| EFFET1, subst. masc. A.− Au sing. et au plur. 1. Ce qui est produit par une cause physique ou morale. Synon. conséquence, résultat, suite.Si c'était un effet de votre bonté (...), de me faire seulement donner un peu de vin (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 169).L'effet du poison (...) fut foudroyant (Zola, M. Férat,1868, p. 294).La longue suite des effets et l'enchaînement des conséquences (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 75).Le fumeur encore sous l'effet de la drogue (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 192): 1. Il en est ainsi de toutes les lois de la nature. Appliquées dans des milieux différents, elles produisent des effets tout divers; que les mêmes circonstances se représentent, les mêmes effets reparaîtront.
Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 170. 2. Nous n'ignorons pas pourtant qu'un grand homme de lettres, s'il s'agit sur son siècle, en est d'autre part le témoin (...) : avant de devenir une source d'influences, son œuvre est d'abord un effet, un résultat, le signe du mal qu'elle découvre.
Mauriac, Journal du temps de l'occupation,1940-44, p. 325. SYNT. Effet de la chaleur, de l'habitude, du hasard, de l'imagination; effet attendu, constant, direct, général, immédiat, moral, naturel, singulier; effets de l'âge; effets analogues, funestes, salutaires; prendre l'effet pour la cause, relation de cause à effet, le moyen et l'effet; ressentir l'effet, avoir pour effet. − En partic. a) DROIT ♦ Effet d'une loi, d'un jugement. Conséquence de l'application d'une loi, d'un jugement. Effet déclaratif, rétroactif, suspensif. Le premier effet de cette loi a été d'expulser un grand nombre d'employés (About, Grèce,1854, p. 67). ♦ Effets civils. Droit qu'assure la loi civile. Le mariage (...) est dissous, quant à tous ses effets civils (Code civil,1804, p. 7). b) Emplois sc. et techn.
α) ÉQUITATION ♦ Effet (de rênes). Mouvement de la main du cavalier sur les rênes, qui sert à conduire le cheval. On distingue cinq effets de rênes principaux (Lar. Lang. fr.). ♦ Effet d'ensemble. ,,Domination impérative du cheval monté par l'action simultanée des rênes et des éperons`` (St Riquier-Delp. 1975).
β) JEUX. Mouvement de rotation imprimé à une boule, une balle ou un ballon, de façon à modifier sa trajectoire normale (même après le rebond dans le cas d'une balle ou d'un ballon). Faire des effets (Ac. 1932).Un effet rétrograde, pareil à celui d'une bille de billard frappée en un point déterminé (Verne, Enf. Cap. Grant, t. 2, 1868, p. 178).
γ) MÉCAN. Effet d'une machine, d'un moteur. Effort fourni par cette machine, ce moteur. Effet utile, double effet. Moteur à deux temps et simple effet (H. Le Masson, Mar.,1951, p. 82).
