| DIVISION, subst. fém. I.− Action de diviser, fait de se diviser; résultat de cette action (fait d'être divisé). A.− Séparation en deux ou plusieurs parties. 1. Division d' (une chose) par (une autre).C'est la division des flots par l'étrave qui a peu à peu sculpté la carène (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 740). − ARITHM. ,,Opération (...) consistant, étant donnés deux nombres a (le dividende) et b (le diviseur) à trouver un nombre c (le quotient), tel que le produit bc soit égal à a`` (Uv.-Chapman 1956). Analyse éblouissante de la puissance des grandeurs et de la vie des nombres, addition, soustraction, multiplication, division (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 80). 2. [Dans le domaine admin., pol., écon.] Division des propriétés. La civilisation agraire où la géométrie est née de la division du sol (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 171): 1. La nouvelle division territoriale et la réorganisation administrative ayant été adoptées de novembre à février, les conseils et les directoires de département et de district entrèrent en fonction au début de l'été.
Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 157. ♦ Division des pouvoirs. Séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire : 2. Notre révolution a proclamé le principe de la division des pouvoirs : elle a défendu que l'administration et la justice fussent confondus dans les mêmes mains, et les a séparées d'une manière absolue.
Vivien, Ét. admin.,1859, p. 205. − ÉCON. Division du travail. ,,Méthode de production qui consiste à diviser le travail complet en travaux partiels, qui sont eux-mêmes confiés à des exécutants spécialisés`` (Suavet 1963). La division du travail est donc la première phase de l'évolution économique aussi bien que du progrès intellectuel (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 1, 1846, p. 107).Division du travail et propriété privée, disait-il [Marx], sont des expressions identiques (Camus, Homme rév.,1951, p. 266): 3. La division du travail est une source d'efficience telle qu'à l'intérieur d'une entreprise on divise les tâches autant que l'on peut, c'est-à-dire que chaque exécutant n'est chargé que d'un petit nombre d'entre elles, peut-être même d'une seule.
Wilbois, Comment fonctionne une entr.,1941, p. 32. 4. Pour lutter contre la congestion (...), il fallait réaliser une nouvelle division du travail entre la capitale et le territoire. Cette nouvelle division du travail a été l'objet du second élément de réforme administrative : la multiplication des mesures de décentralisation et de déconcentration.
Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 261. Rem. On note un syntagme synon. Le développement de la division des tâches a exigé une division et donc une spécialisation des machines (Traité sociol., 1967, p. 444). ♦ [Avec un adj. qui s'accorde en gén. avec travail] La division du travail social, familial. Bien loin de n'être qu'un phénomène accessoire et secondaire, cette division du travail familial domine au contraire tout le développement de la famille (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 92). ♦ Division du travail technique, administrative : 5. Si la division du travail technique assure un meilleur rendement en ne confiant à chaque homme qu'une besogne à laquelle il est adapté, la division du travail administrative permet une efficience plus grande encore.
Wilbois, Comment fonctionne une entr.,1941p. 42. 3. Fait de se diviser, de se séparer en plusieurs parties (cf. diviser A 1c). a) RHÉT. Chacune des parties qu'un orateur, un auteur distingue dans un discours, un ouvrage, etc. La division d'un ouvrage en trois livres. b) BIOL. Division cellulaire. Mode de reproduction des cellules, ,,scission d'une cellule en deux nouvelles cellules`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Division directe, indirecte. Le pouvoir freinateur de la pervenche sur la division cellulaire (d'apr. R. Schwartz, Nouv. remèdes mal. act.,1965, p. 184).La division cellulaire peut s'effectuer selon deux modalités suivant qu'il y a ou non individualisation des chromosomes (Husson, Graf, Manuel biol. gén.,1965, p. 91): 6. Ce processus de division ou de bipartition se poursuit dans certains tissus de l'organisme adulte, partout où subsistent des besoins de renouvellement; mais il est surtout actif au cours de la formation de l'être, puisque (...) c'est par le seul jeu de la division cellulaire qu'un nouvel individu se constitue aux dépens de la cellule primordiale, ou œuf.
