| DISPOSITION, subst. fém. I.− [Correspond à disposer I] A.− [Correspond à disposer I A] 1. [Correspond à disposer I A 1] Action de mettre en place, de disposer des personnes ou des choses, de préparer un lieu pour une certaine circonstance; p. méton., résultat de cette opération, fait d'être disposé. La ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, À vendre, 1885, p. 702).Un peu de désordre rompt la disposition de la troupe (Gide, Retour Tchad,1928, p. 909): 1. Chaque voltigeur recevra un numéro d'ordre, et les dispositions dans les rangs se feront d'après ces numéros.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 179. a) MODE, au plur. Dessins, motifs variés disposés sur une étoffe. Dans les soies de fantaisie, il y a des dispositions charmantes, des dessins choisis entre mille (Zola, Bonh. dames,1883, p. 464).Écharpe pure laine, dispositions nouvelles (Catal. de la Belle Jardinière, Automne, 1950, p. 3). b) RHÉT. Arrangement séquentiel, ordonnance des parties d'un discours : 2. ... des discours que la disposition de leurs parties, la méthode qui y règne, les ornements qu'on sait y répandre, rendent du moins supportables; ...
Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 86. SYNT. Disposition dans l'espace, des lieux, des organes; disposition concentrique, convenable, générale, particulière, spéciale. 2. Manière dont une personne est disposée. − Domaine phys., vieilli.État de santé d'une personne. Une plus mauvaise disposition de santé (Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 249).Une mauvaise disposition causée par un mauvais cigare (Delacroix, Journal,1854, p. 255). ♦ En partic. Tendance, prédisposition à une modification ou à une altération. Synon. propension, diathèse (méd.).Une disposition à la névrose qu'elle [Marthe] tenait de son père (Huysmans, Marthe,1876, p. 23).Cette disposition au rhume et un enrouement presque constant (Gide, Journal,1944, p. 259). 3. [Correspond à disposer I B] a) Domaine psychique et intellectuel.Penchant (bon ou mauvais) de l'esprit, du caractère d'une personne. Synon. goût, humeur.Il [Olivier] était en disposition de se taire (Fromentin, Dominique,1863, p. 222).Une certaine attitude d'âme, une certaine disposition intérieure (Marcel, Journal,1922, p. 274): 3. Je voudrais ressaisir la disposition qui était la mienne lorsque le samedi soir, 4 septembre, un peu avant minuit, j'arpentais le quai de la gare de Laroche (...). C'était une disposition de solitude étreinte si je puis dire.
Du Bos, Journal,1926, p. 97. − En partic., souvent au plur. ♦ Aptitude particulière (à quelque chose). Synon. inclination, prédisposition.J'avais des dispositions, de la facilité (Goncourt, Journal,1858, p. 546).Mouchette n'a « aucune disposition pour le chant » (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1266): 4. La noblesse véritable est, pour tous les êtres, la perfection qu'ils peuvent atteindre dans les bornes de leur nature : pour l'homme, en particulier, c'est cet ensemble d'heureuses dispositions, dont la main de Dieu déposa le germe en lui, et qui, cultivées par une volonté laborieuse, deviennent des ornemens, des talens, des vertus.
Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 181. 5. ... tout ce qu'il y a dans un être de réel et de virtuel à la fois, tout ce qui est en lui tendance héréditaire, disposition naturelle, don, tout ce qui fixe nativement la direction d'une énergie, ...
Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 15. ♦ Sentiment, état d'esprit à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose. Un homme ivre plein de tendres dispositions pour le garçon de café qui l'a servi (Proust, Guermantes 2,1921, p. 548): 6. Je voulais profiter de ces ardentes dispositions inespérées que montrait M. de Charlus, pour lui demander s'il ne pourrait pas me faire rencontrer sa belle-sœur, ...
Proust, Guermantes 1,1920, p. 292. b) PHILOS. SCOLAST., vieilli. Disposition prochaine. ,,État prochain où est une chose pour recevoir une nouvelle qualité, une nouvelle forme`` (Ac. 1798-1878). Anton. disposition éloignée. SYNT. Disposition d'âme, du cœur, d'esprit; disposition innée, maladive, morale, native, physique, religieuse; bonne, excellente, fâcheuse, mauvaise, meilleure disposition; dispositions bienveillantes; sonder les dispositions de. B.− [Correspond à disposer I C] 1. Usuel. Action ou fait de régler quelque chose ou d'en disposer; résultat de cette action, de ce fait. Quasi-synon. décision, mesure.Une mystérieuse disposition de la Providence (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 320): 7. Un des ambassadeurs résidant à Naples donna, il y a quelques années une fête assez ingénieuse (...) il fit costumer à l'antique un grand nombre de personnes; les invités se conformèrent à cette disposition, et, pendant un jour et une nuit, l'on essaya diverses représentations des usages de l'antique colonie romaine.
