| DÉICIDE, subst. et adj. I.− Subst. masc. Meurtre de Dieu; en partic., meurtre commis par ceux qui ont crucifié ou fait crucifier Jésus-Christ. Depuis le déicide des Juifs, jamais crime plus énorme [que la condamnation de Louis XVI] n'avait été commis (Lamennais, Indifférence,t. 1, 1817-23, p. 313): 1. Lorsque le prêtre (...) déposa doucement l'hostie sur mes lèvres, je n'osai pas les refermer et il me sembla que mes dents allaient commettre un déicide et que ma bouche serait inondée du sang divin qui coula sur le calvaire.
Vigny, Mémoires inédits,1863, p. 70. − P. ext. Tout acte qui attente à Dieu. Le péché est théologiquement ce qu'il y a de plus horrible, puisqu'il se ramène à un déicide (Mauriac, Journal 2,1937, p. 118): 2. Toutes [les révolutions], ou presque, ont été homicides. Mais quelques-unes ont, de surcroît, pratiqué le régicide et le déicide. (...) les régicides (...) attaquent l'incarnation divine sans oser encore tuer le principe éternel.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 139. ♦ [P. réf. à la doctrine du dr. divin] Les hommes de ce temps [1789] ont voulu (...) renverser le principe de droit divin (...). Ils ont ajouté ainsi au tyrannicide traditionnel un déicide raisonné (Camus, L'Homme révolté,1951p. 143). II.− Subst. Meurtrier de Jésus-Christ. Jérusalem, aveugle déicide (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 202). ♦ Emploi adj. Serions-nous donc pareils au peuple déicide, Qui (...), Du sang de son sauveur teignit Jérusalem? (Lamart., Harm.,1830, p. 312). − P. ext. (Personne) qui tend à détruire l'idée de Dieu : 3. Le communisme russe (...) achève l'œuvre révoltée du xixesiècle en niant tout principe supérieur. Aux régicides du xixesiècle succèdent les déicides du xxesiècle qui (...) veulent faire de la terre le royaume où l'homme sera dieu.
Camus, L'Homme révolté,1951p. 167. Prononc. et Orth. : [deisid]. Ds Ac. 1718-1932; Ac. 1762 écrit déïcide (où le tréma rappelle qu'il faut prononcer -i-) en vedette mais déicide dans le texte. Étymol. et Hist. 1. 1585 subst. « meurtre de Dieu » (Fr. Feu-Ardent, IeSepmaine des Dialogues, 240 a ds Fr. mod., t. 5, p. 74); 2. av. 1704 « meurtrier de Dieu » (Bourd., Sur le jug. du peuple contre J.-C. ds DG). Empr. au lat. chrét. deicida « meurtrier de Dieu »; sens 1 d'apr. homicide*. Fréq. abs. littér. : 14. |