| DÉLIRER, verbe intrans. Être en état de délire. A.− MÉDECINE 1. [Correspond à délire A 1] Délirer de fièvre. Cf. albumineux ex. 5 : 1. ... j'ai en mémoire, lorsque j'avais onze ans ou douze, certain soir de fièvre où je délirais dans la peur de mourir. Ma mère était à mon chevet, je lui tendais les bras en criant contre la mort.
Aymé, Le Vaurien,1931, p. 9. 2. [Correspond à délire A 2] :
2. Puisque le délire est le rêve des personnes qui veillent, il faut arracher ceux qui délirent à ce quasi-sommeil, les rappeler de leur veille rêveuse, livrée aux images, à une veille authentique, où le songe s'efface devant les figures de la perception.
M. Foucault, Hist. de la folie à l'âge class.,Paris, Plon, 1961, p. 398. B.− P. ext., cour. Manifester une excitation extrême provoquée par l'exaltation d'un sentiment. Délirer d'admiration, de bonheur, de fureur, d'impatience, de joie, de tendresse. Je délirais, d'un délire qui me poussait à l'amour, à la gratitude, comme une opérée au réveil (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 62). − P. métaph. [En parlant d'un inanimé] Et, quand une feuille qui paraît abritée se met tout à coup à remuer, à délirer (oui! elle a le délire), ses voisines restant calmes, n'y a-t-il pas là un mystère? (Renard, Journal,1910, p. 289). − Péj. Divaguer : 3. M. Cavaignac, dégringolant la tête en bas, rêve d'une ascension au-dessus des humains, et délire, en halluciné, de ce qu'il croit et de ce qu'il veut. N'a-t-il point quelque ami pour lui dire que cela n'a plus d'importance, par la simple raison qu'il a trop grossièrement trompé la France une première fois?
Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 137. Prononc. et Orth. : [deliʀe], (je) délire [deli:ʀ]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1525 delisre (Epistre du bon frère qui rend les armes d'Amour ds Anciennes poésies françaises, éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. XI, p. 215); 1870 part. prés. subst. les délirants (Lar. 19e). Empr. au lat. class. delirare proprement « s'écarter du sillon », fig. « extravaguer ». Fréq. abs. littér. : 220. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 174, b) 293; xxes. : a) 416, b) 377. Bbg. Gohin 1903, p. 312. − Rigaud (A.). Les Vases communicants. Vie Lang. 1971, p. 535. |