| ![]() ![]() ![]() ![]() DRAILLE2, subst. fém. Région. (Sud de la France). Chemin de transhumance pour les troupeaux. Synon. région. carraire.Ces longs parcours réguliers qui constituent la transhumance, et qui se traduisent à la surface du sol par de grandes voies traditionnelles sacrifiées au passage des troupeaux : drailles, carraires, etc. (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 164).À l'estive de 1319, il [Pierre Maury] a repris la draille en direction du Nord (E. Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan,Paris, Gallimard, 1976, p. 142):Des sentiers ou pistes, suivis de temps immémorial par les moutons transhumants, écorchent les flancs de ces ternes plateaux de pâture. Ces drailles, comme on les appelle, servaient jadis aux troupeaux pour atteindre les pâturages du Gévaudan, de la Margeride, de l'Aubrac même.
Vidal de La Blache, Tabl. géogr. de Fr.,1908, p. 285. − P. ext. Chemin emprunté par le bétail. Mais, si on me prenait, c'était pour nettoyer la draille ou pour curer le ruisseau (Giono, Baumugnes,1929, p. 219). Prononc. et Orth. : Cf. draille1. Plusieurs dict. mentionnent la var. draye, non attestée ds la docum., ce sont Littré, Lar. 19eSuppl. 1878, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Quillet 1965. Étymol. et Hist. [1835 (Pomier, Loc. vicieuses Hte-Loire : Ne dites pas : Ils ont fait la draille ou la trague dans la neige. Ils ont fait la trace dans la neige)]; 1869-74 (Reboisement des forêts, Compte-rendu, 7efasc., p. 131 ds Littré : Des chemins de troupeaux appelés drayes ou carraires). Adaptation du type draya des parlers du sud du domaine fr.-prov. (1316, a. dauph. draya « sentier », charte ds Du Cange) et du domaine langued. prov. (1528, B. Alpes draya « sentier », ds P. Meyer, Documents ling. Midi, p. 241, § 3) prob. déverbal de trailla « faire une trace en marchant » cf. le m. fr. trailler « chercher la bête avec les chiens, sans avoir aucune piste et sans avoir quêté avec le limier » (1354-76, treler, Modus et Ratio, 50, 11 ds T.-L.) de *tragulare « suivre à la trace » (dér. de trahere d'apr. tragula « herse » parallèlement à *traginare, v. traîner). Le passage de t à y s'explique peut-être par infl. de représentants du lat. trahea « herse » (seulement localisé en Italie du Nord, REW3, 8840); celui de tr- à dr-, peut-être par infl. des dér. de directiare, très voisin de sens (FEW t. 3, 85b, 86a) v. FEW t. 13e, 175b-176. Fréq. abs. littér. : 3. |