Nerval, Les Filles du feu,1854, p. 649. − Prendre des/ses dispositions. Adopter des mesures, faire des préparatifs en vue d'une fin précise. Ceux qui désirent se rendre aux sports d'hiver ont déjà pris leurs dispositions (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 9, col. 8). 2. Emplois partic. a) ART MILIT., vieilli. Mesure de combat., Synon. usuel dispositif.Il [Masséna] faisait assez mal les dispositions d'une attaque (Stendhal, Napoléon,t. 2, 1842, p. 249). − Faire ses dispositions. Prendre des mesures stratégiques, mettre en place un dispositif militaire. Il [le duc] fit toutes ses dispositions pour résister à l'attaque (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 100).Le maréchal fit ses dispositions militaires (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 593). b) DR. Action d'aliéner son bien (par vente, donation, usage quelconque); p. méton., texte fixant cette aliénation. Acte de disposition. Toute disposition au profit d'un incapable sera nulle (Code civil,1804, art. 911, p. 165).Mes dispositions testamentaires (Goncourt, Journal,1896, p. 960). c) LÉGISL. et ADMIN. Action de décréter, de stipuler; p. méton., texte ou point d'un texte législatif ou administratif fixant cette stipulation. Beaucoup de dispositions législatives et de préceptes religieux (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 386).La disposition qui supprimait le titre de l'abbaye des Champs (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 557). SYNT. Dispositions de l'article, du code, du décret, d'une loi, du règlement; dispositions administratives, applicables, arrêtées, constitutionnelles, essentielles, spéciales; ensemble de dispositions; approuver, changer, connaître, modifier des dispositions; conformément aux dispositions. II.− [Correspond à disposer II] Toujours au sing. Pouvoir, faculté de disposer de quelqu'un ou de quelque chose à son gré. Garder la libre disposition de votre temps (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 11): 8. Mélie l'accueillit [Zidore]. Elle le laissa entrer dans la cuisine, comme elle faisait aux bons clients, lui donna une poêle et la disposition du feu.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 188. − Locutions ♦ À ma (ta, sa, etc. ) disposition, à la disposition de. À l'usage, au service de. Mettre à la disposition de; à la disposition du public, des usagers, des voyageurs. Synon. à la discrétion de.J'ai ici à ma disposition une bonne bibliothèque (Courier, Lettres Fr. et It.,1807, p. 757).Une masse de manœuvre à la disposition du haut-commandement (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 31). ♦ En phrase nominale. À votre disposition. À la disposition de votre altesse (Claudel, Ours et lune,1919, 2, p. 597). ♦ Être, se mettre, se tenir à la disposition de qqn. Assurer quelqu'un de son aide, de son dévouement, de son désir de lui être agréable. Je suis à votre disposition pour le concours que je pourrais vous apporter (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 285). Prononc. et Orth. : [dispozisjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol et Hist. A. 1. Ca 1200 « manière de disposer » divine disposition « plan divin » (Moralités sur Job ds Dialogue Grégoire, éd. W. Fœrster, p. 324); d'où début xiiies. « arrangement » (Sapientia, ibid., p. 286 : Visible astoit la creature en la disposition del secle); 2. « manière d'être disposé » a) début xives. « état physique » (Mir. St Louis, XXXVIII, 24 ds IGLF); b) ca 1393 « état d'esprit, humeur » (Ménagier, I, 198 ds T.-L.); d'où av. 1679 « état d'esprit favorable à quelqu'un ou quelque chose » (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, J. Gourdault, R. Chantelauze, t. 1, p. 183 : Il me trouva dans les dispositions de m'attacher à ma profession); 1690 « goût, aptitude pour quelque chose » (Fur. : ce jeune homme a une grande disposition pour les armes). B. 1. Ca 1393 « faculté de disposer de quelque chose » (Ménagier, I, 229 ds T.-L.); 2. 1417-35 « clause d'un acte juridique » (Clément de Fauquembergue, Journal, t. 1, p. 87 ds IGLF : disposition de droit commun); 3. av. 1679 « mesures prises en vue d'une certaine fin » (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, J. Gourdault, R. Chantelauze, t. 6, p. 39). Empr. au lat. class.dispositio « arrangement, manière de disposer », qui prit en b. lat. le sens de « clause d'un acte juridique », dér. de disponere (disposer*). Fréq. abs. littér. : 5 981. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 727, b) 6 072; xxes. : a) 4 905, b) 8 372. |