| DÉMATÉRIALISER, verbe trans. A.− Rendre immatériel*, ôter la matière* concrète, les éléments matériels de... 1. [Le compl. désigne tout ou partie d'une pers.] On était maigres et pâles. La faim et la souffrance avaient dématérialisé les faces (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 113). 2. [Le compl. désigne une chose] PHYS. NUCL. Désintégrer, transformer les particules matérielles (d'un corps) en énergie (cf. dématérialisation A 2). Emploi pronom. à sens passif : ... les électrons positifs et négatifs se matérialisent et se dématérialisent ensemble. Nous touchons là une des propriétés les plus extraordinaires de la nature, (...) la création et la destruction des électrons qui se fait par couples positif-négatif. On crée une paire d'électrons là où ils n'existaient pas, à partir d'énergie, à condition toutefois que cette énergie, (...) soit au moins égale à l'énergie équivalente, d'après la formule d'Einstein (...), à la masse des deux électrons créés.
Leprince-Ringuet, Des Atomes et des hommes,1957, p. 44. − P. métaph. La lumière affinait, dématérialisait à l'extrême les transparences de ses crépuscules (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 288).Diane se dématérialise, se dilue, se détache de lui (Arnoux, Solde,1958, p. 247). B.− Au fig. Éliminer toute référence aux choses matérielles, concrètes. Synon. ennoblir, épurer, idéaliser.Il [Bérulle] a dématérialisé, délaïcisé, spiritualisé, idéalisé nombre de mots (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 64).Il [Verlaine] a purifié et dématérialisé la poésie (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 478). Prononc. : [demateʀjalize], (je) dématérialise [demateʀjali:z]. Étymol. et Hist. 1. 1759 « civiliser, éclairer (les instincts, les goûts de la société) » (Caraccioli ds Fr. mod., t. 37, 1969, p. 117) − 1845, Besch.; 2. 1808 « rendre immatériel » (Boiste); 3. 1838 philos. « ôter à quelque chose son caractère matérialiste » (Ac. Compl. 1842); 4. 1957 phys. nucl. (Leprince-Ringuet, loc. cit.). Dér. de matérialiser*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du 18es. Fr. mod. 1969, t. 37, pp. 113-131. |