J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 18. ♦ Division équationnelle. ,,Toute division cellulaire qui conduit à la formation de deux cellules filles ayant le même nombre de chromosomes que la cellule mère`` (Méd. Biol. t. 1 1970). La division équationnelle (...) forme à partir des cellules précédentes quatre cellules qui possèdent N chromosomes simples (Husson, Graf, Manuel biol. gén.,1965p. 100). 4. État de ce qui est divisé en plusieurs parties. a) GÉOL. Division du sol, division de sol. ,,Groupement de séries de sol basé sur le profil ainsi que sur la composition minéralogique et chimique`` (Plais.-Caill. 1958). b) PEINT. [Correspond à divisionnisme] L'impressionnisme avait fait bon marché de la ligne, il était naturel de la réhabiliter; après une école de la couleur, il était à parier que ce serait le tour d'une école du dessin; après la division du ton, une affirmation de la forme : c'était dans l'ordre (Gillet, Art fr.,1938, p. 169). 5. Marque qui divise. Il va sans dire que les divisions du baromètre moral d'Hoffmann étaient fixées suivant leur ordre de génération, comme dans les baromètres ordinaires (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 325). − IMPR. Petit tiret utilisé pour signaler la coupure d'un mot (d'apr. Typogr. 1971); trait d'union. B.− 1. Au fig. Action d'établir, par la pensée, des parties distinctes dans un ensemble (dans une intention de classification, didactique, logique, scientifique). Distinction, énumération des espèces d'un genre. Division tripartite, quadripartite : 7. Sherrington a établi une grande division tripartite dans les sensations, dont les unes renseignent sur les objets extérieurs (...) d'autres sur les actions qui se peuvent exercer à la surface intérieure de l'organisme, (...) les dernières enfin sur l'état des tissus profonds, ...
Piéron, La Sensation, guide de vie,1945, p. 39. − Division de... en...Cette psychologie (...) refuse tout dualisme, toute division de l'être en corps et âme, ou en corps et esprit (Béguin, L'Âme romant.,1939, p. 132).On procédera par divisions successives du problème à étudier; chaque division doit comprendre deux phases (H. Bernaténé, Comment concevoir, docum.,1964, p. 29). − Division entre (qqc. et qqc.).La division courante entre petite, moyenne et grande bourgeoisie paraît bien sommaire (Mauriac, Baîllon dén.,1945, p. 413). 2. Dans le domaine écon., pol.Divisions naturelles, politiques. La superposition de divisions ethniques ou régionales aux divisions politiques (Traité sociol.,1968, p. 34). ♦ Division du monde en (deux) blocs. À l'heure qu'il est, la division du monde en deux blocs est un fait (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 467): 8. Nous formons le dessein, de croissances péniblement harmonisées, et il est frappant que la division même du monde en blocs démontre que ces croissances ne sont pas économiques, tant qu'elles n'embrassent pas toute la planète.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 19. 3. Gén. péj. Séparation, opposition d'intérêts, de sentiments. (Quasi-)synon. désunion, discorde. a) Au sing. L'entrain (...) l'esprit d'invention avec lesquels d'ordinaire les hommes les plus paisibles s'associent à une entreprise de division, de médisance, de malfaisance et d'anéantissement, voilà ce que je suis en train de découvrir (Duhamel, Maîtres,1937, p. 136).Maistre haïssait la Grèce (...) dont il disait qu'elle avait pourri l'Europe en lui léguant son esprit de division (Camus, Homme rév.,1951, p. 239): 9. Je vous paie pour vous occuper de mes enfants et non pour les dresser contre leur mère. Vous avez admirablement profité des leçons de ma belle-mère, qui s'entendait bien à ce travail de division.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 54. ♦ Introduire, mettre, semer la division; la division règne. Je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère (Gide, Journal,1889-1939, p. 97).Une fois de plus (...) l'envoyé de Vichy avait réussi à introduire la division parmi nous, et à rendre confuse une question si claire qu'elle portait en soi sa réponse (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 271).La déchristianisation ne pouvait que semer la division au sein des classes populaires (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 380). − [L'opposition de sentiments affecte une même pers.] Aucune religion (...) n'a insisté autant que le christianisme (...) sur la dualité de l'homme, sur cette division en lui-même (...) entre le ciel et l'enfer (Gide, Journal,1916, p. 531): 10. Ce qu'on appelle un « être » n'est jamais simple, et s'il a seul l'unité durable, il ne la possède qu'imparfaite : elle est travaillée par sa profonde division intérieure, elle demeure mal fermée et, en certains points, attaquable du dehors.
