| ENTER, verbe trans. A.− ARBORIC. Procéder à une ente (v. ente1); greffer. On demandait à Gaspard d'enter les arbres, parce qu'il avait la main à cela (Pourrat, Gaspard,1930, p. 180): 1. alcmène. − Toi tu fais tout exprès, chéri, soit que tu entes tes cerisiers sur tes prunes, soit que tu imagines un sabre à deux tranchants.
Giraudoux, Amphitryon 38,1929, II, 2, p. 82. − P. métaph. ou au fig. (S')enter sur.Je sais de science certaine que le père Grandet, en réunissant tous ses biens à la terre de Froidfond, avait l'intention de s'enter sur les Froidfond (Balzac, E. Grandet,1834, p. 231).Son parisianisme [de Capus] était enté sur le porte-greffe provincial (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 510): 2. Notre civilisation capitaliste elle-même est l'arrière petite-fille de l'économie mercantile qui s'est entée au Moyen-Âge sur l'économie féodale.
Les Gds courants de la pensée mathématique,1948, p. 513. B.− P. anal., TECHNOL. Emboîter deux pièces de bois bout à bout. Les poteaux montants étaient entés l'un sur l'autre (Degrand, Résal, Ponts en maçonn.,1888, p. 630). Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. enté, ée, hérald. ,,Se dit de deux parties de l'écu qui entrent l'une dans l'autre par des échancrures rondes`` (Bach.-Dez. 1882). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃te], (j')ente [ɑ
̃:t]. Homon. hanter. Ds Ac. dep. 1694 (sauf Ac. 1878). Étymol. et Hist. Fin xies. judéo-fr. « greffer » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 47); 1erquart xiiies. fig. (Reclus de Molliens, Carité, 169, 6, ds T.-L. : [Carités] ... en son cuer autrui mal ente). Du lat. vulg. impŭtare « greffer » attesté dans les gloses (TLL s.v. imputare, 732, 64) dér. de inpotus « greffe, ente » attesté ds la Loi Salique (loc. cit. 733, 29 [lire inputōs]) formé à partir du gr. ε
́
μ
φ
υ
τ
ο
ς « implanté »; le mot (le φ gr. étant rendu par p et non par f) s'est probablement transmis avec la pratique de la greffe par l'intermédiaire des colonies grecques de Provence avant la venue des Romains en Gaule. Fréq. abs. littér. : 22 (enté : 41). DÉR. Enture, subst. fém.a) Arboric. ,,Ouverture où l'on place une ente, une greffe`` (Ac. 1932). Il faut faire l'enture avant que de placer l'ente (Ac.). b) P. anal., charpent. Assemblage par entailles de deux pièces de bois mises bout à bout. Si la pièce de bois utilisée n'est pas assez longue pour y débiter le longeron [d'aile d'avion], on fait un assemblage par « enture » (Guillemin, Constr., calcul et essais avions,1929, p. 101).− [ɑ
̃ty:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. − 1resattest. a) fin xives. « coupure, entaille » (Gloss. Aalma, 6043, éd. M. Roques, II, p. 207), 1578 « partie entée » (La Boderie, Harm. du monde, p. 755 ds Gdf.); b) 1723 « assemblage par entaille de deux pièces de bois » (Savary); c) 1878 « opération frauduleuse » (Lar. 19eSuppl.); du rad. de enter*; suff. -ure*. BBG. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien... Berlin, 1902, p. 433. |