| DIVAGATION, subst. fém. A.− Emplois concr., rare. Fait d'errer çà et là, d'aller au hasard, sans direction précise. L'agréable dilatation de ses poumons sous la poussée de l'air frais et odorant suscita le souvenir (...) des temps de libre divagation dans les bois (Pergaud, De Goupil,1910, p. 28). − Spécialement 1. DR. Divagation des animaux, du bétail. Fait de les laisser errer sans surveillance dans les lieux publics ou sur les propriétés d'autrui. Divagation des animaux malfaisants : ... il y a sur la chasse des « arrêtés réglementaires permanents » (...) c'est ainsi qu'ils prennent souvent des dispositions contre la divagation des chiens, dans un but de repeuplement des oiseaux.
Baradat, L'Organ. d'une préfecture,1907, p. 317. 2. HYDROGRAPHIE. Déplacement partiel ou total du lit d'un cours d'eau. Les désastres produits par la divagation des rivières, résultant de l'instabilité de leurs rives (Degrand, Résal, Ponts en maçonn.,1887, p. 57). ♦ Divagations internes. Déplacements à l'intérieur des berges du lit trop large (d'apr. George 1970). Divagations externes. Déplacements temporaires du lit d'un cours d'eau hors de ses berges se produisant lorsque le lit n'est pas assez encaissé dans la plaine alluviale (d'apr. George 1970). B.− Au fig. 1. Fait de divaguer. Marguillier (...) me dit qu'il a été voir Van Bever, très malade depuis trois semaines, de très grandes crises de douleurs, avec une sorte de divagation (Léautaud, Journal littér.,5, 1922-24, p. 224). 2. P. méton., fréq. au plur. a) Suite d'idées ou de propos mal ou peu liés, s'effectuant sans plan préétabli, au gré du cheminement de la pensée. Écouter les divagations de qqn; divagation lyrique, philosophique. Scriabine (...) se répandait en divagations idéologiques sur l'art sublime de ses grands pontifes (Stravinsky, Chron. vie,1931, p. 156).Autrefois, provinciale et solitaire, ses emballements, ses divagations intellectuelles [d'Anaïs] restaient livresques et parallèles à son existence de petite bourgeoise (Aymé, Confort,1949, p. 122). SYNT. Se jeter dans des divagations; divagations habiles, merveilleuses; divagations érotiques, poétiques, politiques. − Spéc., péj. Propos dénués de bon sens; propos incohérents émis sous l'effet de la maladie et généralement dans un état inconscient. Divagations d'un fou, d'un malade; les divagations d'un aliéné (DG). Synon. délire. b) Pensées qui échappent aux contraintes du réel pour se développer dans n'importe quelle direction. Divagations du rêve, de l'imagination. Ai-je été visité par la vérité, ou bien par de pures hallucinations, les divagations d'un cerveau déminéralisé? (Van der Meersch, Invas.14, 1935, p. 473). Prononc. et Orth. : [divagasjɔ
̃]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1577 « action d'errer de divers côtés » (Ch. Blandecq, Manuel d'oraisons, 89 rods Hug.). Dér. du rad. de divaguer*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 184. |