| DÉBAT, subst. masc. Action de débattre; discussion généralement animée entre interlocuteurs exposant souvent des idées opposées sur un sujet donné. Débat agité; le débat est clos : ... Lucrèce, le poète matérialiste, loue son maître Épicure d'avoir tué l'âme, comme s'il suffisait, pour ne plus craindre la mort, d'être assuré de mourir tout entier. (...). Dans l'autre parti on dit, au contraire, que la religion sert au moins à nous adoucir et à nous consoler. Le débat est ouvert encore; ...
Alain, Propos,1932, p. 1064. SYNT. Débat ardent, brûlant, passionné, public; clôture, conclusion, issue d'un débat; le fond, le nœud, le point capital d'un débat; animer, conduire, élargir, élever, engager, suspendre, trancher le débat; prendre position, parti dans un débat; au cours du débat; c'est une question sujette à débat. − Spécialement ♦ DR. CIVIL. Débats de compte (vieilli). Pour désigner les contestations faites par une partie à propos d'un compte rendu en justice (d'apr. Cap. 1936). Rem. Attesté ds Ac. 1835, 1878. ♦ DR. CONSTITUTIONNEL. Examen d'une question par les assemblées parlementaires. Débats de l'Assemblée nationale, de la Chambre; débats constitutionnels, législatifs, parlementaires. Journal des débats. Journal paru entre 1789 et 1944 et qui rendait compte des discussions de l'Assemblée nationale. Débats parlementaires. Partie du Journal officiel qui donne le compte rendu des discussions du Sénat et de l'Assemblée nationale. ♦ DR. PÉNAL. ,,Phase orale d'un procès au cours de laquelle sont prononcées les plaidoiries et les conclusions du Ministère public`` (CIDA 1973). Ouvrir les débats d'une affaire; suivre les débats de la cour d'assises. Son client [de l'avocat] s'était montré intraitable, et voulait courir les chances d'un débat judiciaire (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 215). ♦ LITT., Moy. Âge. Dialogue entre des personnages souvent allégoriques. Débat entre l'hiver et le printemps; débat du croisé et du décroisé (de Rutebeuf); débat du clerc et du chevalier. − Au fig. Conflit intérieur. Débat de conscience; débat intérieur. Bichat (...) est, (...) de plus en plus sombre. Est-il déchiré dans un débat cornélien? (Abellio, Pacifiques,1946, p. 233). − P. ext. Querelle, différend. Il s'y joint cette fois [à mes affaires de finances] l'histoire de la maison de la rue Saint-Dominique, et de mes débats avec le propriétaire (Chateaubr., Corresp. gén.,t. 2, 1789-1824, p. 63). Rem. ,,Débat, deuxième élément de plusieurs substantifs composés. Il signifie qu'un débat, une discussion organisée, ont lieu pendant, ou aussitôt après l'événement (concert, conférence, déjeuner, etc.) auquel se réfère le premier élément. Le genre grammatical de ces composés est celui du premier élément. Causerie-débat, déjeuner-débat, dîner-débat, émission-débat, enquête-débat, gala-débat, journée-débat, rencontre-débat; assemblées-débats, conférences-débats, soirées-débats`` (Gilb. 1971). Prononc. et Orth. : [deba]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. « controverse, querelle » (Rutebeuf, Dit de l'Herberie, 72, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 275); b) 1580 « tiraillement, dilemne » en débat d'esprit (B. Palissy. Discours Admirables, p. 328, éd. A. France ds IGLF); 2. 1283 plur. « discussions, délibérations dans un procès » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvoisis, éd. A. Salmon, t. 1, II, § 83); 3. 1627 pol. au sing. « délibération des députés (au Parlement) » (Camden, Hist. d'Elisabeth, p. 45 ds Mack. t. 1, p. 71); 1704 plur. débats parlementaires (Clarendon, Hist. de la Rébellion et des guerres civiles d'Angleterre, I, 91, ibid., p. 158); 1789 en parlant de l'Assemblée nationale (Journal des débats et décrets) Déverbal de débattre*. Employé dans le vocab. parlementaire (3), débat correspond à l'angl. debate employé au sing. avec l'art. ind. ou au plur. pour désigner les délibérations officielles dans une institution publique, notamment au Parlement (ca 1500 ds NED) et représentant le subst. formé sur le verbe (to) debate issu de l'a. fr. débattre. Fréq. abs. littér. : 1 893. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 396, b) 2 040; xxes. : a) 2 643, b) 3 322. Bbg. Franolić
(B.). Linguistics. La Haye. 1973, no113, p. 112. |