| ENTRÉE, subst. fém. I.− [Le mot désigne un procès] A.− [Correspond à entrer A] 1. Action d'entrer, de passer de l'extérieur à l'intérieur. L'entrée du bateau dans le port, du train en gare; faire son entrée; à son entrée, tout le monde se mit à rire : 1. L'entrée dans sa chambre d'un homme peu vêtu et qui la désirait la rejetait entièrement en une seconde à la pensée de Camille...
Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 228. ♦ Donner entrée. Donner accès. Des rochers (...) entr'ouverts jusqu'à leurs bases profondes, donnent entrée à la mer (Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 23). − HIST. Cérémonie solennelle à l'occasion de l'arrivée d'un monarque, d'un ambassadeur, etc. dans un pays, une ville, etc. L'entrée solennelle du Parlement, du roi à Paris. Car, parfois, enjambant la grille, les polissons se risquaient à monter en croupe du débonnaire monarque, surtout les jours d'entrée royale ou d'exécution curieuse (Gautier, Fracasse,1863, p. 290). − THÉÂTRE. Entrée en scène. Apparition de l'acteur sur la scène au moment où l'exige son rôle. Au fig. Mais un nouvel orage se prépare. C'est l'entrée en scène des forces ennemies qui opèrent en Belgique, sur cette même rive nord de la Lys (Foch, Mém.,t. 1, 1929, p. 182): 2. Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie. Puis eux aussi s'escamotaient dans les coulisses. Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes.
Puis de ceux d'Afrique et d'Europe.
Puis de ceux d'Amérique du Sud.
Puis de ceux d'Amérique du Nord.
Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d'entrée en scène.
Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 460. ♦ Entrée employé p. ell. de entrée en scène. Jacques se sentait piteux de cette entrée manquée comme d'une histoire drôle qui fait long feu (Gracq, Beau tén.,1945, p. 160). − GESTION. Ce que reçoit une entreprise, une administration. Les mouvements d'entrée et sortie attestant la richesse du corps sont justifiés par : − les factures, − les certificats administratifs, − les extraits de procès-verbaux (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 228). ♦ Subst. fém. plur. Se dit des valeurs, des marchandises reçues dans une entreprise pendant une certaine période. Livre des entrées (cf. Littré). − COURSES, subst. fém. plur. Somme versée par le propriétaire qui engage un cheval pour une course (d'apr. Littré et Lar. encyclop.). − INFORMAT. ,,Donnée ou information transférée ou à transférer dans un ordinateur à partir du monde extérieur`` (Le Garff 1975). ♦ Organe d'entrée. ,,Partie de la machine dont le rôle est de lire sur des supports tels que la bande ou la carte perforée, ou la bande magnétique, l'information relative au programme et aux données et de la transférer dans la mémoire interne de la machine`` (LhostePèpe 1964). ♦ Organe, unité d'entrée-sortie. ,,Qui permet à la fois l'entrée et la réception de l'information traitée`` (CIDA 1973). 2. Possibilité d'accès à un spectacle, à une institution, à une fonction, etc. Examen, concours d'entrée; billet d'entrée; l'entrée de qqn à l'Académie, en sixième, etc. Les droits d'entrée et de halle sur la marée qui se débitait à Paris (Say, Écon. pol.,1832, p. 509).Le curé refusa l'entrée de l'église à leurs cadavres et sa bénédiction à leurs cercueils (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Saut, 1882, p. 12): 3. L'on sait que l'entrée au Louvre est gratuite le dimanche et que beaucoup de visites scolaires gratuites ont lieu le jeudi après-midi. D'une façon générale, on est en mesure d'affirmer que le nombre des entrées gratuites équivaut à celui des entrées payantes...
Les Musées en France,1950, p. 26. − Subst. fém. plur. Avoir ses entrées. ,,Privilège attaché à certains rangs et à certaines charges, d'entrer à certaines heures dans la chambre du roi (...). Les grandes entrées se disait des entrées qu'avaient les gentilshommes de la chambre (...). Les petites entrées se disait des entrées que donnaient les autres charges`` (Littré). ♦ P. ext. Avoir accès à un milieu fermé, être le familier d'une personne importante. [Ils] Ont leurs petites entrées dans les meilleurs salons (Goncourt, Journal,1857, p. 417). B.− [Correspond à entrer B] 1. Début, commencement d'une activité. Entrée en action, en campagne, en convalescence, en fonction(s), en guerre, etc. : 4. L'Assemblée prit fin après l'entrée en fonctions du Sénat, dont les membres étaient alors en partie inamovibles et nommés par l'Assemblée elle-même.
Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 235. − Entrée en jeu, en ligne. Intervention : 5. Le retard dans l'entrée en ligne de nos réserves ne permit pas à notre victoire foudroyante du premier jour d'avoir d'éclatants lendemains.
Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 77. 6. Les voilà approvisionnés de pétrole. Ah, ils tiennent encore le bon bout. Quelle raison auraient-ils de faire la paix?
− « L'entrée en jeu des troupes américaines! »
Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 897. 2. Début d'une période. L'entrée de l'hiver; à l'entrée de la nuit; entrée en vigueur. 3. Chose annonçant le début d'une action. Entrée en matière. − Entrée de ballet ou p. ell. entrée. Divertissement exécuté par un certain nombre de danseurs dans un ballet, dans un opéra : 7. Un héraut est chargé du récitatif de cette longue scène, où mille acteurs divers chantent ou dissertent, selon leur rôle. Des jardiniers et jardinières, des bûcherons, oiseleurs, pêcheurs, forment une sorte d'entrée de ballet.
