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EMMIELLER, verbe trans.
A.− Rare. Enduire ou mêler de miel. Emmieller le mors aux jeunes poulains pour les y accoutumer (Ac.). Emmieller une tisane, une liqueur, du cidre, un vin d'Espagne, une tartine. ... Comme avec le Cerbère des enfers, à qui on jetait un petit gâteau emmiellé... (Balzac, Corresp.,1819, p. 43):
Le garçon à l'outre sourit (...), et m'offre gracieusement de délier l'une des pattes de sa bête, afin de remplir ma coupe d'un vin de Samos emmiellé. Nerval, Voyage en Orient,t. 1, 1851, p. 106.
Au fig. Envelopper d'une douceur trompeuse et forcée. Emmieller un reproche, un refus. (Quasi-)synon. édulcorer.Puis, m'emmiellant un peu la bouche et le visage, je fis cette réponse hypocrite (Brizeux, Marie,1840, p. 82).Éteindre ses méchancetés, tout adoucir et emmieller (Goncourt, Journal,1862, p. 1185).
Expr. ,,Emmieller les bords du vase. Faire, par des paroles séduisantes, par quelque artifice, que ce qui est naturellement pénible paraisse facile, agréable`` (Ac.).
Employé au part. passé. Enfin sa politesse sentait la servitude. Eh bien, ses paroles emmiellées étaient pour ses favoris l'expression de la bonté (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 149).
B.− Fam., pop., p. euphém. et p. plaisant. Synon. trivial de emmerder (v. ce mot B 1 a, b).Mais je m'étais juré de ne point vous emmieller de tout ça! (Verlaine, Corresp.,t. 1, 1872, p. 300).Coupeau cria qu'on était chez soi, qu'il emmiellait les voisins (Zola, Assommoir,1877, p. 577).Même que j'étais passablement emmiellé, passez-moi l'expression (Giono, Baumugnes,1929, p. 77):
Emploi pronom. réfl. Synon. trivial de s'emmerder (B 2).« Encore, s'y t'conduisaient au « Grand Guignol » (...) Tu t'emmiélerais moins » (Bruant, 1901, p. 197).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃mjεle] ou, p. harmonis. vocalique, [ɑ ̃mjele]; (j')emmielle [ɑ ̃mjεl]. Fér. Crit. t. 2 1787 écrit aussi emmièle. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 emmielé « doux comme le miel (ici en parlant de la Vierge Marie) » (G. de Coincy, Miracles, éd. F. Kœnig, I Pr. 1, 150); 1379 « action d'enduire le pied du cheval d'un topique à base de miel » (Inv. Somm. Arch. dép. Nord, VII, 71 ds Gdf. Compl.); 2. 1808 pop. « ennuyer, déplaire » (Hautel). Dér. de miel*; préf. en-*; dés. -er; 2 par substitution euphémique de emmerder*. Fréq. abs. littér. : 7.
DÉR.
Emmiellure, subst. fém.,méd. vétér. Topique à base de miel destiné à assouplir la corne des pieds ou le sabot du cheval en cas d'enflure ou de foulure (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975 et Littré). [ɑ ̃mjεly:ʀ] ou, p. harmonis. vocalique, [ɑ ̃mjely:ʀ]. Le mot est admis ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme du suff. emmielleure; ds Ac. 1740-1878 sous la forme moderne. 1resattest. 1445 emmelleure (L. Brièle, Comptes Hôtel-Dieu, t. 3, p. 72), xves. emmieslure (Coquillart, II, 64 ds DG); de emmieller, suff. -ure*.
BBG. − Giraud (J.). Var. et chang. de sens : essai d'échantillonnage. Amis Lex. fr. Ét. lexicogr. 1976, t. 3, no14/15, p. 10. − Sain. Lang. par. 1920, p. 414.