| EMBARGO, subst. masc. DR. MAR. Interdiction provisoire faite par un gouvernement, à des navires généralement étrangers, de quitter le port où ils se trouvent. Décréter, lever l'embargo : 1. ... les commandants des navires génois, pisans et vénitiens mouillant à Alexandrie avaient d'abord refusé de s'encombrer de gens sans ressources. Pour obliger ces hommes sans cœur à embarquer les fugitifs, le cadi d'Alexandrie dut menacer les capitaines italiens de mettre l'embargo sur leurs navires.
Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 251. − P. ext. Mesure administrative interdisant la libre circulation d'un objet pendant une certaine durée. Si seulement cette satanée basoche n'avait pas mis l'embargo sur le petit héritage de ta tante (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 191). − P. métaph. Ce qui entrave ou empêche l'exercice, la diffusion, la propagation de quelque chose : 2. Ce que vous me dites relativement aux De Goncourt me fait bien du plaisir (...) L'embargo mis sur leur pièce ne m'étonne pas. Le théâtre est une boutique si abominable que le temps est proche où pas un honnête homme ne voudra s'en mêler.
Flaubert, Corresp.,1865, p. 192. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃baʀgo]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1626 « mesure destinée à empêcher la libre circulation de marchandises » (Richelieu, Lettres, éd. D. L. M. Avenel, t. 2, p. 220 ds Haschke, Richelieu, p. 97 : quoique nous ayons déjà levé l'embargo sur la plupart des marchandises séquestrées en France); 2. 1723 mar. mettre un embargo (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris). Empr. à l'esp.embargo, attesté dep. 1020 (au sens d'« empêchement, obstacle », ds doc. lat. médiév. d'Ovarra ds Cor., s.v. embargar; sens 1 dep. ca 1620, Quevedo d'apr. Al.), déverbal de embargar « embarrasser, empêcher », issu d'un lat. vulg. *imbarrĭcare, propre aux domaines hispanique et occitan (v. REW3, no4277; Cor., loc. cit.; Bl.-W.1-5), dér. de *barra (barre*). Fréq. abs. littér. : 12. Bbg. Barb. Infl. 1923, p. 11. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins, Paris, 1859, p. 407. − Rog. 1965, p. 99. |