payer d'abstractions (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 313).Donnez-moi qui vous voudrez, Monsieur le Directeur, mais un homme fait à ce travail et qu'il ne me soit pas nécessaire de reprendre à l'A.B.C. (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 18).
D.− Loc. adv.
1. Tout à fait
a) Entièrement, complètement. Oublier tout à fait. Isabelle, tout à fait remise de son évanouissement, se tenait debout (Gautier, Fracasse,1863, p. 425).Je sais bien que ce sont des idées folles, que je ne puis même pas prendre tout à fait au sérieux, des rêves... (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1032).
[Suivi d'un adj.] Synon. de très.« Vous allez être tout à fait chou, vous allez dédicacer quelques livres... » (Beauvoir, Mandarins,1954p. 266).
b) Exactement. Ce n'est pas tout à fait ça. Non, il n'y a pas moyen de s'y tromper et c'est bien tout à fait comme nous quand nous avons tant de chagrin (Claudel, Visages radieux,1947, p. 789):
5. Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Verlaine, Poèmes saturn.,1866, p. 63.
2. Rare, littér. Si fait! [Loc. interjective, servant à renforcer une réponse ou tenant lieu de réponse à une phrase négative ou interrogative] Mais si! Bien sûr que si!
Prononc. et Orth. : [fε], fém. [fεt]. Grammont Prononc. 1958, p. 38 admet que dans faite l'[ε] ,,peut être long, mais un peu moins [que la durée dite longue]``. Ds Ac. dep. 1694 (écarté de Ac. 1932 par une décision de caractère général affectant les part. passés). Fréq. abs. littér. : 94 120. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 142 160, b) 135 828; xxes. : a) 131 967, b) 126 830. Bbg. Henry (A.). À propos de fait, adj. en anc. fr. Romania. 1953, t. 74, pp. 376-378; 1957, t. 78, p. 97. − Quem. DDL t. 9, 10.