| ENTRE-DEUX, ENTREDEUX, subst. masc. A.− 1. Espace délimité par deux choses. Une ouverture qui communique avec l'entre-deux des lobes du manteau, et qui doit tenir lieu de trachée (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 132).J'avais déposé mon papier dans l'entre-deux de portes formant antichambre sur l'escalier tournant (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 141).Les entre-deux des pierres livreront passage aux premiers glissements des reptiles rassurés (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 150).Elle [Manette] passait, de temps en temps, sur le commencement de rondeur et l'entre-deux moite de ses seins, la caresse distraite du bout de ses doigts (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 342). 2. Emplois techn. − COUT. Bande tulle, de dentelle, de broderie entre deux parties rapportées d'un tissu. Le devant du tablier est formé de trois biais très-larges en velours noir séparés par des entredeux (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 711). − CUIS. Entre-deux de morue (Ac. 1798-1878, Littré, Rob.). La partie entre la tête et la queue du poisson. − Intervalle entre deux solives. Aucune pièce de la maison n'avait de plafond, toutes présentaient ces solives blanchies à la chaux, dont les entre-deux sont plafonnés de blanc-en-bourre (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 140). − ÉBÉNISTERIE. Petit meuble à hauteur d'appui, le plus souvent en marqueterie de bois exotique destiné à être placé entre deux fenêtres ou deux portes (d'apr. Havard 1888). − SP. (baskett). ,,Jet du ballon par l'arbitre entre deux joueurs pour la reprise du jeu`` (Lar. Lang. fr., Lexis 1975). B.− 1. Espace de temps entre deux dates, deux événements. Je connais les Baillard de leur berceau jusqu'à leur tombe, avec toutes les étapes de l'entre-deux (Barrès, Cahiers,t. 8, 1909-11, p. 231): On se contente d'opposer François de Sales à Saint-Cyran, les Jésuites à la famille Arnauld. On oublie l'entre-deux si riche, un demi-siècle de sainteté.
Bremond, Hist. littér. du sentiment religieux en France, t. 4, 1920, p. 25. 2. État intermédiaire entre deux extrêmes. En Allemagne, il y a le prolétariat et puis l'aristocratie de la terre, de l'industrie, de l'argent. Pas d'entre-deux (Barrès, Génie Rhin,1921, p. 170).Nous autres avons peur de la foudre et végétons comme nous pouvons, dans l'entre-deux de la vérité et du mensonge, le clair-obscur de la justice et de l'injustice mêlées (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 13). Rem. gén. On notera l'existence parallèle des formations du type entre-cuisse(s) et du type entre-deux-guerres. Les coteaux de Benauge, derniers vallonnements de ce pays perdu, appelé l'entre-deux-mers (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 106). La clef suprême, celle qui défendait toutes les autres, celle de l'armoire anglaise, ne quitta plus l'entre-deux-seins de la maîtresse de maison (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 58). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃tʀ
ədø]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. entre-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 a. fr. désigne un coup d'épée par le milieu (Eneas, 9731 ds T.-L.); 2. a) 1314 « espace entre deux choses, intervalle (ici, anat.) » (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 92); b) 1394 en parlant d'une bande de tissu (Recueil de documents relatifs à l'hist. de l'industrie drapière en Flandre par G. Espinas et H. Pirenne, Bruxelles, Kiessling, 1906-24, t. 2, p. 306 ds IGLF); c) 1542 ameubl. (Recueil d'Actes Notariés, éd. E. Coyecque, I, 349, ibid.). Composé de entre* et de deux*. Fréq. abs. littér. Entre-deux : 143. Bbg. Lew. 1960, p. 137. |