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* Dans l'article "FÉCONDER,, verbe trans."
FÉCONDER, verbe trans.
A.− Rendre capable de reproduction (un élément vivant femelle) en (lui) apportant l'élément mâle nécessaire.
1. Domaine humain
a) GYNÉCOLOGIE. Transformer un ovule en embryon.
[P. méton. de l'obj.] Cette union de l'homme et de la femme Qui féconde le corps et qui complète l'âme (Lamart., Chute,1838, p. 953).Fécondé par lui, le sein de la jeune femme donnait à l'enfant les traits de l'homme dont il gardait l'empreinte (Zola, M. Férat,1868, p. 180).
Emploi abs. C'est la femme qui engendre, si c'est l'homme qui féconde (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 19).
b) P. ext. Rendre enceinte. Elle s'étonna, observa, et s'aperçut bientôt que toutes ses étreintes [de son mari] s'arrêtaient avant qu'elle pût être fécondée (Maupass., Une Vie,1883, p. 18):
1. − Moi, j'aurais voulu posséder une puissance génitale, épatante, indéfinie. Féconder douze vierges, comme Hercule, ce n'est pas extraordinaire, somme toute. Mais leur donner du plaisir à toutes les douze, ça, c'est autre chose. Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 158.
2. Domaine animal
a) PHYSIOL. Transformer (un ovule chez les vivipares, un œuf chez les ovipares) en embryon. Les femelles pondent au sein des eaux leur poussière d'œufs, et les mâles fécondent de leur laitance la substance impondérable (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 240).
b) P. ext. Rendre (une femelle) pleine; rendre (un individu hermaphrodite) capable de procréer. Lorsque la femelle est fécondée, elle reproduit de nouvelles âmes (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 274).Les poules n'ont besoin de la coopération du mâle que pour être fécondées (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 246):
2. Dans d'autres [familles], chaque individu a les deux sexes, mais il a besoin d'un individu pareil qu'il féconde et dont il soit fécondé. Tels sont la plupart des mollusques gastéropodes, et plusieurs vers. Cuvier, Anat. comp.,t. 5, 1805, p. 6.
Emploi pronom. réciproque L'on sait que quantité de mollusques, réellement hermaphrodites, se fécondent néanmoins les uns les autres (Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 152).
3. Domaine végétal
a) BOT. Transformer (une oosphère) en œuf. Le pollen, dont le nom vient de pollere, « pouvoir », féconde le pistil. Le pistil est l'organe femelle de la fleur qui surmonte l'ovaire (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 57).Quand les ovules d'une plante à feuilles vertes sont fécondés par le pollen d'une plante à feuilles jaunes, les plantes hybrides ont des feuilles vertes; au lieu que si les ovules d'une plante à feuilles jaunes sont fécondés par le pollen d'une plante à feuilles vertes, les plantes hybrides ont des feuilles jaunes (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 25).
b) P. anal. Rendre (une fleur) capable de se transformer en fruit. Le nectar qu'offrent certaines fleurs pour attirer les insectes qui les féconderont (Proust, Sodome,1922, p. 626):
3. Ces élatés s'entr'ouvrent, et il sort de chacun d'eux une grappe, ou régime de fleurs qui se changent en fruits lorsqu'elles ont été fécondées par les fleurs du palmier mâle. Bern. de St.-P., Harm. nat.,1814, p. 66.
Emploi pronom. réfl. :
4. Le maïs croît, mûrit et sèche en six mois. Mâle et femelle ensemble, il se féconde avec une précision qui paraît consciente, par le jeu seul de ses organes, sans demander à un agent quelconque, au vent ou à la pluie, ou à l'oiseau, de l'aider dans son enfantement. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 189.
Emploi pronom. réciproque. Les fleurs de loin se fécondent entre elles (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 123).
B.− P. ext. [L'obj. désigne la terre]
1. Littér. Ensemencer. Les tièdes bouffées de la brise portaient, semaient partout les graines innombrables qui doivent féconder la terre (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 107).La terre déjà fécondée par les semences d'automne était devenue livide (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Amable, 1886, p. 221).
2. Rendre capable de produire en abondance. Synon. fertiliser.
a) [Le suj. désigne une pers.] S. Bernard et ses disciples fécondèrent les vallées stériles que leur abandonna Thibaud, comte de Champagne (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 541).Immigrants en quête d'une terre à féconder par leur travail (Saint-Exup., Lettre otage,1943, p. 390):
5. Ils ne songèrent pas au péril qui les menaçait directement, mais à la destruction de ce sol qui leur avait donné asile, de cette île qu'ils avaient fécondée, de cette île qu'ils aimaient, qu'ils voulaient rendre si florissante un jour! Verne, Île myst.,1874, p. 598.
P. métaph. Elle [la terre] était à lui [Buteau], il voulait la pénétrer, la féconder jusqu'au ventre (Zola, Terre,1887, p. 200).
b) [Le suj. désigne un inanimé concr. du domaine naturel] Tout est riche en dehors et en dedans de la terre péruvienne et mexicaine : les fleuves en fécondent la surface; l'or en fertilise le sein (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 228).La pluie détruit les moissons, elle féconde les champs stériles (Flaub., Tentation,1849, p. 245).Un fumier vivant qui féconde une plante (Lamart., T. Louverture, 1850, p. 1290):
6. ...l'ancien volcan s'allumait, et sa rapide chaleur réveillait les germes, fécondait la végétation, colorait les fleurs et mûrissait les fruits de ce petit coin de terre ignoré. Balzac, Peau chagr.,1831, p. 279.
C.− Au fig. [L'obj. désigne une manifestation intellectuelle ou spirituelle] Rendre capable de produire, de développer (quelque chose de valeur). Il y a dix-huit siècles, le Verbe répandit la semence divine, et l'Esprit saint la féconda (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 79).C'est Dieu qui féconde notre pensée par son Verbe (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 142).La « fangeuse grandeur », la « sublime ignominie » de Verlaine a fécondé sa poésie (Mauriac, Journal 2,1937, p. 43):
7. Tant qu'un peuple n'est pas mort, il y a en lui, il y a dans sa religion et dans sa nationalité, un principe d'énergie et de résurrection qu'un génie habile et fort peut féconder, remuer, régénérer, et conduire à une glorieuse transformation... Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 416.
P. métaph., en emploi pronom. réfl. :
8. − Avouez, en tout cas, que cet hermaphrodisme cérébral, qui se féconde sans aucune aide, est au moins un péché distingué, car il est un privilège des artistes, un vice réservé aux élus, inaccessible aux foules! Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 36.
REM.
Fécondance, subst. fém.Aptitude des mâles à féconder. Pour la reproduction des espèces, la nature a donné aux femelles la fécondité, aux mâles la fécondance (F. Cuvierds Littré).Au fig. Dans la pure et monotone vie des jeunes filles, il vient une heure délicieuse où le soleil leur épanche ses rayons dans l'âme, où la fleur leur exprime des pensées, où les palpitations du cœur communiquent au cerveau leur chaude fécondance, et fondent les idées en un vague désir (Balzac,E. Grandet,1834,p. 78.).
Prononc. et Orth. : [fekɔ ̃de], (je) féconde [fekɔ ̃:d]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. « rendre fécond, productif » (Thomas de Kent, Rom. de toute chevalerie, éd. Br. Foster, 42); 1796 fig. (Dusaulx, Voy. Barège, t. 2, p. 183). Empr. au lat. impérial fecundare « féconder, fertiliser ». Fréq. abs. littér. : 621. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 304, b) 848; xxes. : a) 776, b) 603.