| DRAGUEUR, EUSE, subst. A.− [Désigne ou caractérise un engin remplissant l'usage d'une drague] 1. Au masc. a) PÊCHE (en Haute Normandie). Bâtiment équipé pour la pêche à la morue, au maquereau ou au hareng, ,,au Nord, à Yarmouth, aux côtes d'Irlande, etc.`` (Baudr. Pêches 1827). Rem. Attesté ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr. b) MAR. MILIT. Navire spécialement équipé pour draguer des mines explosives. Deux dragueurs de mines : Congre et Lucienne-Jeanne font leur dur métier à l'entrée des ports de Grande-Bretagne (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 243). c) TRAV. PUBL. (Engin) dragueur. (Engin) qui drague. Une chaîne munie de puissants godets dragueurs creusait la terre et la rejetait sur le côté (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 133). 2. Au fém. Synon. rare de drague1* : 1. Et l'on vit encore les remous de l'eau, la cheminée haute du bateau-lavoir, la chaîne immobile de la dragueuse, des tas de sable sur le port...
Zola, L'Œuvre,1886, p. 9. B.− [Désigne ou caractérise une pers.] Gén. au masc. 1. PÊCHE. Dragueur d'huîtres. ,,Marin-pêcheur assurant le dragage d'huîtres sur des bancs en mer`` (Mét. 1955). 2. TRAV. PUBL. Ouvrier chargé d'extraire la vase ou le sable au moyen d'une drague ou responsable d'une drague mécanique. Maître-dragueur (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 25).Puis on se piqua au jeu, et on proposa à la jeune fille des individus invraisemblables, des carrieurs de sable, ou des dragueurs de la Moselle (Moselly, Terres lorr.,1907p. 17).Dragueur de sablière, dragueur-sablier (Mét.1955) : 2. Puis, c'est la nappe, sans reflets, sans source, grise :
Un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine.
Rimbaud, Derniers vers,1872, p. 178. 3. Argot a) Celui qui drague (cf. draguer B) : 3. Jamais les femmes ne nous avaient à ce point manqué. Pour nous divertir, nous essayions de monter jusqu'au haut de la terrasse, en dragueurs, d'un pied, mais nos jambes molles se dérobaient : il fallait toucher.
Renard, Journal,1892, p. 125. b) Celui qui déambule ou aborde les femmes à la recherche d'une aventure galante. Se faire accoster par un dragueur (Rob.Suppl.1970). Prononc. et Orth. : [dʀagœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1835-1932, uniquement au masc.; mais cf. Rob. Suppl. 1970 : ,,Le fém. dragueuse n'est pas exclu``. Étymol. et Hist. 1. 1529 navires dragueurs allant à la pêche des harencs et des maquereaux (Mém. de la fondation du Havre de Grâce, p. 71 ds Gdf.); 1664 drageur « petit navire de pêche » (Inventaire des navires de Boulogne, Bibl. nat., Ms. Colbert, no199); 1829 bateau dragueur « bateau muni d'un appareil pour draguer la vase » (Boiste); 2. 1800 « ouvrier qui drague » (Boiste); 3. 1961 dragueur professionnel (Dict. des femmes, Soc. de publications et d'éditions, p. 47, Alger). Dér. du rad. du verbe draguer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Bonn. 1920, p. 48, 49. − Kemna 1901, pp. 68-69. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 245; Sources t. 3 1972 [1930] p. 523. |