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EFFLEURER, verbe trans.
A.− Vx, HORTIC. Ôter les fleurs, détacher les fleurs d'une plante. Effleurer un rosier (Ac.1835, 1878).Effleurant avec vos doigts pensifs Les lys délicieux que le zéphyr adore (Banville, Cariat.,1842, p. 101).
B.− [Le compl. désigne qqc. de concr.]
1. Ôter la fleur, le dessus de quelque chose; entamer superficiellement quelque chose. Il parait toutes les bottes du spadassin, et déjà il lui avait effleuré le bras, comme le témoignait une rougeur subite à la manche (Gautier, Fracasse,1863, p. 409).La balle (...) n'avait fait que lui effleurer la paume et avait déterminé une assez abondante hémorragie (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 151).
Spéc., TANN. Effleurer une peau. Ôter la fleur d'un cuir, (d'une peau) du côté où se trouvait le poil, (la laine) afin de le rendre plus doux.
Rem. 1. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. 2. Certains dict. gén. enregistrent a) Effleuroir, subst. masc., tann. Peau d'agneau munie de sa laine et servant au parcheminier pour enlever le carbonate de chaux qu'il a répandu sur la peau. b) Effleurure, subst. fém., tann. Rognure provenant de l'effleurage d'une peau.
P. anal. User à peine de quelque chose. Quant au comte, il effleurait à peine chaque plat (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1946, p. 498):
1. Ce temps ne connaît point son mal; ils se disent rassasiés, lorsqu'ils ont effleuré à peine. Ils partent de l'idée très-fausse qu'en toute chose le meilleur est la surface et le dessus, qu'il suffit d'y porter les lèvres. Le dessus est souvent l'écume. C'est plus bas, c'est au dedans qu'est le breuvage de vie. Michelet, L'Insecte,1857, p. XXXIII.
Au fig. [Le suj. est abstr.] Porter une légère atteinte à quelque chose; entamer légèrement quelque chose. Un soupçon l'effleurait (Zola, E. Rougon,1876, p. 71).Jeanne (...) fut effleurée d'un doute qui devint tout de suite une certitude (Maupass., Une Vie,1883, p. 172):
2. Ma mère avait des idées religieuses que le doute n'effleura jamais, vu qu'elle ne les examina jamais. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 166.
2. P. ext. Passer tout près de quelque chose; raser la surface de quelque chose sans l'entamer; toucher légèrement quelque chose. Effleurer les cheveux.
a) Domaine concr.[L'aut. de l'action est le suj. du verbe ou le compl. dans la constr. effleurer du]
[L'acteur est palpable] Effleurer de ses lèvres, des doigts. Une mouche rivale m'effleura le visage en bourdonnant (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 234).Leurs lèvres s'effleurèrent à peine, se touchèrent à peine (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 270):
3. ... de ses pieds pleins de grâce Elle [la muse] effleure le sol sans y laisser de trace, Et s'enfuyant toujours, jeune fille qu'elle est, Se baisse pour cueillir chaque fleur qui lui plaît. M. de Guérin, Poésies,1839, p. 69.
[L'acteur est impalpable] Effleurer du regard. Son souffle en me cherchant vient d'effleurer ma bouche (Desb.-Valm., Élégies,1833, p. 83).Son regard étonné effleura son mari (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 189):
4. Du pâle azur d'un ciel légèrement vaporeux descend une lumière adoucie, qui effleure les toitures sans les inonder. Amiel, Journal,1866, p. 248.
b) Au fig., domaine abstr.
Examiner superficiellement quelque chose sans l'approfondir. Effleurer un sujet. Je n'ai qu'effleuré ce sujet susceptible de bien d'autres développements (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 295).La conversation, jusque-là vague, illogique, procédant par bonds, effleurant les sujets sans les approfondir (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 73):
5. J'ai cru nécessaire de m'étendre sur ces parties délicates au lieu de les effleurer, parce qu'on m'a quelquefois reproché de laisser dans l'ombre des singularités, des petitesses, qui, en effet, n'en auraient pas dû sortir... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 258
Venir à l'esprit sans s'y arrêter, sans entraîner de réflexion. Effleurer l'esprit; une idée effleure :
6. Je puis, en effet, prouver que lorsque l'organe de l'entendement n'est pas préparé par cet effort du sentiment intérieur qu'on nomme « attention », aucune sensation n'y peut parvenir, ou si quelqu'une y parvient, elle n'y imprime aucun trait, ne fait qu'effleurer l'organe, ne produit point d'idée, et ne rend point sensible aucune de celles qui s'y trouvent tracées. Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 393.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un emploi adj. du part. prés. effleurant. Critique (...) légère, (...) effleurante (Goncourt, Journal, 1868, p. 448). Fuite effleurante (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 243). 2. Qq. dict. gén. enregistrent l'adj. effleureur, euse « qui effleure », que l'on rencontre également ds la docum. Sur ses formes parmesanes, le peignoir de soie violette a des froissements pareils à des moues de lèvres, à des caresses timides et effleureuses (Péladan, Vice supr., 1884, p. 2).
Prononc. et Orth. : [eflœ ʀe], (j')effleure [eflœ:ʀ]. Sous l'influence des lettres redoublées, transcrit [ε] ouvert à l'initiale ds Littré, Barbeau-Rodhe 1930 et à titre de var. des Warn. 1968. Enq.: /efløʀ/ (il) effleure. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Av. 1236 esflourée « qui a perdu sa fraîcheur, sa beauté » (G. de Coinci, éd. V. F. Kœnig, II ch 9, 1170) − av. 1278 (Marques de Rome, 61 d 2 ds T.-L.); 2. 1549 effleurer « dépouiller de ses fleurs » (Est.). B. 1. 1578 « toucher légèrement » (N. de La Boderie, Harmonie du monde, p. 274 ds Gdf. Compl.); 2. 1611 « examiner superficiellement » (Cotgr.); 3. 1693 fig. « blesser, porter atteinte à » (La Bruyère, Discours de réception à l'Académie Fr. ds Littré); 4. av. 1704 « se présenter à (l'esprit, l'attention) » (Gaillard ds Trév.). C. 1. 1611 « entamer légèrement » (Cotgr.); 2. 1723 tann. (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris). Dér. de fleur*; préf. é-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. 1 112 (effleurant : 104). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 125, b) 1 809; xxes. : a) 1 618, b) 1 824. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 34. − Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 298. − Staaff (F.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 249.