| EFFROYABLE, adj. A.− Qui provoque ou qui est susceptible de provoquer un saisissement d'effroi, d'horreur. Accident, cataclysme, catastrophe, misère effroyable. Une angoisse effroyable le cloua [le comte] sur place, une peur horrible de savoir (Maupass., Une vie,1883, p. 199).Poursuivi et traqué dans une effroyable chasse à l'homme (Grousset, Croisades,1939, p. 365).Le mont Cassin reste à l'ennemi malgré d'effroyables bombardements aériens (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 267): 1. Elle n'y tenait plus; elle (...) trouva la lettre, l'ouvrit, et, comme s'il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée.
Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 45. 2. ... il m'arrivait souvent de me lancer, la nuit, dans d'effroyables cauchemars, dont je sortais tremblant et baigné de larmes.
Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1200. SYNT. Angoisse, aventure, crime, danger, déroute, douleur, guerre, lutte, malheur, massacre, panique, peur, supplice effroyable. B.− Très repoussant, hideux. 1. Plaie effroyable; visage effroyable. Cet effroyable style américain qu'adoptent maintenant les Français (France, Nozière,1899, p. 78): 3. ... au-dessus d'une commode en acajou (...) se trouvait le portrait d'un militaire (...) mais d'après le peu qu'il en vit [Hippolyte] il pensa que cette effroyable croûte devait avoir été peinte en Chine.
Balzac, La Bourse,1832, p. 403. 2. Mauvais, écœurant. Dès la première gorgée, je lui trouve un goût (...) effroyable (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 231). C.− Excessif (en grandeur, en intensité, en nombre, etc.). Appétit, chaleur, fracas, tapage effroyable. Le voyageur, furieux, fait un vacarme effroyable (Gautier, Tra los montes,1843, p. 15).Une effroyable complication dans le vocabulaire (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 282): 4. J'ai frémi, devant l'inconscience effroyable d'une amie quadragénaire, qui coiffait, dévêtue et tout essoufflée d'amour, le képi de son amant, lieutenant de hussards...
Colette, La Vagabonde,1910, p. 277. SYNT. Confusion, débauche, dépense, embouteillage, énergie, injustice, laideur, poussière, vitesse effroyable; masse effroyable de connaissances; d'une effroyable banalité. Prononc. et Orth. : [efʀwajabl̥]; [efʀwɑ-] à côté de [efʀwa-] d'apr. effroi ds Warn. 1968. [ε] ouvert à l'initiale ds Littré et à titre de var. ds Warn. 1968, s.v. effroi. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xve-xvies. « qui remplit d'effroi, de terreur » (Traité d'alchimie ds Roman de la rose, éd. Méon, t. 4, p. 210); 2. 1647 « énorme, effrayant » (Vaug., p. 363). Dér. de effroi*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1 702. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 322, b) 2 508; xxes. : a) 4 057, b) 1 471. |