| * Dans l'article "DISTRAIRE2,, verbe trans." DISTRAIRE2, verbe trans. A.− Gén. péj. [Le compl. désigne gén. une pers. ou l'un de ses attributs] Détourner de son objet, de son occupation actuelle en reportant l'attention sur un autre objet, sur une autre activité (sentie généralement comme plus agréable). Distraire l'attention, la pensée, le regard. Mon attention est faible, facile à distraire (Michelet, Journal,1846, p. 910): 1. Il y a quelque chose de convulsif dans les passions, aussi bien que dans les maladies de l'enfant. Les objets de ses besoins et de ses plaisirs sont simples, immédiats : il n'est point distrait de leur étude, par des pensées qui ne peuvent exister que plus tard dans son cerveau, par des passions qui lui sont encore absolument étrangères.
Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 226. B.− Non péj. 1. Divertir, récréer le corps ou l'esprit trop préoccupé, occuper agréablement le temps. Synon. amuser, désennuyer : 2. ... je n'ai pas su vous distraire. Je n'ai pas trouvé les amusements qu'il vous faut; je ne vous ai pas procuré le genre de plaisirs qui convient à une femme intelligente comme vous.
France, Le Lys rouge,1894, p. 347. − Absol. Pas d'autres livres que des dictionnaires. Rien ne doit distraire ou charmer. Rien ne doit sauver de l'ennui, que le travail (Gide, Feuillets,1889-1939, p. 49). − En partic. [Le suj. désigne gén. un enfant d'âge scol.] Détourner de l'étude, du travail par des facéties, des interventions bruyantes. Synon. dissiper.Je distrayais tout le monde en classe... Je claquais tout le temps mon pupitre... J'allais regarder à la fenêtre (Céline, Mort à crédit,1936, p. 287). 2. Emploi pronom. réfl. Se détendre, se délasser par une occupation agréable. N'imaginant rien pour se distraire, attendant on ne sait quoi dans la morne fuite des heures (Gide, Journal,1940, p. 33): 3. − Je m'en vais vous chercher un livre intéressant, dit Gérard; vous ne pouvez pas rester ainsi à travailler toute une journée. Il faut vous distraire.
Champfleury, Les Aventures de MlleMariette,1853, p. 196. Prononc. et Orth. Cf. distraire1. Étymol. et Hist. 1. 1377 « tirer en divers sens » (N. Oresme, Le Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 198 b); 2. xves. pronom. « se détourner, s'écarter de » (E. Deschamps, Lay du Roi, éd. Queux St Hilaire, t. 2, p. 317, 576); spéc. 1549 « se détourner de quelque chose de pénible » (A. du Moulin, trad. de J. d'Indagine, Complexions des hommes, p. 281 ds Hug.); 1558 « détourner quelqu'un de l'objet auquel il s'applique » (Du Bellay, Les Regrets, éd. Droz, XXV, p. 53); 1661 distrait « qui est détourné de l'application, absorbé par autre chose » (Corn., Sert., IV, 3, éd. A. Régnier, 1427); 1670 des yeux distraits (Racine, Bérénice, I, 4, éd. A. Régnier, 5277); 1728 emploi abs. « détourner l'esprit d'une préoccupation, de l'inquiétude; y faire diversion » (Marivaux, Sec. surprise de l'amour, théâtre complet, éd. M. Arland, I, 1, p. 554); 3. 1807 pronom. « passer son temps agréablement » (Staël, Corinne, t. 3, p. 163). Empr. avec attraction de traire* au lat. class.distrahere « tirer en divers sens; séparer »; au sens 1 à rapprocher de l'a. fr. detraire (dep. le xiies. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 1 435. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 102, b) 2 302; xxes. : a) 2 077, b) 1 825. DÉR. 1. Distracteur, subst. masc.,néol. Chose ou élément capable de détourner la pensée sur un autre objet (cf. Valéry, Tel quel II, 1943, p. 237). Spéc. psychol. [Dans les tests à choix multiples] ,,Ensemble des réponses erronées mais vraisemblables destinées à détourner le sujet testé des réponses exactes et permettant au testeur d'interpréter ses choix`` (Thinès-Lemp. 1975). − 1reattest. 1473 (Arnoul Greban, Le Mystère de la Passion, éd. G. Pavas et G. Raynaud, 10 675 [ms B, éd. O. Jodogne, 10639 : detracteur]); de distraire2, d'apr. le rad. du part. prés. lat. distractus, suff. -eur2*. 2. Distrayeur, euse, subst.Personne qui divertit par ses actes, son humour, son entrain. La sympathie de la grand'mère pour le distrayeur de sa petite fille (Bourget, Actes suivent,1926, p. 137).Spéc. [Avec une nuance péj.] Écrivain dont les ouvrages amusent plus qu'ils n'édifient (cf. amuseur ex. 5).Les amuseurs d'une génération, de tant de bourgeois pendant la pluie à la campagne, de tant de femmes pendant un ennui, ces imaginateurs qui nous ont fait vivre pendant des heures d'une vie hors de la nôtre, ces berceurs, ces distrayeurs, Méry, que j'ai lu là-bas, et Sue et Dumas, ne seront jamais estimés en France : ils seront toujours regardés comme des drôles plus ou moins gais (Goncourt, Journal,1856, p. 268).− 1reattest. 1856 id.; du rad. du part. prés. de distraire2, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. 3. Distractibilité, subst. fém.,psychol. Tendance à la distraction. Un type psychopathique d'instable adulte caractérisé par (...) de la distractibilité et de la fatigabilité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 433).Ce terme n'est attesté par aucun dict. En revanche les dict. spécialisés enregistrent la forme distractivité, dans le même sens (cf. Moor 1966, Lafon 1969, March. 1970).− 1reattest. 1946 id.; de distraire2, d'apr. le rad. du supin lat. distractum, suff. -ib(i)le* et -ité*. − Fréq. abs. littér. : 1. |