| ![]() ![]() ![]() ![]() ERRANT2, ANTE, part. prés. et adj. I.− Part. prés. de errer*. II.− Adjectif A.− Vx, littér. Qui se trompe, qui est, qui s'égare dans l'erreur (v. errer A). Les catholiques sont tous occupés de damner leurs frères errants (Lamennais, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 33). − Emploi subst. : 1. Les guerres des Albigeois, les persécutions contre les vaudois, les cathares, les bogomiles (...) ne me choquent pas plus que les croisades : c'étaient là réellement des errants, sortant de la grande forme de l'humanité...
Renan, Avenir sc.,1890, p. 346. B.− Usuel (avec souvent interférence de sens avec errant1). Qui va çà et là sans direction ni but précis, sans se fixer nulle part (v. errer B). 1. [Le mot déterminé désigne un animé] a) [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une collectivité] Chiens errants. Les routes sont encombrées de familles errantes qui fuient au hasard et sans savoir où (Gide, Journal,1940, p. 26): 2. ... les hordes errantes le sont parce qu'elles abandonnent chaque matin la place occupée chaque soir, qu'elles déplient et replient leurs tentes sans rien fertiliser alentour, ajoutant en les piétinant à la stérilité des déserts, parce qu'elles ne savent jamais que faire halte.
Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 129. ♦ Esprit, âme errante. Âme en peine, spectre, fantôme. L'âme de ce mort sortait de sa demeure paisible et devenait une âme errante qui tourmentait les vivants (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 18). − Emploi subst. : 3. ... jamais elle [Lydie] n'avait pu voir un chemineau s'arrêter le soir à ce croisement de routes (...) sans songer que cet errant avait été tout petit, bercé, choyé par une mère tendre...
A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 71. b) [En parlant d'un attribut de la pers.]
α) [d'un élément de sa morphol.] Leurs mains errantes cherchaient sur leur visage (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1390).À peine effleurent-ils de doigts errants ta vie [d'Anne] Tout leur sang les accable aussi lourd que la mer (Valéry, Alb. vers anc.,1900, p. 56). − [d'une activité, d'un comportement] Le regard errant va chercher ses visions à côté et comme derrière nous toujours (Alain, Beaux-Arts,1920, p. 29). − [P. hypallage, d'une pers. errante]. Au cours de notre promenade errante (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 278).Sa course errante à travers les taillis dans la grande colère du vent et le flagellement de la pluie (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1301). ♦ Mener une vie errante. Se déplacer beaucoup, voyager sans cesse. « L'Univers est une espèce de livre dont on n'a lu que la première page, quand on n'a vu que son pays. » Il vécut donc une vie errante (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 234).P. métaph. Les griots sont les gens du monde les plus philosophes et les plus paresseux; ils mènent la vie errante et ne se soucient jamais du lendemain (Loti, Spahi,1881, p. 156).
β) [d'un élément de sa vie intérieure] Imagination errante. Les caractères excessifs et les cœurs errants (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 13, 1863-69, p. 199): 4. En somme, quand je la voyais, je remarquais qu'elle avait un grain de beauté, mais ma mémoire errante le promenait ensuite sur la figure d'Albertine et le plaçait tantôt ici tantôt là.
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 876. 2. [En parlant d'un inanimé] Qui se déplace en tous sens sans se fixer nulle part. a) [d'un inanimé concr.] Le ciel immense, où passaient lentement des brumes errantes (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 233).La barque errante, symbole immémorial de la destinée humaine (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 336): 5. les jeunes filles. − Si tu peux saisir en ta main close l'ombre errante des nuages, alors; essaie de fixer sur toi l'amour des hommes.
Giono, Esq. mort Hélène,1943, p. 356. − Vx. Astres, étoiles errantes. Les planètes, par opposition aux étoiles fixes. Tu n'es point l'habitant d'une planète errante (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 148). b) [d'un inanimé du domaine des sens] Cette névralgie errante (Michelet, Journal,1843, p. 512).La lumière errante des falots (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 34): 6. Un parfum subtil, errant, inidentifiable, offrait juste le début d'une prise floue, puis s'évanouissait dans l'air redevenu neutre.
Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 20. Prononc. et Orth. Cf. errant1. STAT. − Errant1 et 2. Fréq. abs. littér. : 1 670. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 373, b) 2 492; xxes. : a) 2 233, b) 1 544. |