Nerval, Le Second Faust,1840, p. 199. ♦ ,,Nom qu'on donnait jadis à l'air de symphonie sur lequel entraient les sujets de la danse dans un acte d'opéra`` (Bach.-Dez. 1882). ,,Ritournelle qui, dans un mélodrame, annonce l'entrée en scène d'un personnage`` (Littré). − Entrée de jeu. Ne voyant dans le mariage qu'une entrée de jeu et un permis de circulation (France, Île ping.,1908, p. 332): 8. Le marquis de Villemaurin, vieux raffiné des plus compétents en matière de point d'honneur, disait que le duel est un jeu noble, où tout, depuis le commencement jusqu'à la fin de la partie, doit être correct. Or, un coup de poing dans le nez pour une demoiselle Victorine Tompain était la plus ridicule entrée de jeu qu'on pût imaginer.
About, Le nez d'un notaire,1862, p. 38. ♦ Loc. adv. D'entrée de jeu. Dès le début. Il nous fallut d'entrée de jeu leur conter notre aventure (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 85). Rem. Les dict. signalent aussi la loc. d'entrée « d'emblée »; elle n'est pas attestée ds la documentation. − Entrée de table ou entrée. Plat qui précède le rôti, le plat principal. Des entrées riches. Les relevés et les entrées s'en allèrent et se promenèrent ainsi lentement, sans que le rire perlé des dames devînt plus aigu (Zola, Curée,1872, p. 340). II.− [Lieu, moyen permettant d'entrer] A.− Lieu, ouverture par où l'on entre. L'entrée du port, de la maison, de la chambre, de la rue, d'une manche, d'une bouteille, etc. ♦ Entrée des artistes. Entrée d'un théâtre réservée aux artistes. Rôdant parmi ce qui encombre une entrée des artistes (Zola, Nana,1880, p. 1261). ♦ Entrée de service. Entrée réservée aux fournisseurs, aux domestiques, etc., dans un hôtel particulier, une maison bourgeoise. Elle atteignit l'entrée de service de l'hôtel et pénétra dans les cuisines (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 150). ♦ Petites entrées (vx, rare). Madame Camusot, introduite par les petites entrées, resta pendant dix minutes seule dans un boudoir attenant à la chambre à coucher de la duchesse (Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 387). ♦ Entrée employé p. ell. de porte d'entrée. Une ancienne logette de portier à grosses poutres, carrelée, suspendue au-dessus de l'entrée cochère (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 42). − Spéc. Petite pièce séparant la porte d'un édifice des pièces d'habitation. Déposer son manteau, son parapluie dans l'entrée. Synon. hall, vestibule. − AÉRON. Entrée d'air. Orifice admettant l'air à l'intérieur des moteurs aérobies (d'apr. Lar. encyclop.). − SERRURERIE Petite plaque de fer ou de cuivre protégeant l'ouverture où l'on engage la clef (d'apr. Havard t. 2 1888). Le placage uniforme a une telle vogue qu'on évite même les anneaux de tirage et que les entrées de serrure sont rarement soulignées par un motif de bronze (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 133). B.− P. ext. Ce par quoi on accède à une donnée, une information. 1. MATH. Table à double entrée. ,,(Table) dont chaque terme appartient à une ligne et à une colonne`` (Lar. encyclop.) : 9. Réduite à son expression la plus pure, et dégagée de toute image métaphorique, la pensée de Linné consiste à remplacer une série linéaire, ou à simple entrée, par une série à double entrée.
Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 362. 2. LEXICOGR. Mot mis en vedette au début de chaque article d'un dictionnaire. Synon. adresse.Pour l'entrée des articles de ce dictionnaire, nous nous sommes strictement conformés à la tradition lexicographique (TLFt. 1, p. XXVIII). Rem. Mounin 1975 indique qu'il s'agit d'un calque de l'angl. − INFORMAT. ,,Adresse de la première instruction à traiter d'une séquence de programme ou de sous-programme`` (Ging.-Lauret 1973) ; cf. aussi Le Garff 1975). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃tʀe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 « lieu par où l'on entre » (Ph. Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1659); b) 1160-74 p. ext. « abords, lieu où commence quelque chose (ici l'orée du bois) » (Wace, Rou, III, 574 ds Keller, p. 37 b); 2. a) 1130-40 « action d'entrer, accès » (ici, au paradis) (Id., Conception, éd. W. R. Ashford, 1585); b) ca 1210 paier entree (ici au fig.) (Dolopathos, 137 ds T.-L.); c) 1462 « droit sur l'introduction de marchandises » (Ordonnances des rois de France, XV, 563 ds Bartzsch, p. 96); d) 1679 plur. « droit d'entrer dans la chambre du roi » (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 25 déc., II, 543, éd. Gérard-Gailly ds Quem. Fichier [ms.]); 3. ca 1176 « début, commencement » l'entree d'oitovre (Chr. de Troie, Cligès, éd. A. Micha, 1045). Part. passé fém. substantivé de entrer*. Fréq. abs. littér. : 5 416. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 290, b) 8 033; xxes. : a) 7 817, b) 7 806. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 446. − Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. (Thèse. État. Paris. 1972). |