| DOUX-AMER, DOUCE-AMÈRE, adj. et subst. fém. I.− Rare, adj. A.− Qui est à la fois doux et amer au goût. B.− Au fig. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est à la fois agréable et désagréable, mêle le plaisir et la peine. Les hommes à amours clandestines, chaque aimoir qu'ils quittent, (...) ils ont ce soupir : « Encore un flagrant délit d'évité! » combiné doux-amer de mélancolie et de délivrance, comme le vent frais et la jeune chaleur sur la place (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1451).Cette lettre serait pour l'un comme pour l'autre l'occasion de bien douces-amères réflexions (H. Bazin, Vipère,1948, p. 157): 1. Je connais d'expérience l'action brutale ou caressante de tous les stimulants, de tous les narcotiques; j'ai traversé maintes fois la plaine enflammée des pavots, (...). Misérables inventions! Simulacres vils! Rien ne vaut l'herbe douce-amère pleine d'été, de silence et d'orage, d'une chevelure qui se noue autour de notre tristesse comme l'algue harmonieuse autour du noyé! Rien ne vaut le fruit palpitant d'une bouche inépuisable où chantent nos souvenirs, où gémissent nos désirs, où se lamentent nos regrets! Rien ne vaut le regard fascinant et redouté qui vient de plus loin que la vie, qui va plus loin que la mort; ...
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 146. II.− Subst. fém., BOT. Arbrisseau de la famille des Solanacées à fleurs violettes et à fruits rouges disposés en grappes au sommet de tiges sarmenteuses et grimpantes, qui s'enlace autour des végétaux qui les avoisinent. Des douces-amères. (Quasi-)synon. vigne de Judée : 2. Les tiges de la douce-amère (solanum dulcamara, L), arbuste grimpant qui croît par-tout dans les haies, sont longues, rondes, flexibles, rameuses, lisses, ligneuses, de la grosseur d'un tuyau de plume, et remplies de moelle. Dans les jeunes rameaux, l'écorce est verte intérieurement et extérieurement; dans ceux qui sont plus vieux et plus gros, elle est verte-brunâtre, rugueuse et gercée. En coupant ces tiges en travers, on aperçoit d'abord un anneau blanc, un second vert, et enfin un conduit rempli de moelle, qui, dans les rameaux très-jeunes, est vide. Fraîches, ces tiges ont une odeur nauséabonde désagréable; leur saveur est d'abord amère, puis sucrée. Pour l'usage de la médecine, on doit choisir les tiges jeunes, encore vertes ou vertes-jaunâtres, ...
Kapeler, Caventou, Manuel des pharmaciens et des droguistes,t. 1, 1821, p. 235. − P. méton., PHARM. Cette plante utilisée pour ses propriétés médicinales. Sirop de douce-amère (Ac.1835-1932). Prononc. et Orth. : [duzamε
ʀ], fém. [dusamε:ʀ]. Douce-amère ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Av. 1555 sa douce amère peine (J. Tahureau, Poésies, fo179 ds La Curne). Composé de doux* (douce) et amer(e)*. Fréq. abs. littér. : Doux-amer : 5. Douce-amère : 7. |