G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 147. b) Au plur. Qu'avions-nous à leur opposer [aux Allemands], que désordre, incompétence, incurie, divisions intestines, délabrement (Gide, Journal,1940, p. 43): 11. [La démocratie] surmontera certainement les autres [obstacles], dès lors qu'un jour l'État, par ses institutions et par ses hommes, dominera les divisions et remplira son objet qui est de servir le seul intérêt commun.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 653. II.− Partie d'un ensemble organisé. A.− Partie d'un ensemble de choses. Divisions centésimales, décimales; les divisions d'un chapitre (dans un livre). Les divisions et dentelures des fenêtres (Michelet, Journal,1844, p. 552).Les divisions des manuels de littérature sont fictives (Mauriac, Journal 3,1940, p. 251). B.− Partie d'un ensemble organisé de personnes groupées en vue d'une finalité spécifique. 1. ART MILIT. ,,Ensemble d'unités de différentes armes capables d'intervenir isolément dans la bataille`` (Admin. 1972); circonscription territoriale militaire qui correspond à une région économique. Division d'artillerie, de cavalerie; division de réserve; division de choc, de ligne. Le général de division placé à la tête de ce service [l'État-major de l'armée] portera le titre de chef d'État-major général de l'armée (J.O., Décret relatif à l'organisation de l'État-major de l'armée, 1890, p. 2234).Les dernières troupes de la 1redivision ont quitté la ville (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 323).Rumelles avait fini par découvrir, dans les archives du ministère de la guerre, à Paris, une note, émanée du Q.G. d'une division d'infanterie (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 769).Il nous faudrait (...) huit jours, tant les liaisons sont impossibles, pour déclencher une mission de bombardement sur une division blindée trouvée par nous (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 325). − Spéc. Groupement d'unités aériennes ou navales. Division aérienne. MAR. MILIT. ,,Formation moins importante qu'une escadre, comprenant généralement trois bâtiments, commandée soit par un chef de division, soit par un capitaine de vaisseau quand il s'agit de petits bâtiments, soit par un contre-amiral`` (Le Clère 1960). Division navale. SYNT. Division cuirassée, légère; division coloniale; le commandement d'une division. 2. ADMIN. ,,Cellule administrative intermédiaire entre la direction et le bureau (dans certaines administrations). La division, qui constituait au xixesiècle la base d'organisation des ministères et jusqu'à une période récente celle des préfectures, a cédé sa place en tant que telle à la direction. L'appellation division ne correspond plus actuellement (en France du moins) à un critère normalisé de découpage administratif`` (Admin. 1972). Chef de division. Il vous faudra fournir un certificat de santé qui vous sera délivré, au moyen de quelques formalités, au premier étage, division des affaires en cours, bureau des attentes, section auxiliaire (Camus, État de siège,1948, p. 236).Les chefs de travaux sont désignés (...) parmi les candidats inscrits sur une liste d'aptitude (...), établie par la division compétente du comité consultatif des universités (Encyclop. éduc.,1960, p. 347). − Division militaire. En juin 1956, le Conseil de la République adopta à une très large majorité une proposition de loi tendant à créer une division militaire au sein du Commissariat à l'énergie atomique (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, 116). − Division navale. En 1949, les efforts du commandant de marine Hyman Rickover (...) aboutissaient à l'importante décision de la création au sein de la Commission atomique d'une division navale (Goldschmidt, Avent. atom.,1962p. 71). − Division nucléaire : 12. La traduction industrielle des résultats des travaux de recherche ainsi que la construction des grands ouvrages, réacteurs et usines, a amené la création de divisions nucléaires dans un très grand nombre de sociétés industrielles nationales.
