| ENTÉLÉCHIE, subst. fém. PHILOSOPHIE A.− TRADITION ARISTOTÉLICIENNE. Principe créateur de l'être, par lequel l'être trouve sa perfection en passant de la puissance à l'acte; p. méton., l'être lui-même en tant que réel et source d'action. Il [Dieu] est ce qu'Aristote appelle une entéléchie (...) un être ayant en soi sa fin et sa perfection (Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p. 158). − P. ext. Chose ou être qui permet à l'esprit ou au cœur de trouver son plein épanouissement. Ses lettres [à Alissa] étaient mon seul refuge, et son souvenir, comme eût dit Ronsard, « ma seule entéléchie » (Gide, Porte étr.,1909, p. 550). ♦ Péj. Principe abstrait. Quant à Rousseau, il n'a fait qu'habiller des raisonnements et des systèmes. Julie et Claire sont des entéléchies, elles n'ont ni chair ni os (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 425). B.− DOCTRINE VITALISTE. ,,Force vitale distincte de la matière et gouvernant par sa finalité propre les mécanismes qui conduisent à une adaptation biologique`` (Thinès-Lemp. 1975). Les vitalistes pensent à l'entéléchie comme à un tout vivant qui procrée et anime ses parties (J. phys. et Radium,1935,p. 173D).D'après eux, [les vitalistes] les processus responsables de l'unité de l'être vivant étaient dirigés par un principe indépendant, une entéléchie, une idée analogue à celle de l'ingénieur qui construit une machine (Carrel, L'Homme,1935, p. 38). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃teleʃi]. Ds Ac. 1762. Étymol. et Hist. Ca 1380 endelechie (J. Lefevre, trad. La Vieille, 222 ds T.-L.); 1564 entelechie (Rabelais, Le Cinquième Livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 69). Empr. au b. lat.entelechia « essence de l'âme (suivant Aristote) », gr. ε
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α « énergie agissante et efficace (p. oppos. à la matière inerte) ». Fréq. abs. littér. : 18. Bbg. Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 287. − Rétif (A.). Anatole France et le dict. Vie Lang. 1973, p. 264. |