| ENSEIGNEMENT, subst. masc. A.− Fait de transmettre un savoir de type scolaire. 1. Emploi abs. Ce fait considéré en lui-même, comme une fonction, une mission (individuelle ou collective). Être chargé d'enseignement; établissement d'enseignement; entrer dans, quitter l'enseignement. L'Université avait interdit l'enseignement aux Dominicains (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 1, 1824, p. 414).Est-il possible à un enseignement d'être strictement neutre? (Martin du G., J. Barois,1913, p. 449): 1. Je suis partisan du maintien des études classiques. Je rêve toutefois d'un enseignement qui superposerait les sciences et les lettres comme deux éducations nécessaires de l'esprit. Il faut maintenir les lettres, mais y faire pénétrer la science.
Barrès, Mes cahiers,t. 9, 1911-12, p. 208. − P. méton. Temps pendant lequel une personne enseigne. Synon. cours, leçon.Ce spectacle d'un Lagrange qui, au milieu de son enseignement, s'arrêtait tout à coup, rêvait... (Michelet, Peuple,1846, p. 337). SYNT. Enseignement et éducation, recherche; adjoint d'enseignement; licence d'enseignement; cycle, matière, méthode, niveau d'enseignement; assurer, dispenser, donner, écouter, recevoir, suivre un enseignement. 2. Ce fait envisagé du point de vue des personnes. a) [Suivi d'un compl. désignant le dispensateur de l'enseign.] La princesse Clémentine (...) frappée des fruits admirables de l'enseignement des Jésuites (Michelet, Journal,1842, p. 396).L'enseignement des juristes de l'ancienne Rome (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 93). b) [Suivi d'un compl. désignant le bénéficiaire de l'enseign.] L'enseignement de la jeunesse est la première et la plus noble charge d'un état (Lamart., Corresp.,1834, p. 7). 3. Ce fait envisagé du point de vue a) de son contenu ou de sa progression. Enseignement de l'architecture, de la grammaire, de la physique; enseignement agricole, musical. Centres d'enseignement technique et professionnel (Sartre, Nausée,1938, p. 111).L'enseignement des langues vivantes et de la musique classique (Disque Fr.,1963, p. 19). SYNT. Enseignement de l'histoire, de la médecine, des sciences; enseignement commercial, hôtelier, ménager, social. b) de sa méthode ou de ses conditions techniques. Enseignement audio-visuel, collectif, individuel, magistral, moderne, pratique, traditionnel. Ici les grandes enseignent les petites. C'est ce qu'on appelle l'enseignement mutuel... (France, Bonnard,1881, p. 408): 2. Il y a des admirations consacrées dont je ne donnerais pas deux liards. Par exemple, l'enseignement classique a tout déformé, nous a imposé comme génies des gaillards corrects et faciles, auxquels on peut préférer les tempéraments libres, de production inégale, connus des seuls lettrés.
Zola, L'Œuvre,1886, p. 350. 4. P. méton. a) Personnel dispensant l'enseignement. L'enseignement fait grève. La place prise par les laïcs dans l'enseignement catholique (Monde,13 juin 1978, p. 18, col. 2). b) Organisme dispensant l'enseignement, envisagé du point de vue − du niveau des connaissances enseignées. Enseignement élémentaire, supérieur; enseignement du 1er, du 2edegré : 3. Je devais retrouver presque tout au long de l'enseignement secondaire cette grande bonté affectueuse et paternelle, cette piété du patron et du maître que nous avions trouvée chez tous nos maîtres de l'enseignement primaire.
Péguy, L'Argent,1913, pp. 1130-1131. − de son statut juridique. Enseignement catholique, privé, public, semi-public. Réclamez, (...) l'enseignement gratuit et obligatoire (Hugo, Corresp.,1863, p. 445).Professeur dans divers établissements d'enseignement libre (Billy, Introïbo,1939, p. 9). B.− P. ext. Transmission d'un savoir, le plus souvent non scolaire. Ils [les impressionnistes] haïssaient l'enseignement et ils ne prétendirent jamais enseigner (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 210). − P. méton., souvent au plur. [L'accent est mis sur l'expérience, surtout morale et religieuse, acquise au contact d'une réalité de la vie, d'une doctrine ou d'une pers.] 1. Abs. Ce qui enrichit, à la manière d'une leçon, la pensée ou l'action. Riche d'enseignements; tirer un enseignement de. Synon. conseil, instruction, précepte.Des mémoires pleins d'enseignement (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 97).Une épreuve pleine d'enseignements (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 93): 4. L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducateur, et un éducateur à la fois sévère et dangereux.
Valéry, Variété III,1936, p. 281. 2. [Suivi d'un compl. déterminatif indiquant le dispensateur de l'enseign.] Enseignement(s) du christianisme, de l'Église, de l'Évangile. Les enseignements d'une expérience millénaire (Proust, Guermantes 1,1920, p. 27).L'enseignement de cette grève aura été donné en vain (Malraux, Conquér.,1928, p. 74).Les paroles et les enseignements du Christ (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 10). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃sε
ɳ(ə)mɑ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1170 « précepte, leçon » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner Guigemar, 244); 1771 enseignement public (Abbé Baudeau, Première introduction à la philosophie économique ds Brunot t. 6, 1, p. 111). Dér. de enseigner; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. : 2 085. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 147, b) 2 357; xxes. : a) 3 859, b) 3 450. Bbg. Duch. Beauté 1960, pp. 6-7. − Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 329. − Pt vocab. technol. Actual. terminol. 1972, t. 5, no8, p. 4. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 11, 107, 148. |