| EMPRISE, subst. fém. I.− Vieux A.− HIST. FÉOD. Entreprise, prouesse chevaleresque. Ce fut [la Révolution] une folle « emprise », à la façon des vœux chevaleresques du Moyen Âge (Renan, Feuilles dét.,1892, p. 244). B.− DROIT 1. Emprise de terrain. Action de prendre par expropriation, spécialement des terrains indispensables à l'exécution de travaux d'intérêt public. Aucun projet de vue nécessitant une emprise quelconque sur l'hôtel de l'ambassade russe n'a jamais été adopté par l'administration municipale de Paris (Monit. univ.,6 juin 1868,p. 782, 2ecol. ds Littré). 2. P. méton. Surface de terrain acquise par l'administration pour la construction d'un ouvrage (p. ex. une route ou une voie ferrée). La marmaille, passant par les brèches de l'emprise, se poursuivait le long du caniveau d'assèchement de la voie (Hamp, Vin de champagne,1909, p. 91).Le chemin de fer de l'ouest (...) étalait ses membres, déclarait ses emprises, tirait des fusées de rails (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 54). II.− P. ext. et p. croisement sém. avec empire, empreinte; cour. A.− Ascendant intellectuel ou moral exercé par quelqu'un ou quelque chose sur un individu. Avoir de l'emprise sur qqn : Ces pages venaient de le faire assister à l'emprise sur l'âme de la jeune fille d'une force réelle, évidente, agissante, et cette force agissait également sur son âme à lui.
Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 171. B.− Plus rare. Domination physique. Soudain elle sentit sur sa main l'emprise de deux lèvres, pareille à une morsure (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 402). Rem. 1. Le sens le plus cour. (II A) est attesté par l'Ac. dep. 1932 et dès lors par l'ensemble des dict. gén. 2. La docum. atteste le verbe trans. emprendre qui est la forme arch. du verbe entreprendre* (cf. entreprendre A). Il n'y a pas un de vous qui ne me soit précieux; pas un de vous, si vil qu'il soit, que je ne désire emprendre comme l'air flamboyant (Claudel, Tête d'Or, 1890, p. 98). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃pʀi:z]. Enq. : /ãpʀiz/. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1175 subst. « entreprise » (Benoit de St-Maure, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 17511); 2. 1863 « domination exercée sur une personne » (Gautier, Fracasse, p. 497); 3. 1868 « saisie par l'administration d'une propriété privée immobilière » (Moniteur univers, loc. cit.). Part. passé substantivé dér. de l'a. fr. emprendre. Fréq. abs. littér. : 109. Bbg. Pamart (P.). Attention! ... Vie Lang. 1968, pp. 289-293. − Tournemille (J.). Étymol. et impropriétés. Déf. Lang. fr. 1966, no34, pp. 20-22. |