| FÊLURE, subst. fém. A.− Fente d'une chose fêlée. Cette assiette a une fêlure. La fêlure de ce vase est si légère qu'on ne la voit point (Ac.).Synon. fissure.Sa voix (...) était timbrée, creuse et grave comme le son d'une dalle de marbre amincie et sans fêlure sous le petit marteau du polisseur (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 405).Pas une lucarne, pas un soupirail; aucune brèche à la muraille, aucune fêlure à la voûte (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 279): 1. Il n'y avait pas de bruit cette nuit, seulement le tap-tap un peu plus pressé de l'eau qui suintait par la fêlure des boiseries.
Giono, Gd troupeau,1931, p. 205. − En partic., MÉD. HUM. et VÉTÉR. Fracture incomplète sans séparation des parties de l'os. Le diagnostic des fractures et des félures des membres devra toujours être vérifié par la radiographie (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 151). B.− P. métaph. et au fig. (Quasi-)synon. fissure.Du paysan qui flaire l'orage et sent peser sur sa peau cette brûlure spéciale du soleil qui annonce une fêlure du beau temps (Mounier, Traité caract.,1946, p. 120).Je suis sûre, Émile, que vous auriez été élu au premier tour. Et Lartois sentit une fêlure dans sa joie (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 62): 2. Il mettait de l'affectation à exiger que les congés fussent limités à leur terme réglementaire et sa manière de conduire manquait de bonté. Par contre, une certaine équité naturelle et pas de vice connu. Des mécontents avaient bien tenté de découvrir la fêlure, mais en vain.
Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 8. − Spécialement 1. [La fêlure se rapporte à une production phon.] Altération dans le timbre. La question était rude, directe, mais il y avait, dans la voix, une imperceptible fêlure (Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1296). 2. Fam. [Se rapportant à une pers.] Légère altération mentale. Avoir une fêlure, sa fêlure. Synon. folie, grain.La courtière enfourchait son dada, faisait ruisseler l'or pendant une heure. C'était la fêlure, dans cet esprit délié, la folie douce dont elle berçait sa vie perdue en misérables trafics (Zola, Curée,1872, p. 372). Prononc. et Orth. : [fεly:ʀ] ou, p. harmonis. vocalique, [fely:ʀ]. Cf. fêler. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiiies. faieleure « fente légère, cassure » (The Third Prose lapidary ds Studer-Evans, p. 141, V, 8), attest. isolée; de nouv. fin xvies. felure (Paré,
Œuvres compl., éd. J.-F. Malgaigne, t. 2, p. 3). Dér. du rad. de fêler*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 88. |