| ![]() ![]() ![]() ![]() EX-3, préf. Préf. issu du lat. ex « hors de » et à basse époque « anciennement, ci-devant » lié par un trait d'union à un subst. ou à un adj. pour exprimer qu'une fonction ou qu'un état étaient occupés antérieurement par une pers. ou par une chose. A.− [En parlant d'une pers.] 1. [En compos. avec un subst.] a) [En parlant d'une charge pol., relig. ou professionnelle] Ex-ambassadeur, ex-archevêque, ex-baron, ex-capitaine, ex-capucin, ex-chambellan, ex-chancelier, ex-comte, ex-empereur, ex-général, ex-jésuite, ex-maréchal, ex-ministre, ex-notaire, ex-président, ex-roi... M. de Torpet, jeune ex-député (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1835, p. 29).Au bénéfice de l'ex-empereur (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 227): 1. Il avait la nausée de s'entendre appeler « Mon général » par d'anciens chefs restés à deux grades au-dessous, ou « mon jeune camarade » par des ancêtres comme l'ex-aide de camp de Mac-Mahon.
Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 175. b) [En parlant de la situation, du statut civil, familial, etc.] Ex-amant, ex-mari, ex-femme... Anna Deslions, ex-maîtresse de Bianchi (Goncourt, Journal,1857, p. 365).Mmede La Valette, l'ex-veuve du banquier Welles (Goncourt, Journal,1862, p. 1204): 2. La princesse de Guermantes en effet était morte, et c'est l'ex-madame Verdurin que le prince, ruiné par la défaite allemande, avait épousée.
Proust, Temps retr.,1922, p. 955. Rem. Si les composés énoncés ci-dessus sont cour, et, pour ainsi dire, institutionnalisés, le préf. ex- peut se lier à des catégories de personnes de toute espèce pour dire qu'elles ont perdu leur état ou leur fonction. Une ex-fille galante (Frapié, Maternelle, 1904, p. 127); une ex-putain (Camus, Requiem, 1956, 1repart., 3etabl., p. 854); un ex-petit-pion (Goncourt, Journal, 1890, p. 1172); des ex-hommes de gauche (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 41); une ex-demoiselle à la mode (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 102) : 3. ... or, celui qui parlait ce langage un peu trivial, c'était notre ancienne connaissance Rocambole, ex-président des valets-de-cœur, ex-vicomte suédois, et on pourrait presque dire ex-défunt.
Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 305. 2. [En compos. avec un adj.] Exprime une qualité passée, qui n'existe plus. Comme une ex-jolie femme (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 67).Les pays ex-colonisés ont pris conscience des superprolétarisations qui en dérivent (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 267). B.− [En parlant d'une chose] 1. [La chose dont on parle n'existe plus comme telle] a) [En parlant d'une chose abstr.] Tout était bien en harmonie dans l'ex-système de tragédie (Vigny, Lettre Lord***, 1829, p. 269).Les détails de mon ex-vie lui sont plus présents qu'à moi! (Goncourt, Journal,1873, p. 926). b) [En parlant d'une chose concr.] À certains endroits de la tranchée, là où un sac de terre a crevé en laissant une alvéole boueuse, on retrouve, à hauteur de ses yeux, l'empierrage de l'ex-route rogné à vif (Barbusse, Feu,1916, p. 302).Ex-champs de mil semés de palmiers doums (Gide, Retour Tchad,1928, p. 907): 4. ... leurs plumets indescriptiblement pendants et lamentables, ex-queues de coqs passées queues de rats!
Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., VI, p. 158. 2. [La chose dont on parle a perdu sa fonction] M. Rose avait apporté dans le jardin l'ex-canon d'alarme du Superbe (Hugo, Corresp.,1855, p. 215).Vous irez apprendre vos leçons dans l'ex-chambre de ma sœur Gabrielle, transformée en salle d'études (H. Bazin, Vipère,1948, p. 46). Étymol. et Hist.
A.− En lat., le préf. ex- est utilisé devant des adj. ou des subst. pour désigner une charge qu'on a cessé d'exercer :
exconsularis, is, ex consularibus. « Ancien(s) consulaire(s) »
ex liberto. « Ancien affranchi »
ex magistro, ex magistris. « Ancien(s) maître(s) »
ex medico. « Ancien médecin »
ex praefecto ou expraefectus. « Ancien préfet »
B.− Les dict. de Trév. ainsi que le dict. de l'Ac. jusqu'en 1798 orthographient indifféremment les composés en ex- en un seul mot ou avec un trait d'union : exrecteur (Ac. 1740); ex-recteur (Ac. 1762); exassistant, exdéfiniteur; ex-oratorien (Trév. 1752).
C.− Vitalité. Employé initialement dans le vocab. ecclésiastique devant un nom de charge ou de dignité pour signifier qu'une pers. ne l'assume plus, le préf. ex- s'est répandu largement dans d'autres domaines. Toutefois, s'il est cour. dans le domaine de la pol. ou de la vie civile, sa généralisation aux domaines les plus variés est évidente comme en témoignent des créations humoristiques ou très frappantes, lorsque le préf. s'applique à des choses, par exemple. L'emploi du préf. s'est à ce point généralisé qu'il peut être employé elliptiquement « son ex- (amant, mari) » ds Rob. Prononc. et Orth. Cf. e-1. Bbg. Darm. 1877, p. 222. − Goosse 1975, p. 35. − König (W.). Die Präfixe dis-, de- und ex- im Galloromanischen. Leipzig-Gronau, 1935. − Väänänen (V.). Ex- « ancien ». In : [Mél. Blatt (F.)]. Gyldendal, 1973, pp. 665-674. |