| ENJAMBEMENT, subst. masc. A.− Rare. Action d'enjamber (v. ce mot I A). Synon. usuel enjambée.L'enjambement silencieux du corps étendu par les deux longues jambes qui vont, lentement et sûrement (Giraudoux, Judith,1931, p. 192). − Au fig. Ce cher XIXesiècle, qui, pour nous faire plaisir, pour nous permettre à nous autres de savoir ce que c'est qu'un monde habitable, avait fait un enjambement d'un peu plus de dix ans sur le calendrier (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 249). B.− VERSIF. Rejet au début du vers suivant d'un ou plusieurs mots indispensables à la compréhension du sens du premier vers : ... c'est à titre de simple échantillon que je préconiserai ici l'enjambement moderne, surenchère à l'enjambement romantique, où ce n'est pas le sens seul qui enjambe, mais le son, la rime, qui se décompose à cheval sur la fin du vers et le début du suivant :
« Ne parlez pas d'amour. J'écoute mon cœur battre
Il couvre les refrains sans fil qui l'ont grisé
Ne parlez plus d'amour. Que fait-elle là-bas
Trop proche et trop lointaine ô temps martyrisé »
(si l'on me permet de me citer sans honte).
Aragon, Le Crève-cœur,1941, p. 76. − P. anal., MUS. Ces « enjambements » [croisement de l'alto et du ténor] sont une cause de variété (Pirro, Descartes et mus.,1905, p. 72). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃
ʒ
ɑ
̃bmɑ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1562 « action d'enjamber » (Du Pinet, Pline, VI, 1 ds Gdf. Compl.); spéc. 1680 terme de versif. (Rich.). Dér. du rad. de enjamber*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 25. |