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ENGAGEMENT, subst. masc.
A.− [Correspond à engager I] Action de mettre en gage quelque chose; résultat de cette action. Engagement de meubles; un engagement du mont-de-piété (Ac. 1798-1932).
JURISPR. Engagement d'immeubles. ,,Acte par lequel on cède à quelqu'un la jouissance d'un bien-fonds pour un temps. Tenir un domaine par engagement. Il n'a point la propriété, ce n'est qu'un engagement`` (Ac. 1835-1932). Synon. antichrèse.
B.− [Correspond à engager II]
1. [Correspond à engager II A]
a) Contrat oral ou écrit par lequel une personne engage les services d'une autre personne. Le désespoir où se trouvait cette actrice en se voyant sans engagement (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 497).Une charge de maçon dans un chantier sur l'engagement d'un maître d'esclaves (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 874):
1. ... établissement d'un contrat, verbal ou écrit, qui se passe en présence d'un ou deux jurés et de plusieurs maîtres. Le contrat indique notamment les conditions de l'engagement, savoir le prix que l'apprenti aura à payer au maître et le temps que durera son apprentissage. Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 70.
b) Contrat oral ou écrit par lequel une personne engage ses services :
2. ... M. de Rênal, craignant qu'on ne le lui enlevât [Julien], lui proposa de signer un engagement de deux ans. − Non, monsieur, répondit froidement Julien, si vous vouliez me renvoyer je serais obligé de sortir. Un engagement qui me lie sans vous obliger à rien n'est point égal, je le refuse. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 33.
− Domaine milit.Contrat par lequel une personne s'engage dans l'armée. Engagement volontaire, prime d'engagement. Un rendement abondant d'engagements volontaires et de rengagements (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 85).
2. [Correspond à engager II B]
a) Action d'engager, par une promesse de fidélité, sa vie sentimentale ou religieuse; p. méton. cette promesse elle-même. Je ne pouvais contracter de nouvel engagement, parce que j'étais fiancé avec une autre femme (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 142).Ils croient encore à la fidélité, à la parole donnée, au sérieux des engagements entre un homme et une femme (Mauriac, Journal 1,1934, p. 13).
Engagement de cœur. Liaison d'amour, de galanterie (Ac. 1835-1932).
b) Action de s'engager par une promesse, une convention, une obligation en vue d'une action précise ou d'une situation donnée. Engagement irrévocable, formel, solennel, tacite; sans (aucun) engagement de votre part. Revenir sur un engagement pris, sur une parole donnée (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 102). Comment oser prendre des engagements lorsqu'on doute si l'on sera à même de les tenir (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1203).
P. méton. Cette obligation elle-même, souvent traduite par un contrat écrit. Clause d'un engagement. Des contrats de mariage dans lesquels un mari signait l'engagement de montrer Paris à sa femme (Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 250):
3. carcassonne. Des bêtises, tout ça! ... L'honneur consiste à respecter ses engagements... Voilà le vôtre, d'engagement... Je vous en prie, monsieur, article 5... Voyez, monsieur, voyez l'article 5. marignan, lisant. Le présent engagement ne pourra être rompu par Mademoiselle Cigale qu'en payant un dédit de... Meilhac, Halévy, La Cigale,1877, I, 13, p. 35.
DR. FINANCIER. Acte par lequel une personne s'engage à certaines obligations financières. Je travaille nuit et jour afin de débarrasser ma position de mes engagements littéraires après l'avoir déblayée de quelques engagements pécuniaires (Balzac, Corresp.,1837, p. 290).Un autre engagement de cent mille francs sera très probablement signé (Flaub., Corresp.,1877, p. 5).
FIN. PUBL. Engagement des dépenses publiques. ,,Acte initial qui rend l'État débiteur`` (Barr. 1974).
C.− [Correspond à engager III]
1. Action d'engager quelque chose ou quelqu'un dans un espace généralement resserré ou dans une situation difficile; fait de s'y engager.
a) Domaine milit.Action d'engager des troupes dans une opération. L'engagement général des forces alliées serait la meilleure solution pour dégager Verdun (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 220).
En partic. Combat de courte durée et localisé. Synon. escarmouche.Un petit engagement entre les troupes impériales et la garde nationale (Maine de Biran, Journal,1815, p. 51).Plusieurs centaines d'engagements infimes, de bagarres dans les ténèbres, dont chacun ignore à peu près l'autre (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 68).
b) ESCR. Action de toucher le fer de son adversaire. Ils avancent l'un vers l'autre avec une extrême circonspection. Le premier engagement des fers les fait s'enfuir tous deux, l'un à l'extrême droite, l'autre à l'extrême gauche du théâtre où ils continuent de ferrailler aveuglément contre un ennemi imaginaire (Achard, Voulez-vous jouer?1924, I, 3, p. 64).
2. Au fig.
a) Participation active, par une option conforme à ses convictions profondes, à la vie sociale, politique, religieuse ou intellectuelle de son temps. Le refus de l'engagement, sous quelques formes qu'il se puisse concevoir, voilà chez Gide l'invariant (Du Bos, Journal,1927, p. 303).Il n'est pas de spiritualité de l'engagement que ne doive équilibrer une spiritualité du dégagement (Mounier, Traité caract.,1946, p. 571).Cf. engager ex. 8.
b) Invitation (souvent pressante) à entreprendre ou à poursuivre une action. Il y a là un grand engagement de providence, auquel il faut que je ne manque plus (Dupanloup, Journal,1876, p. 44).
c) Mise en train d'une action dans laquelle il y a échange, lutte, rivalité, avec l'intention d'aboutir à un résultat positif; fait, pour cette action, d'être mise en train. Dès l'engagement de l'affaire, le laquais conducteur avait pressé la marche de la charrette pour ôter à Sigognac le secours des comédiens (Gautier, Fracasse,1863, p. 369).
SP. D'ÉQUIPE. Action qui commence ou fait commencer une partie, un match. Synon. coup d'envoi.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃gaʒmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1183-84 dr. « action de mettre en gage, de lier par une convention, un contrat » (E. Prarond, Hist. d'Abbeville, Abbeville avant la guerre de Cent ans, éd. A. Picard, p. 28, XXIX : Markiès d'acat ou de vente ou d'enwagement); ca 1255 id. (P. de Font., Conseil à un ami, éd. Marnier, XV, 25); 2. 1580 « état où l'on est lié par quelque obligation » (Montaigne, Essais, livre III, chap. IX, éd. A. Thibaudet, p. 1083). B. 1. 1680 « fait d'entrer dans un espace étroit » (Rich.); 2. 1704 « fait d'engager un combat » (Trév.); 3. 1740 spéc. milit. « recrutement de l'armée » (Ac.). Dér. du rad. de engager*; suff. -ment1*; cf. lat. médiév. inwadiamentum « détention en gage » (1040-49 ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 1 622. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 880, b) 1 563; xxes. : a) 1 576, b) 2 659. Bbg. Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 49.