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ENDEUILLER, verbe trans.
A.− Provoquer le deuil.
1. Remplir de la douleur que l'on éprouve à la suite de la mort de quelqu'un. Ils étaient des centaines de veuves, d'orphelins, de parents endeuillés qui mélangeaient au soleil leurs chagrins (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 228):
Certes, dans beaucoup de maisons, les volets restèrent clos et des familles passèrent en silence cette veillée que d'autres remplissaient de cris. Cependant, pour beaucoup de ces êtres endeuillés, le soulagement aussi était profond, soit que la peur de voir d'autres parents emportés fût enfin calmée, soit que le sentiment de leur conservation personnelle ne fût plus en alerte. Camus, La Peste,1947, p. 1441.
2. Marquer par la mort d'un parent ou d'un proche. Des accidents collectifs viennent, trop souvent encore, endeuiller le monde des travailleurs du sous-sol (E. Schneider, Charbon,1945, p. 257).Des drames qui ont, trop fréquemment, endeuillé l'histoire de la navigation (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 97).
B.− P. ext. Donner un air de tristesse profonde. En relisant les dernières pages de « l'Histoire de France » de Bainville, j'ai été frappé du ton de lourde tristesse qui endeuille toute cette fin (Green, Journal,1941, p. 70).
Emploi pronom. à valeur passive. [Le suj. désigne une pers.] Éprouver une profonde tristesse, s'affliger. L'homme éclairé ne s'endeuille ni pour les vivants, ni pour les morts (Abellio, Pacifiques,1946, p. 109).
C.− P. métaph. ou p. anal. Rendre sombre. L'ombre endeuillait le lit à baldaquin (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 29).
Emploi pronom. à valeur passive. Ciel qui s'endeuille (Jammes, Géorgiques,Chant 2, 1911, p. 51).
Rem. La docum. atteste chez Goncourt endeuillement, subst. masc., au sens de « assombrissement ». Ces fleurs qui semblent peintes sur un crêpe noir, ces fleurs au mystérieux endeuillement des couleurs (Journal, 1896, p. 995).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃dœje], (j')endeuille [ɑ ̃dœj]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1887 (Laforgue, Poés., p. 29). Dér. de deuil*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 26. Bbg. Pauli 1921, p. 74.