| EXCLUSION, subst. fém. A.− [Le subst. suppose l'action d'une volonté] Exclusion de qqn (ou de qqc.) de qqc.Rem. Les deux compl. prép., ou l'un des deux, peuvent être omis si le cont. les suggère suffisamment. 1. Éviction de quelqu'un ou de quelque chose (d'un lieu où il avait primitivement accès, d'un groupe ou d'un ensemble auquel il appartenait). Motif, voie d'exclusion. Et Gamelin lui-même avait signé, peu auparavant, la pétition de la Commune qui demandait l'exclusion des vingt et un (France, Dieux ont soif,1912, p. 65).Depuis son exclusion du surréalisme [Joseph Delteil a publié] « les poilus », « Jeanne D'Arc » : inutile d'insister (Breton, Manif. Surréal.,2eManif.,1930,p. 105).− Je mets aux voix l'exclusion temporaire de la salle des séances! Je vous retire la parole! glapit le fausset du président (Vogüé, Morts,1899,p. 374) : 1. On achetait de la saccharine à des fraudeurs hollandais, pour la fabrication des sirops de grenadine et de citron. Ingelby, un beau matin, s'en déclara averti pour la première fois, manifesta une loyale indignation et réclama l'application de la clause d'exclusion.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 309. − En partic., CHIR. Opération destinée à soustraire du circuit gastro-intestinal un segment plus ou moins étendu (segment exclu) (cf. Méd. Biol. t. 2 1971). 2. Interdiction à quelqu'un d'accéder (en un lieu ou à une position), procédé qui vise à tenir à l'écart quelqu'un ou quelque chose. Anton. admission.La véritable philosophie ne donne l'exclusion à aucun principe raisonnable (Ac.1835, 1878).Que le jury d'admission et d'exclusion du salon prochain prenne garde à lui, car je me sens pour ma part une infinie démangeaison de lui dire son fait (Hugo, Corresp.,1831, p. 488): 2. ... des théâtres entiers de jeune garçons faisaient une concurrence redoutable aux théâtres d'hommes (voyez « Hamlet »). Je ne m'inquiète pas de savoir ce que le diable pouvait au juste perdre à cette exclusion des femmes, mais je vois bien que ce trait importe fort quand on considère les caractères féminins de Shakespeare.
Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 90. − En partic., vieilli, DR. CANON. Pouvoir de repousser un candidat dans l'élection du pape (v. exclusif II A ex. 6). Vous savez que Macchi [lors de l'élection du pape] a eu l'exclusion par insinuation de la France. Giustiniani avait déjà vingt-deux voix; on continuait à ouvrir le schede [les bulletins de vote], quand il reçut l'exclusion formelle de l'Espagne (Stendhal, Corresp., t. 3, 1831, p. 13). B.− [Le subst. marque un état de fait, une conséquence imposée par une situation] 1. LOG., MATH. ,,Relation de deux classes ou de deux ensembles qui n'ont aucun élément commun`` (Legrand 1972). 2. Loc. À l'exclusion de. À l'exception de, en ne prenant pas en compte. On leur accorda de faire des importations en Angleterre, à l'exclusion de tous les autres pays (Ac.1932).Je croirais, dis-je, que moi seul ai une âme intelligente, à l'exclusion des objets que je contemple (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 364).Ce banquet qui de tradition réunissait les deux familles (à l'exclusion de toute personne étrangère) se tenait dans une grange des Dérivat (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 21). Prononc. et Orth. : [εksklyzjɔ
̃]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [1remoitié xives. [ms.] esclusion (peut-être faute du scribe pour elusïon) (G. de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. König, I Mir 39, 242, var. ms. S)]; 1486 [éd.] exclusion (Expos. de la reigle M. S. Ben., fo84c ds Gdf. Compl.); rare jusqu'au xviies.; 1662 « action de tenir quelqu'un à l'écart, de le repousser » (La Rochefoucauld, Mémoires, éd. J. Gourdault, t. 2, p. 476); 2. 1649 loc. prép. à l'exclusion de (Desc., Pass., 29 ds Littré); 3. 1930 chir. (Lar. 20e). Empr. au lat. class. exclusio « id. » formé sur exclusum supin de excludere, exclure*. Fréq. abs. littér. : 335. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 588, b) 333; xxes. : a) 388, b) 510. Bbg. Cohen (M.). Inclusion, exclusion, justification. R. Ling rom. 1961, t. 25, pp. 251-263. − Gohin 1903, p. 295. |