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ENGENDRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de engendrer*.
II.− Adjectif
A.− Qui résulte d'une genèse.
1. En gén. [En parlant d'un phénomène vital] Qui a été créé, promu à l'existence :
1. ... le mouvement est à l'origine de la génération des êtres (...) la cause du mouvement générateur est la cause des êtres engendrés. Dans un monde comme celui d'Aristote, tout est donné, et le premier moteur, et les moteurs intermédiaires, et le mouvement, et les êtres que ce mouvement engendre. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1931, p. 79.
2. [En parlant d'êtres gén. hum.] Qui a reçu la vie d'un être de même espèce (généralement par voie sexuée). Tout ce qui est engendré périra, tout ce qui est mort doit revivre; les êtres actuellement disparus séjourneront dans les matrices non encore formées (Flaub., Tentation,1874, p. 87).L'enfant (...) est le signe indélébile de ce qu'a voulu (...) la raison amoureuse d'unité et d'éternité : elle a marqué de son sceau l'œuvre engendrée (Blondel, Action,1893, p. 259).
Emploi subst. Celui, celle qui a été procréé(e). Chacun peut noter des ressemblances psychologiques frappantes entre générateurs et engendrés, ainsi qu'entre consanguins (Mounier, Traité caract.,1946, p. 53).
P. anal., MYTH., THÉOL. Proclus (...) considère le soleil sous deux rapports, comme Dieu non engendré et comme Dieu engendré, sous le rapport de principe lumineux qui éclaire tout, il est sacré; il ne l'est pas, considéré comme corps (Dupuis, L'orig. cultes,1796, p. 387).
Emploi subst. masc. sing. invar. La médiation est la fonction essentielle du Logos judéo-hellénistique; il y est disposé par sa situation unique, à la limite du Créateur et de la créature, de l'inengendré et de l'engendré (Philos., Relig.,1957, p. 3603).
B.− P. métaph. et au fig.
1. [En parlant d'une chose concr.] Qui a pris forme, qui s'est réalisé, produit. Aucune force plastique diminuée; destruction d'organes; actions putrides diverses engendrées (Bernard, Principes méd. exp.,1878, p. 165).Le plus beau des soleils engendrés dans l'espace (Sully Prudh., Justice,1878, p. 232).Le pays est noyé d'eau. Le sol, de nature argileuse, en est vite saturé et la rend, et la boue engendrée abonde, aussi compacte que profonde (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 106).
2. [En parlant d'une chose abstr.] Qui a été conçu, élaboré. Toutes les idées ne sont pas encore engendrées; mais quand elles naissent, c'est pour vivre sans fin (Chateaubr., Et. disc. hist.,t. 4, 1831, p. CXLIX).Il faut suivre l'acte volontaire depuis son début et voir la suite des sentiments engendrés dans l'esprit du malade (Janet, Obses. et psychasth.,1903, p. 266):
2. Il y a des gens étincelants, des parleurs de l'ordre des parleurs, qui vous étonnent par la suite infinie des propos inattendus (...). Et toutefois, ce jeu et cette création si variés, si abondants, donnent enfin l'étrange impression de l'automatisme (...). La suite de tant de trouvailles donne l'idée d'une série mécaniquement engendrée. Valéry, Tel quel I,1941, p. 29.
Fréq. abs. littér. : 358. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 458, b) 349; xxes. : a) 572, b) 599.