| DORYPHORE, subst. masc. A.− HIST. ANTIQUE. Soldat armé d'une lance, appartenant à certaines milices ou servant de garde du corps. − Spéc. Le Doryphore. Statue de Polyclète supposée représenter l'idéal des proportions humaines. Polyclète avait composé un traité sur les proportions du corps humain. La statue qu'il modela pour expliquer son écrit représentait un garde du roi de Perse, armé d'une lance : un doryphore (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 44). B.− ENTOMOL. et usuel. Coléoptère s'attaquant aux feuilles de différentes plantes et en partic. coléoptère originaire d'Amérique, qui se nourrit des feuilles de pommes de terre. Synon. bête à patate, mouche à patate.Les perdreaux sont souvent empoisonnés par les bouillies arséniatées employées contre le doryphore (H. Bazin, Vipère,1948, p. 67). Rem. D'apr. Privat-Foc. 1870 ,,Leur poitrine est armée d'une longue pointe dirigée en avant qui leur a valu leur nom`` (explication valable uniquement pour les espèces autres que le doryphore s'attaquant aux feuilles de pommes de terre). − P. anal., pop. ou fam. et péj. (gén. au plur.). Militaires allemands ainsi appelés par la population française des zones occupées pendant la guerre de 1939-1945 en raison de leur nombre : Il ne venait pas souvent au cirque d'uniformes verts. Mais lorsqu'on signalait une telle présence les clowns étaient moins drôles et avec eux Eugène qui se croyait obligé d'introduire dans ses répliques des transparentes allusions aux « doryphores » ou au « vert-de-gris ».
P. Vialar, Les 4 Zingari,1959, p. 228. Prononc. : [dɔ
ʀifɔ:ʀ]. Étymol. et Hist. I. 1752 antiq. (Trév.). II. 1817 entomol. (Cuvier Règne animal t. 3, p. 354 : [les chrysomèles] celles [...] dont l'arrière-sternum s'avance en forme de corne, composent le genre doryphore [doruphora] d'Illiger et d'Olivier). I empr. au lat. doryphorus de même sens (gr. δ
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ς « qui porte une lance » en partic. « garde du corps, garde d'un prince »). II adaptation du lat. sc. doryphora (supra). Fréq. abs. littér. : 5. Bbg. Lefèvre (J.). Curiosités de l'étymol. Vie Lang. 1974, p. 400. |