| DÉPAVER, verbe trans. Retirer d'un lieu les pavés qui le garnissent. Dépaver la chaussée, une rue, une place, un trottoir : À Paris, le bruit se répand qu'une armée arrive par l'égout Montmartre, que des dragons vont forcer les barrières. On recommande de dépaver les rues, de monter les pavés au cinquième étage, pour les jeter sur les satellites du tyran : ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 213. − Emploi abs. S'agit-il de la patrie? Il s'enrôle; s'agit-il de la liberté? Il dépave (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 167). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé dépavé, ée, en emploi adj. [En parlant d'un lieu]. Dont on a retiré les pavés. Sol dépavé; chemin dépavé; cour, place, rue dépavée. Dans la cour à demi-dépavée, une soixantaine de jeunes filles bavardent activement (Colette, Cl. école, 1900, p. 191). b) Le subst. masc. dépavement. Action de dépaver. Puisque Rome a été pavée, Dieu seul la dépavera, si elle doit l'être. Dieu a ses dépaveurs comme il a ses autres ouvriers... Toute ville est sujette au dépavement (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 463). c) Le subst. masc. dépaveur. Ouvrier chargé de dépaver (Id., ibid.). Prononc. et Orth. : [depave], (je) dépave [depa:v]. Étymol. et Hist. 1355-56 rue ne soit ... despavee (Chevalier cygne, [éd. de Reiffenberg], 20514 ds Gdf. Compl.); 1585 [éd.] depaver (Paré, Voyage de Mets [1552] ds
Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, t. 3, p. 706 : Pareillement on eust donné commission aux femmes de depauer les rues). Dér. de paver*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 24. DÉR. Dépavage, subst. masc.Action de dépaver. En proie aux dépavages chroniques et aux déplacements de rails, la rue imposait des sauts d'obstacles aux passants (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 181).− [depava:ʒ]. Admis ds Ac. 1878 et 1932. − 1reattest. 1845 (Besch.); du rad. de dépaver, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Gohin 1903, p. 239 (s.v. dépavage). |