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EMPRUNT, subst. masc.
A.− Action de recevoir à titre de prêt.
1. [Le compl. du nom désigne une chose concr.] :
1. Après avoir appris (...) que l'or avait doublé de prix (...) et que des spéculateurs étaient arrivés à Angers pour en acheter, le vieux vigneron, par un simple emprunt de chevaux fait à ses fermiers, se mit en mesure d'aller y vendre le sien... Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 148.
D'emprunt.Il se déshabilla et se rhabilla vivement mais distraitement, déposa sur une chaise ses habits d'emprunt, se trompant de gilet (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 115).
2. [Le compl. du nom, explicité ou resté implicite, désigne une somme d'argent] Faire un emprunt de trois millions; intérêts d'un emprunt. La connaissance intime commence, de la part de l'officieux désœuvré, par l'emprunt d'un ou deux écus de six francs (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 205).L'emprunt d'où j'attends ma délivrance souffre mille difficultés; les prêteurs sont rares en ce moment (M. de Guérin, Corresp.,1836, p. 251):
2. ... elle avait reçu une lettre de Jérôme (...) où il la suppliait de contracter pour lui un nouvel emprunt sur la villa de Maisons dont elle était seule propriétaire − (et que déjà, pour lui, elle avait dû partiellement hypothéquer). Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 187.
D'emprunt.Argent d'emprunt (Ac.).
En partic. Acte par lequel une collectivité, un organisme public demande au public des capitaux à titre de prêt; p. méton., les capitaux reçus. L'emprunt du Maroc (...) était tombé à soixante-quatre ou cinq francs (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 362):
3. ... mettre à profit l'optimisme que la victoire inspirera au pays pour ouvrir un grand emprunt et absorber les liquidités, on limitera ainsi la circulation fiduciaire. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 181.
SYNT. Emprunt national, public; emprunt de la ville de Paris, de la S.N.C.F.; emprunt à court, à long terme; couvrir, lancer un emprunt.
Emprunt forcé. Emprunt dont la souscription est obligatoire. Les deux commissions (...) celle des Cinq Cents, (...) celle des Anciens (...) établirent une taxe de guerre de vingt-cinq centimes par franc, à la place de l'emprunt forcé (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 524).
Emprunt perpétuel. Emprunt public à l'égard duquel le souscripteur ne pourra jamais exiger le remboursement du capital qu'il a souscrit (d'apr. Cap. 1936).
B.− Au fig. Fait de prendre quelque chose pour se l'approprier, pour l'utiliser ou l'imiter. Parmi les emprunts que le Japon a faits à la Chine, le riz et le thé sont peut-être ceux qui ont le plus pénétré dans les habitudes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 144).Emprunts très frappants à l'architecture orientale qui se trahissaient dans ses coupoles dorées et vermiculées [d'une église] (Gracq, Syrtes,1951, p. 188):
4. Le clergé mithriaste avait reproché aux chrétiens nombre d'emprunts, entre autres d'avoir plagié, dans leur « purification par le sang de l'Agneau », la purification par le sang du taureau. Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 513.
Vieilli. Par emprunt.Je suis bête (...) je prends au tragique une personne essentiellement légère, romanesque par emprunt (Constant, Journaux,1814, p. 415).
D'emprunt.Beauté, idée, nom d'emprunt. Sa conversation n'est point brillante d'un esprit d'emprunt; elle est riche de son propre fonds (Cottin, C. d'Albe,1799, p. 101).Une dignité d'emprunt, un rôle pour imposer aux autres hommes (Sand, Péché de M. Antoine,1847, p. 146):
5. ... le contraste (...) que je surprenais sans cesse entre mon humeur naturelle et le caractère d'emprunt du personnage que je faisais devant l'envieuse galerie. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 197.
En partic.
CRIT. LITTÉR. Fait de prendre chez un auteur un procédé, un fait littéraire pour se l'approprier, pour l'utiliser ou l'imiter. L'« inoriginalité » de la littérature russe, (...) ses emprunts à nous autres, (...) ses emprunts à la littérature anglaise, (...) ses emprunts à Poe (Goncourt, Journal,1890, p. 1261).Exception faite pour un emprunt aux « Opuscules », ces quelques notes se réfèrent exclusivement aux « Pensées » (Du Bos, Journal,1923, p. 303):
6. Houssaye (...); exploiteur grand modèle; un nom fait de vols, un succès fait d'emprunts, un journal fait de pillages, une réputation qui n'a que sa signature... Goncourt, Journal,1857, p. 311.
LING. Fait pour une langue d'incorporer une unité linguistique, en particulier un mot, d'une autre langue; p. méton., l'unité de langue incorporée. Usuels sont les emprunts de vocabulaire, plus rares et souvent contestables ou du moins indirects les emprunts de syntaxe, de flexion, de prononciation (Mar.Lex.1951) :
7. ... les mots les plus servilement latins sont les moins illégitimes parmi les intrus du dictionnaire. Il était naturel que le français empruntât au latin, dont il est le fils, les ressources dont il se jugeait dépourvu et, d'autre part, quelques-uns de ces emprunts sont si anciens qu'il serait fort ridicule de les vouloir réprouver. Il y a des mots savants dans la chanson de Roland. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 22.
8. Il semble utile de distinguer emprunt et héritage. Par exemple (...) le mot table est issu du latin tabula : on ne peut pas dire qu'il y ait emprunt au latin; il s'agit d'une évolution normale de la langue, le terme employé est un héritage. Par contre, à des époques diverses, certains mots, surtout des mots savants, ont été empruntés au latin et refaits sur le modèle morphologique français (...) : nullité = emprunt du latin médiéval nullitas. Lang.1973, p. 95.
Rem. Certains empr., en partic. dans des domaines techn., ne sont que des transcr. de la lang. d'orig., p. ex. callitriche, subst. masc., zool. α) Variété de singes à cloison nasale étroite. Synon. vulg. singe vert. Quelques espèces, comme le callitriche, ont un os particulier qui remplace l'angle zygomatique de l'os de la pommette (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 39). β) Genre de singes platyrhiniens. Synon. vulg. sagouin. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. 20e, et Quillet 1965. 1reattest. 1553 « singe » (P. Belon, Observ., 213 vods Hug.). Empr. au lat. class. callithrix, -icis (Pline ds TLL s.v., 175, 5) lui-même empr. au gr. κ α λ λ ι ́ θ ρ ι ξ, -τ ρ ι χ ο ς épithète homérique en parlant d'animaux, notamment du cheval « à la belle crinière » (Iliade ds Liddell-Scott).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃pʀ œ ̃]. À comparer avec empreint [ɑ ̃pʀ ε ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1195 « action d'emprunter (de l'argent) » (Ambroise, Guerre Sainte, 218 ds T.-L.); 1899 ling. (Gourmont, loc. cit.). Déverbal de emprunter*. Fréq. abs. littér. : 714. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 225, b) 944; xxes. : a) 996, b) 884.