δ) PHYS. Phénomène secondaire d'origine généralement électrique. Effets d'induction, parasites, thermiques. Un effet photo-électrique qui déclenche une petite réaction (L. de Broglie, Bases interprét. Mécan. ondul.,1963, p. 6). 2. Réalisation concrète. Demeurer, rester sans effet. Synon. accomplissement, actualisation, exécution.Velléité, non suivie d'effet (Gautier, Fracasse,1863, p. 316).Aspirations inaccomplies, non suivies d'effets (Du Bos, Journal,1924, p. 197). − Locutions a) adv. À cet effet, pour cet effet. À cette fin. Il descendit vers la Seine qu'il traversa, grâce au pont disposé à cet effet (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 74).L'envie m'a pris tout à coup de frotter des meubles. J'ai saisi un chiffon que je garde à cet effet (Green, Journal,1949, p. 291). b) prép., vieilli et dans un cont. jur. À l'effet de + verbe à l'infinitif. Afin de. Condé (...) m'avait (...) revêtu de tous ses pouvoirs, à l'effet d'entamer une négociation avec le général Pichegru (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 436). c) interr. À quel effet? (Ac. 1798-1932) À quelle intention? Pourquoi? d) verbales ♦ Donner effet à, mettre à effet. Mettre à exécution. Synon. effectuer.Au moment où je commençais à donner effet à cette résolution (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 144). ♦ Prendre effet [Le suj. désigne gén. un texte à caractère jur.] Être réellement exécuté. Synon. entrer en application, en vigueur.Ces dispositions pourraient prendre effet à partir du 28 juin (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 274). 3. Impression produite sur quelqu'un, par quelque chose ou par quelqu'un. a) Usuel. Un petit bouquet de roses naines d'un effet charmant (Amiel, Journal,1866, p. 315).Arcs de triomphe de l'effet le plus heureux (Gide, Journal,1905, p. 161). − Loc. verbales ♦ Avoir, faire produire (de l') effet. Produire une impression physique ou morale. Synon. émouvoir, frapper, toucher.Les larmes de l'épouse irritée produisirent plus d'effet que sa grande colère (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 204).Quel effet voulez-vous que cela me fasse? (Montherl., Malatesta,1946, III, 3, p. 489).Ni la vieillesse, ni la maladie (...) n'ont d'effet sur moi (Martin du G., Notes sur A. Gide,1951, p. 1423). ♦ Faire l'effet de + subst. ou inf.Donner l'impression de. Tu me fais l'effet d'ignorer que les très belles dames sont de mauvaises conseillères pour les jeunes gens (Gobineau, Pléiades,1874, p. 65).Cette abondance-là ne faisait pas l'effet de la générosité (Sartre, Nausée,1938, p. 169).En emploi subjectif. Se faire l'effet de. Se donner l'impression de. Je me suis fait l'effet d'un affreux hypocrite (Green, Journal,1935, p. 9). ♦ Faire, produire tel ou tel effet. Produire telle ou telle impression. Faire (un) bon, (un) mauvais, (le) meilleur, effet; faire un effet bœuf (voir ce mot, ex. 9). Ces paroles produisirent un effet bizarre sur Fernand (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 154).Cette perfection des cadences et des rythmes qui font si grand effet dans les parades (Valéry, Variétés IV,1938, p. 58).Produire un agréable effet de surprise (Billy, Introïbo,1939, p. 53). b) B.-A. et LITT.
α) Procédé employé pour attirer les regards ou forcer l'attention. Effets spéciaux; faire un effet, viser à l'effet. Les artistes cherchent la ligne, l'effet de tableau (Goncourt, Journal,1861, p. 895).Des hommes [les vaudevillistes] qui connaissent leur public, qui ont la science des effets (Renard, Journal,1902, p. 724).Comme il a bien ménagé ce dernier effet, cette image de requins (Green, Journal,1948, p. 217): 3. Tout l'effet lumineux, qui est d'une extraordinaire puissance, est réservé pour le groupe principal, composé de Siméon agenouillé tenant le bambino, de la Vierge agenouillée...
Du Camp, En Hollande,1859, p. 45. 4. ... pour avoir de temps en temps, observé, approuvé, obtenu quelques beaux effets singuliers, nous nous flattons que nous puissions quelquefois faire tout un ouvrage bien ordonné, sans faiblesse et sans taches, composé de bonheurs et d'accidents favorables.
Valéry, Variété III,1936, p. 14. ♦ THÉÂTRE, CIN., TÉLÉV., PHOTO. Effets spéciaux. ,,Interventions au cours de la prise de vue ou au cours des différents traitements du négatif ou de l'épreuve positive`` (Phot. 1973).
