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DORMEUR, EUSE, subst.
A.− [Désigne une pers. ou un animal]
1. Personne en train de dormir. Ces dormeurs qui ferment les yeux au matin pour ne point voir le rayon de lumière glissant entre les rideaux (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hérit., 1884, p. 520).Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandons (Valéry, Poés.,1922, p. 122):
Je contemplais la belle dormeuse. Je rêvais à ce prince qui, comme un danseur, sur la pointe des pieds, arrive, et doucement, d'une longue caresse, réveille la belle au bois dormant... mais la dormeuse s'éveilla, m'aperçut. Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1938, p. 102.
− Au fig. Ô dormeur éveillé, jusques à quand rêveras-tu debout, à la façon des somnambules? (Amiel, Journal,1866, p. 441).
− P. ext. Personne qui dort beaucoup et facilement, qui a une propension au sommeil. Il [Jean] est habituellement grand dormeur (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 66).
♦ Emploi adj. Peu dormeur, Grandet employait la moitié de ses nuits aux calculs (Balzac, E. Grandet,1834, p. 124).La marmotte est un animal dormeur (Ac.1932).
2. Spéc. Dormeuse, subst. fém. Femme qui exerce diverses activités, se rapportant à la voyance ou en marge de la médecine légale, et dispense ses conseils après s'être concentrée en faisant semblant de dormir. (Quasi-)synon. guérisseuse, médium, voyante.Synon. rare dormante*.J'irai voir le médecin et la dormeuse (Claudel, Violaine,1892, III, p. 539).
B.− [Désigne un animal] Petit crabe de l'Atlantique qui vit dans les anfractuosités des rochers où il se tient immobile comme s'il dormait. [Marcel] profitant de la marée basse, était parti dans les rochers pour essayer de trouver des « dormeurs » (Tharaud, Enf. perdus,1948, p. 208).
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes., sauf Ac.
C.− [Désigne un inanimé concr.] Dormeuse, subst. fém.
1. Vieilli. Chaise longue sur laquelle on peut s'étendre pour dormir. Sa nonchalante attitude sur la dormeuse (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 159).Causeuses et dormeuses faisant suite aux veilleuses du XVIIIesiècle (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 150).
2. Vieux
a) Voiture de voyage dans laquelle on pouvait s'étendre pour dormir. La jeune fille s'élança dans le briska établi en excellente dormeuse (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 524).
b) JOAILL. Boucle d'oreille dont la perle ou le diamant est monté sur pivot et qui se fixe à l'oreille par un écrou. Anton. pendeloque.Des dormeuses de brillants (cf. brillant2ex. 1).
Prononc. et Orth. : [dɔ ʀmœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1250 dormeur adj. (Règle cist., 594 ds T.-L.); 1845 ameubl. dormeuse subst. (Besch.); 1871-72 id. « boucle d'oreilles » (Almanach Didot Bottin, p. 695 ds Littré, Suppl.). Dér. du rad. du verbe dormir*; suff. -eur2*, -euse*. Fréq. abs. littér. : 354. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 164, b) 500; xxes. : a) 558, b) 761. Bbg. Delamaire (J.). Noms de crabes. Vie Lang. 1970, p. 324.