| DISCIPLINER, verbe trans. A.− [Le compl. désigne une chose] 1. [Une réalité concr.] a) Maîtriser (en soumettant à une règle). Gilliatt songea à se servir de cette eau pour discipliner ce vent (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 273). b) Rendre plus régulier. Discipliner les favoris, la chevelure. Une phalange intacte, stylisant la coiffure moderne, absorbant, faisant oublier, disciplinant la redingote (Proust, Guermantes 1,1920, p. 190). − P. anal., emploi pronom. à sens passif. S'ordonner. Les nervures de pierre qui courent capricieusement sur les façades gothiques (...) vont se discipliner, s'effacer en bas-reliefs délicats (Hourticq, Hist. art.,Fr., 1914, p. 99). 2. [Une réalité psychol.] Soumettre à une règle (intellectuelle ou morale). Discipliner son imagination, ses passions. Il s'agit de civiliser perpétuellement notre propre barbarie, de la discipliner, de l'adoucir (Barrès, Cahiers,t. 8, 1909-11, p. 188).Un régiment est chargé d'une énorme quantité de substances explosives, vous disciplinerez ces impulsions par les marques extérieures de respect (Nizan, Conspir.,1938, p. 80): 1. ... on disciplinera ses caprices en les portant à se fixer sur les tendances ou sur les actes qui sont précisément les plus déficients chez le sujet donné...
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 431. B.− [Le compl. désigne une pers. ou un groupe] Rendre obéissant à une règle de conduite. Discipliner des soldats. Pyrrhus (...) entreprit de discipliner le peuple (Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 173).On entendait les commandements de Gustave qui cherchait à discipliner la foule (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 172): 2. ... il y avait trop de choses, trop de gens, qu'il fallait respecter, sans qu'il fût permis de discuter pourquoi; et Christophe n'avait pas la bosse du respect. Plus on tâchait de le discipliner et de faire de lui un brave petit bourgeois allemand, plus il éprouvait le besoin de s'affranchir.
Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 119. − Emploi pronom. réfl. Devenir obéissant (à une règle). Mâtho reprit le commandement de ses soldats. Il les faisait impitoyablement manœuvrer (...). L'armée, bientôt, se disciplina (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 60).C'est un devoir pour chacun que de se discipliner soi-même dans ses propos aussi bien que dans ses actes (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 452). Rem. On rencontre ds la docum. disciplineur, subst. masc., rare. Personne qui discipline. Différences de potentiel que nous utiliserons, nous, les déclineurs de la geste, les disciplineurs des mythes et des dieux innommés (Arnoux, Rhône, 1944, p. 483). Prononc. et Orth. : [disipline], (je me) discipline [disiplin]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1174-76 « châtier, mortifier corporellement » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3942 ds T.-L.); 2. fin xiies. « maîtriser, soumettre à une règle » (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, 113, 4). Dénominatif de discipline*; dés. -er; cf. lat. chrét. disciplinare « enseigner, former ». Fréq. abs. littér. : 105. |