Goldschmidt, Avent. atom.,1962p. 246. − Division géographique, territoriale. Ces vingt et une divisions géographiques du territoire que sont les circonscriptions d'action régionale ne constituent qu'une unité de base commode pour l'action administrative (Amén. terr.,1964, p. 53). 3. ENSEIGN. Ensemble d'élèves soumis à la surveillance d'un même maître d'école; chacune des sections issues d'une classe trop nombreuse pour être confiée à un seul enseignant. Les élèves des autres divisions s'échappaient pour voir à travers les vitres cette étude dont on contait tant de merveilles (France, Servien,1882, p. 177).Comme j'étais entré à l'Institution vers quatre heures de l'après-midi et que la classe de la division des petits, dits élémentaires, étant en train, il importait de ne pas les déranger, on m'avait placé dans l'étude des moyens (Verlaine,
Œuvres complètes,t. 7, Confessions, 1895, p. 45).Personne n'ignore que vous êtes le seul [élève] de votre division à être externe libre (Montherl., Ville dont prince,1951, p. 864). 4. SP. (football). Division d'honneur. Un jour, un dimanche, je rentrais de voir un match de foute, y avait le Stade Sanctimontronais contre l'Étoile-Rouge de Neuflize, en division d'honneur c'est pas rien (R. Queneau, Zazie,1959, p. 70). Prononc. et Orth. : [divizjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1119 « action de diviser » (Ph. Thaon, Comput, 249 ds T.-L.); 3equart xiiies. spéc. arithm. devision (Comput, fo15 ds Littré); 1283 en partic. divisions ... des biens (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, chap. 57, 1627); 1778 division du travail (A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, trad. ds Mack. t. 1, p. 181; v. aussi Brunot t. 9, p. 1193); 2. 1remoitié xiies. devision « partie d'un tout » (Psautier Oxford, 135, 13 ds T.-L.); 1690 en partic. « unité d'une armée » (Fur.); 3. 1436 « dissension » (Arch. Nord, B 1682, fol. 8 ds IGLF). Empr. au lat. class.divisio, -ionis « partage, répartition, distribution, division ». Fréq. abs. littér. : 4 505. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 102, b) 3 127; xxes. : a) 4 657, b) 10 329. DÉR. 1. Divisionnisme, subst. masc.,peint. Procédé qui consiste à juxtaposer des touches de ton pur sur la toile (cf. division I A 4) au lieu de les mélanger sur la palette. Matisse n'était encore qu'un bon peintre en 1894 (...) De 1896 à 1901 il oscille entre la vision des impressionnistes et l'abandon de l'expression réaliste. Il se livre en 1904 à quelques essais d'un divisionnisme assez peu orthodoxe (Arts et litt.,1936, p. 1808).P. anal., mus. Le debussysme eût encore comblé d'aise le maître des symbolistes par une autre raison : par sa volonté de bannir de l'art ce qu'ils appellent un continuisme d'école, par son « divisionnisme » systématique des harmonies et des timbres (Benda, Fr. byz.,1945, p. 284).− [divizjɔ
̃nism̥]. − 1reattest. 1936 (Arts et litt., supra); de division, suff. -isme*. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Divisionniste, adj. et subst.,peint. Adepte du divisionnisme. Visite sans aucun profit aux pointillistes ou divisionnistes italiens (Gide, Journal,1907, p. 253).La facture divisionniste des impressionnistes entra bientôt en faveur (Moreau-Vauthier, Peint.1933, p. 77).− [divizjɔnist]. − [1908 ds Rob. Suppl.] 1929 (Lar. 20e); de division, suff. -iste*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 36 (s.v. divisionnisme). − Quem. 2es. t. 1 1970. |