| EXPULSION, subst. fém. A.− Action d'expulser une personne, un animal. 1. Mise en demeure, plus ou moins violente, de quitter le lieu où on se trouve : 1. C'est cette expulsion hors de la cité d'une âme, d'un animal expiatoire figurativement chargé de tous les péchés de la collectivité qu'avait pour but de représenter la cérémonie du bouc émissaire décrite dans le Lévitique (ch. XVI).
Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 53. − Spéc., DR. Mesure légale qui consiste à faire reconduire un étranger à la frontière, ou à contraindre un locataire à vider les lieux qu'il occupe. Décret, demande, menace, ordre, peine d'expulsion. Une importante discussion eut lieu dans le comité sur la question de suspension et d'expulsion (Charte Nations Unies,1946, p. 10). ♦ P. ext. Éviction d'un membre d'une communauté, ou d'un groupe, hors d'un lieu qu'il considère comme sien. Expulsion des princes, des rois, des congrégations, de l'ennemi. Quelle est cette fièvre d'expulsion? Je ne veux renvoyer personne (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., III, p. 153). 2. Au fig. Volonté d'exclure hors de soi une notion jugée étrangère : 2. Par moi-même j'aboutis régulièrement à cette impasse, de laquelle on ne peut sortir que par un acte de foi, un auto-da-fé, (...) une expulsion définitive des pensées de derrière la tête (mot de Pascal), bref un salto mortale duquel on ne revient que mort ou triomphant.
Amiel, Journal,1866, p. 168. − Rejet, par l'homme, d'une partie de lui-même. Là est la raison la plus profonde de l'expulsion du corps dans le royaume des choses (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 17). B.− Action d'expulser une chose. 1. Action de pousser hors de, de faire évacuer. Un liquide d'ambre [de l'orange] s'est répandu, accompagné (...) de la conscience amère d'une expulsion prématurée de pépins (Ponge, Parti pris,1942, p. 18). 2. MÉD., PHYSIOL. Action d'évacuer de l'organisme des substances liquides ou solides. Expulsion des matières fécales. L'autoréinfection répétée (...) déterminant de nouvelles éruptions de tubercules, − l'organisme tend à en provoquer l'expulsion (phénomène de Koch) (Calmette, Infection bacill. et tubercul.,1920, p. 172).À un mètre de lui cet homme assis sur la lunette (...) geint doucement pour aider à l'expulsion (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 158). ♦ P. anal. Phase de l'accouchement où l'enfant naît. Expulsion du fœtus. Les douleurs de la dilatation du col étaient parfois plus intolérables que les grandes douleurs de l'expulsion (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1087). 3. PHYS. Action d'arracher, d'éjecter. Une émission de rayons X consiste en une expulsion violente d'un atome d'hélium, accompagnée du recul de l'atome restant (MmeP. Curie, Isotopie,1924, p. 17). Prononc. et Orth. : [εkspylsjɔ
̃]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1309 « action de chasser » (A.N. JJ 41, fo92 rods Gdf. Compl.); 2. 1314 chir. expulsion des os (H. de Mondeville, Chirurgie, 1995 ds T.-L.); 1564 expulsion de la sanie (A. Paré, IX, 6 ds Littré). Empr. au lat. expulsio. Fréq. abs. littér. : 230. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 357; xxes. : a) 459, b) 238. |