β) Attitude d'une personne qui cherche à se mettre en valeur, à attirer sur elle l'attention. Il [Steinbock] déploya son esprit, il eut des saillies, il fit de l'effet (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 213).Il se met debout (...) et fait un effet de rein ou de mollet (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 152). ♦ Produire son (petit) effet. Elle était satisfaite d'avoir produit son petit effet (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 172). ♦ Arg. (théâtre). Couper un, les effet(s). Distraire l'attention en la détournant à son profit (cf. Delvau 1972 et France 1907). − Loc. à valeur adj. À effet. Destiné à attirer l'attention, à faire de l'effet. Le mot à effet que Madame Magloire venait de laisser tomber (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 93).Dîners à effet où il y a juste à manger (Goncourt, Journal,1867, p. 363). B.− Loc. adv. En effet. 1. [Correspond à effet A 2] En réalité, en fait. Synon. effectivement.Je me sentis perdu, et je l'étais en effet (Fromentin, Dominique,1863, p. 157).Voilà un auteur réputé difficile, et qui l'est en effet (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 142): 5. Le lendemain, à onze heures et quart, sonnerie du téléphone, et, dans l'appareil, la voix un peu rauque de MmeDandillot demande si Costals est là. « Je ne suis pas là », fut sur le point de répondre Costals : mot symbolique, car, en effet, il n'était jamais (moralement, intellectuellement) où on le cherchait.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1262. 2. P. ext. a) Confirme ce qui vient d'être dit. Synon. de fait.Gontran! s'exclama Yvonne. Et en effet Paradis descendait de bicyclette, juste devant eux (Queneau, Pierrot,1942, p. 207).Si tu sors, prends garde au soleil, mon chéri, quelle chaleur! Quelle chaleur en effet! (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1349). b) [Avec valeur de conj. de coordin.] Sert de liaison; ne se place pas nécessairement au début de la proposition qu'il introduit. Synon. car.Une des difficultés de leur mission était en effet qu'ils ne connaissaient aucun de ces Irlandais (Maurois, Ariel,1923, p. 113): 6. ... quelques hommes (...) dispersés çà et là, au milieu de la troupe, y brillaient comme des fleurs. En effet, leurs pantalons de toile bleue, cent gilets rouges ou jaunes (...) tombaient aussi vivement sur les vêtements blancs (...) de leurs compagnons, que des bleuets et des coquelicots dans un champ de blé.
Balzac, Les Chouans,1829, p. 5. Rem. On rencontre ds la docum. a) Effectuel, elle, adj. rare. Synon. efficace. Fils qui est mon seul Verbe, ma Sagesse et mon effectuelle Puissance (Chateaubr., Le Paradis perdu, 1836, pp. 173-175). b) Effectualité, subst. fém., rare. Capacité d'actualiser, de réaliser. Ce sont [les anges] des pensers de Dieu, discontinués en êtres distincts par l'effectualité de la toute-puissance (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, L'Annonciateur, 1883, p. 396). Prononc. et Orth. : [efε]. Littré, Barbeau-Rodhe 1930, sous l'infl. des lettres redoublées, transcrivent [εfε]. Cf. aussi à titre de var. Warn. 1968. Enq. : /efe, (D)/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932; sous l'anc. orth. effect ds Ac. 1694 et 1718 avec la rem. : ,,On ne prononce pas le c et il y en a qui ne l'escrivent point``. Étymol. et Hist. A. 1. 1272 il leur fasse restor et aifait (Cart. du Mont St Martin, B.N. 1.5478, fo54dds Gdf. Compl.); 2. xiiies. li effect des coses presentes (Rec. des monum. inédits de l'hist. du Tiers Etat, t. IV, p. 58 ds Littré); 3. apr. 1430 bombardes et canons qui y firent peu d'effet (Cousinot, Chron. de la pucelle, CXXXI ds Gdf. Compl.); 4. 1660 l'effet du cinquième [acte] (Corneille, Examen de Rodogune, éd. M. A. Régnier, IV, p. 420); 1821 effets de lumière (Latouche, L'héritier, Lettres amans, p. 66); 1834 effets de cils, de sourcils (Balzac, Langeais, p. 263); 5. 1536 en effet « réellement » (Roger de Collerye,
Œuvres, 62 ds IGLF); 1690 en effet conj. (Fur.). B. 1. 1310 effaicts de maisons (Lett. de Ph. le B., A.N. JJ 47, fo70 rods Gdf. Compl.); 2. 1671 fin. (Pomey). Du lat. impérial effectus « exécution, réalisation; vertu, force; résultat, effet ». |